Le faible effectif de magistrats peut "compromettre les performances" des juridictions en général au regard des besoins découlant de la nouvelle carte judiciaire du pays, souligne le ministère de la Justice dans sa Lettre de politique sectorielle présentée mercredi aux acteurs de Diourbel (centre).
blockquote>"La faiblesse des effectifs de magistrats a pour effet de compromettre les performances des juridictions en général, mais aussi de faire obstacle à la politique de spécialisation initiée par les autorités", rapporte notamment dont l’APS a reçu une copie.
Il y est ainsi rappelé la nécessité pour les magistrats "d’affiner leurs compétences" dans certaines matières techniques ou particulièrement sensibles, au regard de la multiplicité des contentieux que les juges sont dans leur majorité amenés à traiter.
"En octobre 2017, le Sénégal comptait 484 magistrats et 333 greffiers dont 24 administrateurs des greffes en activité. Ces effectifs sont particulièrement faibles par rapport aux besoins découlant de la nouvelle carte judiciaire", relève-t-on de même source.
Il faudrait un effectif de 1 355 magistrats pour faire fonctionner correctement l’ensemble des juridictions du Sénégal, lit-on dans le rapport qui s’appuie sur un décret de 2015 organisant le système judiciaire.
Selon la Lettre de politique judiciaire "le nombre de greffiers dans le système judiciaire n’est prévu par aucune disposition réglementaire, au regard de la norme généralement admise de deux greffiers pour un magistrat. "Il faudrait avoir 2 710 greffiers" pour couvrir les besoins, fait-on valoir de même source.
Ce déficit de personnels n’épargne pas aussi certaines professions judiciaires -comme les avocats – qui souffrent également d’une insuffisance chronique de membre imputable à une politique restrictive de recrutement de la part des instances professionnelles.
"Ce qui est aberrant au Sénégal c’est qu’on a plus de magistrat (484) que d’avocat (moins de 400) alors que ce nombre insuffisant a des incidences sur la qualité du débat judiciaire et des décisions de justice notamment dans certaines régions" analyse le rapport.
Le diagnostic de la Lettre de politique sectorielle fait ressortir "une faible volonté politique de prendre une option décisive et significative en faveur d’une réforme en profondeur du secteur par la mobilisation et l’allocation de moyens financiers conséquents".
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