Présent en sélection depuis 2012, Sofiane Feghouli sera en finale de la CAN 2019 avec l’Algérie face au Sénégal ce vendredi 19 juillet. L’ancien joueur de Valence a connu la joie d’un huitième de finale au Brésil lors du Mondial 2014. Mais aussi la tristesse d’être écarté lors de la CAN 2017. En Égypte, il fait partie des titulaires indiscutables.
La scène révèle la personnalité de Sofiane Feghouli. Juste après la qualification de l’Algérieface au Nigeria pour la finale de la CAN 2019, le joueur s’arrête face à un groupe de journalistes en zone mixte.
Dès la première question, les confrères s’intéressent déjà à autre un Fennec qui est dans leur champ de vision.
Feghouli coupe court à l’interview, ne cache pas son agacement, et quitte le lieu. Il est comme ça, Sofiane Feghouli : entier et franc.
En 2009, alors qu’il soigne une blessure assez grave, Rabah Saâdane lui demande de faire partie de la sélection pour jouer les qualifications du Mondial 2010 en Afrique du Sud.
Sofiane Feghouli, qui évoluait à l’époque à Grenoble, refuse. Il n’a pas l’intention de prendre la place de quelqu’un d’autre sans être certain d’apporter son efficacité.
Mais il assure qu’il portera le maillot des Fennecs lorsqu’il aura retrouvé son meilleur niveau. Déjà à l’époque, le garçon ne trichait pas.
Première sélection, premier but
Finalement, Vahid Halilhodžić, sélectionneur des Fennecs de 2011 à 2014, lui met le pied à l’étrier et en fait son « gars sûr ». Feghouli arrive en 2012, sans contrepartie, juste pour le drapeau.
Dès sa première sélection face à la Gambie à Banjul, pour la phase de qualification pour la CAN 2013 en Afrique du Sud, Sofiane Feghouli inscrit son premier but.
Lors de la phase finale, l’Algérie est éliminée au premier tour, mais il marque sur penalty face à la Côte d’Ivoire lors du troisième match, offrant le seul point à l’Algérie (2-2).
Avec les Verts, Sofiane Feghouli a connu joie et tristesse. Titulaire à chaque rencontre, il fait partie de l’épopée du Mondial 2014 au Brésil où les Fennecs jouent un huitième de finale historique face à l’Allemagne (défaite 2-1 a.p).
Avec son pansement sur le crâne et ses larmes à la fin du match, Sofiane Feghouli reste le symbôle de l’aventure brésilienne. Il était le seul Fennec à avoir joué toutes les rencontres des éliminatoires de ce Mondial.
Mais il est écarté par Georges Leekens lors de la CAN 2017 au Gabon. Rabah Madjer ne l’utilise pas non plus. Entretemps, il a été en conflit avec Milovan Rajevac. La traversée du désert avec les Fennecs dure plus d’une année.
À fond partout où il passe
Mais jamais l’ancien joueur de Valence en Espagne (244 rencontres, 42 buts et 38 passes décisives entre 2010 et 2016) ne tournera le dos à la sélection.
Convoqué avec les Fennecs pour le match sans enjeu face au Cameroun pour le compte de la 5e journée des éliminatoires du Mondial 2018, Sofiane Feghouli se dit « heureux de porter le maillot » et de « défendre les couleurs de l’Algérie ».
Il avance : « C’est aux joueurs de faire plus d’efforts. La machine va repartir même si c’est difficile pour tout le monde. Aujourd’hui, nous devons être responsables et répondre présents. Il faut se remettre en question et faire preuve d’humilité. C’est la chose la plus importe. »
« Sosso », 29 ans, donne toujours ce qu’il peut partout où il passe. Cette saison, il a permis au club de Galatassaray de remporter le titre (neuf buts entre décembre et mai, dont un triplé à Kasimpasa) et la Coupe de Turquie.
Pourtant, le club stambouliote souhaitait le vendre pour faire face à des difficultés financières. Mais impossible pour Feghouli d’imaginer être transféré dans un pays du Golfe ou en Chine. Le natif de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) a encore l’ambition de gagner des titres et de jouer la Coupe d’Europe.
« Ça me fait du bien de me ressourcer en sélection. Belmadi compte sur moi, j’essaie de lui rendre la pareille sur le terrain en prenant mes responsabilités. La sélection m’a tendu la main à un moment où j’étais moins bien. C’était important », disait-il en novembre dernier sur le site de France Football, alors qu’il était en difficulté sportive en Turquie.
« Il représente peut-être le mieux ce qu’on attend de l’Algérie »
En Égypte, Feghouli n’est jamais sorti du onze de Belmadi, sauf pour le troisième match de poules face à la Tanzanie (3-0). Le sélectionneur avait aligné une équipe B.
En quarts de finale face à la Côte d’Ivoire, l’ancien sociétaire de West Ham fut au niveau du défi imposé. Sa technique, sa vivacité, et son abnégation ont permis aux Fennecs de se hisser en demi-finale. Au passage il a marqué un but.
« Il est toujours à fond. Quand il joue, il joue. Djamel Belmadi lui donne des responsabilités et c’est un cadre. C’est un phénomène mentalement et il rebondit toujours. C’est un garçon très attachant, il s’est toujours battu pour ses clubs et la sélection », témoigne la journaliste Asma Halimi, rédactrice en chef du journal Compétition.
« C’est un joueur majeur, très important pour cette équipe. Il représente peut-être le mieux ce qu’on attend de l’Algérie, a estimé Djamel Belmadi sur beIN Sports. Il a toutes les valeurs que notre pays a. À savoir la combativité, le dépassement de soi, le goût de l’effort, la hargne. »
Vendredi soir au Stade International du Caire, Sofiane Feghouli devrait être encore indispensable. Cette fois, pour aller chercher le deuxième sacre des Verts après celui remporté à domicile en 1990. Quel challenge pour le gamin de la banlieue parisienne.
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