La plate-forme incohérente et impossible "Bédié-Gbagbo-Soro" semble être, pour les Ivoiriens, un épouvantail. L’échec patent de la contre manifestation organisée à son domicile privée à Daoukro par Henri Konan Bédié, le même jour, pour tenter de contrer par le nombre, la démonstration de force du RHDP parti unifié au stade Félix houphouët-Boigny, le samedi 26 janvier 2019, à Abidjan, est un signe de défiance populaire sans équivoque, des Ivoiriens.
Après les échecs électoraux essuyés par les forces de l’axe "Bédié-Gbagbo-Soro" qui mobilisèrent, durant les municipales d’Octobre 2018, les thématiques identitaires et populistes, d’invasion étrangère et de salut apporté par un leader messianique, l’échec de la contre-manifestation de Daoukro confirme le rejet du discours identitaire et des logiques partitocratiques par la majorité des Ivoiriens.
En contradiction avec l'identité politique historique de notre pays, les acteurs politiques ivoiriens et les intelligentsias organiques qui ont entrepris depuis les années 1990 d'opposer la tradition à la modernité, l'ethnicité à la rationalité économique en prenant prétexte du décalage entre les institutions de régulation nationale et la globalisation économique, sont en marge de l'histoire et rament vainement à contre-courant de son mouvement. Ces acteurs politiques et ces intelligentsias organiques sont en porte à faux avec l'attente du peuple ivoirien qui ne se satisfait plus de slogans creux et vides, d'éructations ethno-nationalistes et populistes.
Réduite au nationalisme identitaire autochtoniste et aux déclamations populistes leur offre politique est surannée et remplie par une promesse de terreur et de régression qui fait fuir les électeurs. Elle est en contradiction avec les demandes et les besoins sociaux des populations. Eclairés par l'expérience traumatisante des années 2000 à 2010, les Ivoiriens perçoivent, de manière atavique, ce discours comme un danger existentiel.
La réussite de la démonstration massive de force du RHDP et l'échec patent de la contre manifestation organisée à Daoukro par Henri Konan Bédié et son PDCI est un signe de défiance absolue de la majorité des Ivoiriens à l'encontre des regroupements partitocratiques qui servent les intérêts particuliers et les ambitions personnelles des oligarques d'appareils.
La plate-forme incohérente du groupe BGS est pour les Ivoiriens un épouvantail. Ils y voient à juste raison, un regroupement qui portent dans ses flancs un danger de désintégration nationale.
Le discours identitaire et populiste, continue épisodiquement de séduire certaines masses populaires en Europe occidentale dans les Etats nationalement intégrés. Il est par contre, électoralement contre-performatif dans les Etats africains qui tels le Rwanda ou la Côte d’Ivoire sont activement engagés dans un processus de reconstruction nationale après avoir fait l’expérience amère de la désintégration nationale.
Les ethno-nationalistes et les populistes ivoiriens sont donc condamnés à une alternative existentielle : changer de discours politique, se mettre à jour des exigences de la démocratie pluraliste ou disparaître politiquement, végéter pendant 50 et plus dans les marges d’une opposition stérile, dénuée de projet inclusif capable de séduire une majorité d’Ivoiriens. Sauront-ils se livrer à un aggiornamento pour faire leur mue politique ? J’en doute.