Présidentielle 2019 est à jour J -26, ce mardi 29 janvier 2019. La rédaction de KafNewsPro vous livre tout sur la course aux alliances. À moins de 30 jours de la présidentielle sénégalaise du 24 février 2019, les cinq candidats retenus comptent leur soutien. Tout le monde vise les recalés. Même le Président sortant. Mais Karim Wade et Khalifa Sall forment l'attraction.
La majorité tisse sa toile
Dimanche 6 janvier 2019, sur le
plateau d'une radio de la place, Me Aïssata Tall Sall, candidate recalée
de la coalition "Osez l'avenir", interpelée sur son éventuel soutien à
un candidat, dit n'exclure personne "pour le moment". Ceci,
signale-t-elle, malgré les pressions "de milieux maraboutiques" subies
"depuis très longtemps".
Depuis,
la Lionne de Podor ne voulait plus plancher sur ce sujet. Mais le
suspense n'aura duré que trois semaines. En effet, ce lundi 28 janvier,
l'ancienne responsable socialiste, après plusieurs jours de "réflexion"
(et de négociations ?), a finalement migré vers la mouvance
présidentielle.
C'est le dernier
épisode d'une course aux alliances qui s'annonce rude et indécise. En
piste : les cinq candidats retenus par le Conseil constitutionnel, Macky
Sall, Ousmane Sonko, Madické Niang, Idrissa Seck et Issa Sall. Cibles
principales : les 19 recalés de la course.
Le Président sortant
tisse sa toile. Loin des regards indiscrets. Deux figures importantes
de Taxawu Senegaal, la coalition qui portait la candidature de Khalifa
Sall, ont été annoncées à ses côtés. L'une, Soham Wardini, actuelle
maire de Dakar, dément tandis que l'autre, Bamba Fall, édile de la
Médina, entretient le mystère.
Avant d'attirer Aïssata Tall
Sall dans son camp, Macky Sall a enregistré le ralliement d'un pan de
la coalition Hadjibou 2019. En effet, juste après la disqualification
d'Hadjibou Soumaré, Khouraïchi Thiam, Pape Alioune Diallo et Ousseynou
Sow, entre autre cadres de son mouvement, ont officialisé leur soutien
au candidat de Benno au sortir d'une audience au Palais. Ameth Fall
"Braya", coordonnateur départemental du Pds de Saint-Louis, les a
imités.
Auparavant, le camp
présidentiel s'était déjà renforcé avec l'arrivée de grosses pointures
de l'opposition comme Abdoulaye Baldé (Ucs et maire de Ziguinchor),
Modou Diagne Fada (Ldr/Yessal) et Cheikh Tidiane Gadio (Mpcl-Luy Jot Jotna), ancien ministre des Affaires étrangères, qui vient juste de se dépêtrer de ses ennuis judiciaires.
Une opposition, deux pôles
En dehors d'Aïssata Tall Sall, aucune
figure de premier plan parmi les recalés, n'a manifesté son soutien à
Macky Sall. Les candidats à la candidature malheureux (sauf donc la
maire de Podor) semblent décidés à prendre leurs distances avec le
Président sortant. Ils se sont retrouvés au sein du collectif C25 dont
le coordonnateur est Malick Gakou du Grand parti. Ils se réunissent
régulièrement et mènent des actions communes. Mais les tractations, pour
voir quels candidats soutenir, se déroulent en coulisses. Et
généralement entre d'une part les candidats et d'autre part, les partis
ou coalitions de partis pris individuellement.
Au sein de l'opposition,
deux courants se dessinent. D'un côté, les poids lourds : Karim Wade,
Khalifa Sall, Pape Diop et Malick Gakou. Ils attirent l'attention
d'Idrissa Seck de Rewmi, qui a commencé son opération de charme auprès d'eux. Ce, après avoir enregistré le soutien de son ancien lieutenant Thierno Bocoum et de Me El Hadj Diouf.
Idy devra surveiller
Madické Niang, qui a réussi à rallier à sa cause certains de ses
anciens frères libéraux qui, ne comprenant pas le mutisme de Karim Wade,
ont tout bonnement décidé de rouler aux côtés de leur "ami". Reste maintenant à savoir lequel des candidats le pape du Sopi va choisir.
À côté des poids
lourds, il y a les anti-système, pour l'essentiel des technocrates,
novices en politique. Leur discours se rapproche plus de celui d'Ousmane
Sonko. Ils s'agitent en coulisses pour former une alliance autour du
président de Pastef. Il s'agit principalement de Pierre Goudiaby Atépa,
qui a déjà officialisé son soutien à Ousmane Sonko en lui "offrant" son
siège, Boubacar Camara, Hadjibou Soumaré, Thierno Alassane Sall.
Expert en communication
politique, Dr Momar Thiam croit savoir qu'on se dirige du côté de
l'opposition vers des alliances contre-nature. Ce, souligne-t-il, pour
un même objectif : battre le candidat sortant. Un exercice auquel, selon
lui, le Pds, se pliera. Malgré les menaces de boycott brandie par
certains responsables libéraux.
"Le Pds va forcément
s'allier avec un candidat et ça m'étonnerait qu'il décide de boycotter
la présidentielle, ce qui serait suicidaire. Le Ps, pour ce qui est de
la frange pro-Khalifa Sall, va également forcément chercher une alliance
stratégique et politique avec un candidat qui serait mieux à même de
porter le message de Khalifa Sall", pronostique Thiam.
L'attraction Wade
L'expert en communication s'est
empressé de signaler que le camp présidentiel ne devrait pas être exclu
du jeu des alliances du côté de l'opposition. À son avis, Macky Sall
pourrait bénéficier du soutien de deux ou trois membres du C25. Ce qui,
indique l'expert, affaiblirait davantage l'opposition qu'il ne
renforcerait le Président sortant.
Mais l'enjeu principal
de la course aux alliances c'est la position du Pds, deuxième parti à
l'Assemblée nationale, rompu aux joutes électorales. "Il est certain que
le candidat qui s'alliera avec le Pds, ou portera ses couleurs parmi
les cinq aura, à mon sens, de bonnes chances d'être parmi les deux, sinon les trois premiers", avance Dr Momar Thiam.