Les rapts d’enfants angoissent les sénégalais

Au Sénégal, la psychose des enlèvements d’enfants règne presque partout. Les parents sont dans une grande angoisse, depuis qu’à la même date du 24 février dernier, l’on a découvert le corps d’une fillette dans un tas d’ordures à Mbao (banlieue dakaroise) et le corps sans tête d’un garçon à Touba (centre).

Envoyée par sa mère pour acheter du café et du lait, la fillette, âgée de 8 ans, n’est plus revenue à la maison. Les recherches permettront de découvrir plus tard son corps emballé dans un sac en plastique. Les analyses révèleront qu’elle a été violée…
Agé de 7 ans, le garçon de Touba a, lui, été égorgé pas loin de son domicile. Trois jours après ce drame, un homme a été arrêté à Touba pour avoir séquestré 6 enfants. Suffisant pour que la psychose s’installe.
« J’ai peur depuis que j’ai eu vent de cela », confie Mme Sall, habitante de Grand-Yoff (quartier dakarois) et mère d’une fillette de 3 ans.
Inscrite au préscolaire, la fillette n’est plus retournée à ses cours d’apprentissage du coran, suite à une décision de la jeune maman. Cette dernière en a informé ses encadreurs de la maternelle, ajoutant qu’à la reprise des cours par la fillette il ne faudra sous aucun prétexte la laisser rentrer avec des personnes autres que celles elle leur a présentées.
Habitant aux HLM, Chérif Younouss Aidara reconnait avoir entendu « des femmes à la mosquée se plaindre de la disparition de leurs enfants ».
Hormis les deux cas suscités, aucune autre découverte macabre n’est venue alimenter la chronique des disparitions mystérieuses d’adolescents, fréquemment relayées dans les médias. La dernière en date est celle d’une lycéenne de la commune de Dahra Joloff (nord-ouest).
Disparue jeudi matin, elle a été retrouvée vendredi dans un village distant de 6 km du lieu où elle s’était rendue pour une visite à des proches.
Beaucoup pensent que ces rapts d’enfants sont liés à des pratiques mystiques auxquelles se livrent des personnes avides de pouvoir et d’argent.
Interrogé par le quotidien EnQuête, le psychologue Serigne Mor Mbaye se « demande en quoi la population peut être scandalisée » du moment que « 40 mille enfants sont dans la rue » au Sénégal.
« Un citoyen d’un pays civilisé qui vient dans notre pays, ce qu’il observe d’abord, ce sont ces enfants de 4 à 5 ans. Ces milliers d’enfants sont exposés. Et pour n’importe quel prédateur qui agit dans ce pays, que ça soit un pédophile ou un voyou ou encore quelqu’un qui veut faire des pratiques magico-fétichistes, les enfants sont exposés. Il y a un marché d’enfants », déplore la mort dans l’âme ce militant de la protection des enfants.
Du côté du pouvoir, le ministre de la Justice, Ismaila Madior Fall, a promis des sanctions sévères contre les auteurs d’enlèvements des enfants.
"Les textes sont là, très répressifs, face à ce phénomène. Notre justice est également très ferme sur ces questions. Car, à chaque fois qu'on a été confronté à des rapts d'enfants, à des cas de maltraitance d'enfants, la justice a été sévère et ferme. Donc sur cette question, il n'y a pas d'ambigüité. L'option de l'Etat du Sénégal est de protéger ses enfants", a dit le garde des Sceaux.
Toutefois, ces enlèvements ne sont pas exclusifs qu’au Sénégal. Pas plus tard que mardi, le correspondant d’APA à Abidjan (Côte d’Ivoire) a rapporté qu’un enfant de 4 ans a été retrouvé, le week-end dernier, tué, ligoté, vidé de son sang et enterré par son présumé assassin qui aurait expliqué son forfait par le « crime rituel ».
Avec la conjoncture difficile, beaucoup de parents n’ont plus de temps pour veiller sur la sécurité de leurs enfants, occupés qu’ils sont à chercher de quoi les nourrir.
Mme Sall, commerçante de son état, pense que l’on doit tout de même consacrer un peu plus de temps à sa progéniture quel que soit le travail exercé. Même si elle estime que « l’Etat doit renforcer la sécurité. Car on ne peut pas veiller sur les enfants 24h sur 24 ».

Auteur: Apanews - Kafunel.com

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