Une femme atteinte de troubles psychiatriques qui avait poignardé à mort l'institutrice de sa fille en juillet 2014 à Albi, a été déclarée irresponsable pénalement jeudi par la cour d'appel de Toulouse, dans une affaire qui avait provoqué un vif émoi en France.
La chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Toulouse, "a considéré que son discernement était totalement aboli", a indiqué à l'AFP Alexandre Martin, l'avocat de cette femme de 51 ans, précisant que la cour avait rejeté la demande des parties civiles de pratiquer une nouvelle expertise psychiatrique.
"Il n'y a jamais eu de doute sur son état mental", a encore ajouté Me Martin expliquant que "quatre collèges d'experts, soit huit experts, ont successivement diagnostiqué cette femme irresponsable", identifiant un "délire paranoïaque".
La chambre de l'instruction a ordonné la transmission du dossier au préfet en vue de l'hospitalisation d'office de la quinquagénaire en établissement psychiatrique.
Cette mère d'élève s'était auto-convaincue que l'enseignante voulait lui "prendre sa fille".
Devant une quinzaine d'élèves de grande section de maternelle de l'école Édouard-Herriot à Albi, cette mère d'élève de nationalité espagnole, qui venait d'être hospitalisée en clinique psychiatrique, avait porté un coup de couteau à l'enseignante de sa fille de six ans.
La jeune professeur des écoles Fabienne Terral-Calmès, 34 ans et mère de deux petites filles, avait succombé à ses blessures.
La mère d'élève avait été appréhendée dans la rue peu après les faits. Elle avait été placée en milieu psychiatrique, puis, plus tard, écrouée à la maison d'arrêt de Seysses, près de Toulouse.
"Enfin, cette décision va permettre à cette femme d'être où est sa place, à l'hôpital", a estimé l'avocat toulousain soulignant "(qu')un procès n'aurait eu aucun sens".
-'effroyables manquements'
Jeudi, la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Toulouse a également ordonné trois interdictions pour une durée de 20 ans: la mère de famille "ne pourra pas se rendre dans le Tarn, ni détenir d'arme ou entrer en contact avec la famille de la victime", a souligné Me Martin.
Du côté des parties civiles, on estime que l'action judiciaire ne doit pas s'éteindre avec l’irresponsabilité de l'auteur, a indiqué à l'AFP Me Emmanuel Gil.
"Cette décision n'est qu'une étape supplémentaire dans une série d’effroyables manquements", souligne l'avocat tarnais qui a déposé plainte contre X en juillet faisant le constat de "multiples dysfonctionnements".
"L'une des particularités de ce dossier, c'est que ce drame est intervenu alors que la dangerosité de l'auteur et l'absence de soin étaient connues de nombreux intervenants bien avant les faits", a-t-il affirmé.
Pour le frère de la victime, Laurent Terral, un "second combat commence", a-t-il déclaré au Journal d'Ici à Albi.
M. Terral ne comprend pas que cette femme dont les "troubles étaient connus et (qui) était soignée depuis 2013" soit restée en liberté: "C'est cette liberté qui est responsable indirectement de l'assassinat de ma sœur... On ne lâchera jamais".
Cette institutrice est la seule enseignante tuée par un parent en plus de 30 ans, quatre autres ayant été tués par des élèves de mai 1983 à août 1996. En 2014, ce meurtre avait causé un vif émoi en France.
Le président François Hollande avait alors exprimé sa "consternation" évoquant un "drame abominable". Quelque 4.000 personnes avait participé à une Marche blanche en hommage à celle que ses élèves appelaient "super maîtresse".
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