Louise Mushikiwabo : une Rwandaise élue présidente de la Francophonie le 12 ;octobre 2018
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La ministre des Affaires étrangères du Rwanda Louise Mushikiwabo, 57 ans, a été élue vendredi présidente de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dans le cadre du Sommet de la Francophonie d’Erevan, en Arménie, malgré l'image controversée de son pays en termes de défense des droits de l'Homme.
Mais les dirigeants rwandais ont vite compris qu'ils marchaient sur une jambe seulement en se tournant vers l'Afrique de l'Est anglophone et en délaissant l'Afrique centrale francophone. Ils ont cherché à rétablir l'équilibre. "On est revenu vers notre héritage de l'Afrique centrale francophone quand j'étais aux affaires", confiait Mme Mushikiwabo à l'AFP en juillet à Kigali.
Atténuer le différend sur le génocide
Le Rwanda voit un avantage évident à appartenir aux espaces francophones et anglophones. Il a pour cela pris le parti d'atténuer ses critiques à l'égard de la France pour son rôle dans le génocide. "Cela représente un nouveau chapitre pour les relations entre le Rwanda et la France", estime Buchanan Ismael, un professeur en Sciences politiques à l'Université du Rwanda.Pour Elissa Jobson, de l'International Crisis Group (ICG), "chercher le leadership de la Francophonie s'inscrit clairement dans le cadre de l'objectif rwandais de jouer un rôle continental et mondial plus important".
M. Kagame est depuis longtemps une voix qui porte en Afrique. Crédité du spectaculaire développement économique du Rwanda, sorti exsangue du génocide, il fait figure d'exemple auprès de certains leaders africains que son autoritarisme ne rebute pas. L'Union africaine (UA) lui a confié le projet de réforme institutionnelle de l'organisation censé lui permettre de devenir financièrement autonome.
La question des droits de l’Homme
Pour s'imposer sur la scène internationale, le Rwanda est parvenu à faire oublier son bilan critiqué en matière de défense des droits de l'Homme. Le régime est accusé de bafouer la liberté d'expression et de réprimer son opposition.En juillet, le sous-comité des Nations unies pour la prévention de la torture a mis fin à sa mission au Rwanda, dénonçant le manque de coopération des autorités. Deux rapports de Human Rights Watch l'an dernier avaient aussi montré que l'armée recourait aux exécutions sommaires, aux détentions illégales et à la torture.
La libération ces derniers jours de Victoire Ingabire et la remise en liberté conditionnelle d'une autre opposante, Diane Rwigara, pourraient avoir eu pour objet d'influencer le vote de certains pays lors du Sommet francophone en Arménie.
Mais la promotion des droits de l'Homme est l'une des tâches majeures de la secrétaire générale de l'OIF et Mme Mushikiwabo risque désormais d'être très attendue sur le sujet.