Liévin : plusieurs prêtres traditionalistes placés en garde à vue


Selon M6, plusieurs membres de la communauté catholique de Riaumont se trouvent en garde à vue. L'institution est soupçonnée de maltraitances sur des enfants.


  Liévin : plusieurs prêtres traditionalistes placés en garde à vue 

Des prêtres du village d’enfants de Riaumont, à Liévin (Pas-de-Calais), une communauté catholique traditionaliste dévouée au scoutisme, sont en garde à vue depuis mardi, a révélé la chaîne de télévision M6. Ils sont soupçonnés de maltraitances sur des enfants dont ils avaient la garde, entre 2000 et 2014.

C’est l’aboutissement d’une longue enquête, menée depuis bientôt deux ans par le service régional de police judiciaire (SRPJ) de Lille et l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP).

Elle a commencé en mai 2017 par la mise en examen du prieur de l’époque, Alain Hocquemiller, pour détention d’images pédopornographiques.

Les enquêteurs ont alors enclenché une longue série d’auditions des anciens élèves de Riaumont. Julien (1), l’un d’entre eux, scolarisé dans les années 2000, entendu par les policiers, témoignait à Libération en juin dernier de coups donnés sur les jambes, et de «baffes».

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Le père Christophe, qui a remplacé le père Hocquemiller à la tête de l’institution, démentait alors du bout des lèvres : «Il y a pu avoir des choses, mais il n’y avait pas d’institutionnalisation» des violences présumées.

Le parquet de Béthune, chargé du dossier, se refuse à tout commentaire, et ne confirme pas le nombre de personnes placées en garde à vue, estimé entre quatre et six, selon les sources.

Même chose du côté de l’avocat de la communauté, Me Eric Morain : «Le temps de la garde à vue n’est pas le temps des réactions», précise-t-il.

  «Dans le rang» 


La communauté religieuse de Riaumont gère un établissement hors contrat, un centre de formation aux CAP d’aménagement paysager, de menuiserie et de maçonnerie.

Les frères ne dépendent pas du diocèse d’Arras, mais directement de la commission pontificale de l’Ecclesia Dei, à Rome, qui rassemble les proches de Mgr Lefebvre.

Les enfants sont internes, et ne rejoignent leur famille que toutes les deux semaines. Les téléphones portables sont interdits, la télévision aussi, les jeans de même.

Riaumont a même un uniforme d’inspiration scoute, short et chemise. L’établissement vit des dons et des pensions perçues, 300 euros par mois, pour chacun de la vingtaine d’adolescents présents.

Charline Delporte, présidente du Centre national d’accompagnement familial face à l’emprise sectaire (Caffes), se félicite de cette nouvelle : «La justice passe, mais quel temps on a mis ! On aurait pu éviter bien des souffrances. C’est cela qui est inacceptable pour une association comme la mienne.»

Depuis 2001, le dossier de la communauté de Riaumont est sur sa table, depuis que la grand-mère d'un élève, Romain, l’a alertée sur le sujet : «Il ne rentrait pas dans le rang, alors on le laissait torse nu, dehors», affirme-t-elle.

La justice est saisie par une lettre au procureur en avril 2001, mais le garçon de 14 ans sera retrouvé pendu dans le gymnase de Riaumont en juin de la même année.

L’enquête conclura à un suicide. Charline Delporte s’indigne : «On avait l’impression d’un couvercle mis sur l’affaire. C’est souvent comme cela, on ne veut pas y aller, parce que ce sont des religieux. Mais personne n’est au-dessus des lois de la République.»

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