Cet avocat aux méthodes contestées est le défenseur de Jérôme Cahuzac. En vingt ans, « le gros Dupond », comme l’appellent ses confrères, a façonné son personnage à coups de gueule et de culot.
C’est à cela que l’on reconnaît les stars : les trompettes de la renommée leur servent d’identité. Le patronyme d’Eric Dupond-Moretti n’est pas cité une seule fois par la procureure générale de la cour d’appel de Paris, ce 16 janvier 2018, mais la rumeur enfle dans la salle : c’est de lui, sans aucun doute, que parle Catherine Champrenault, quand elle explique que « parasiter l’audience de la cour d’assises par des incidents multiples est contraire à l’essence même du débat judiciaire ».
L’assemblée d’initiés réunie au Palais de justice pour l’audience solennelle de rentrée comprend aussitôt la référence implicite au procès de l’ancien secrétaire d’Etat Georges Tron, ajourné un mois auparavant après une série de couacs provoqués par Me Dupond-Moretti.
« Le magistrat ne doit pas tolérer que les débats de l’audience se transforment en spectacle », gronde la procureure. Cinq jours plus tôt, la Salle Pleyel a accueilli la cérémonie du « premier serment » de 1 600 élèves avocats du barreau parisien. Face à eux, à la tribune, la première présidente de la cour d’appel, Chantal Arens, entourée de collègues en robe, hermine et toutes décorations dehors.
Cette fois, pas même besoin de mots pour envoyer un message : la magistrate a assis à ses côtés Régis de Jorna, le président de la cour qui avait dû reporter le procès Tron.
« Placer Jorna à sa gauche, c’était une manière de signifier que la magistrature faisait corps contre Dupond », décrypte une des huiles de la cérémonie.
« Quand j’ai moi-même prêté serment en 1999, le rôle de l’avocat vedette était tenu par Jacques Vergès, sourit Me Bertrand Périer. Aujourd’hui, l’icône, c’est lui. »
Nicolas Sarkozy, François Fillon, Tariq Ramadan (qu’il a pourtant refusé de défendre)… Même s’il ne s’agit pas de ses dossiers, c’est « Dupond », et aucun autre, que les plateaux de télévision s’arrachent pour rappeler à l’opinion la présomption...