Social: Les 4 dossiers chauds d'Emmanuel Macron pour la rentrée
Réforme des retraites, grève des pompiers et des urgences, gilets jaunes et grogne aux impôts… Dès le début du mois de septembre, le gouvernement va devoir être en mesure d'apporter des réponses aux inquiétudes dans certains secteurs.
Emmanuel Macron le sait probablement mieux que quiconque : la rentrée sociale est un rendez-vous à ne pas manquer. La précédente avait été désastreuse pour le Président et son gouvernement.
Trop occupé à réformer diront les uns, pas assez à l’écoute des Français pour les autres, le chef de l’Etat a tardé à prendre au sérieux la grogne qui montait au sujet de l’augmentation de la fiscalité sur les carburants, à laquelle sont venues se greffer au fil des semaines d’autres revendications sur le chômage, la précarité et les inégalités croissantes entre les pauvres et les plus riches.
Trois mois plus tard, au 17 novembre 2018, les gilets jaunes défilaient pour la première fois dans les rues.
En avril dernier, une fois l’orage passé, Emmanuel Macron avait promis une «nouvelle méthode». Une volonté réitérée mercredi dernier : de la «proximité» et de l'«humilité» afin de réformer «davantage avec les Français».
En avril dernier, une fois l’orage passé, Emmanuel Macron avait promis une «nouvelle méthode». Une volonté réitérée mercredi dernier : de la «proximité» et de l'«humilité» afin de réformer «davantage avec les Français».
Un défi important car, cette année encore, le calendrier de la rentrée sociale peut s’avérer dangereux pour le gouvernement. Tour d’horizon.
Mobilisations pour les retraites
C’est l’un des gros dossiers à risque de la rentrée. Depuis un an, rares sont les déplacements d’Emmanuel Macron en France au cours desquels il n’est pas sollicité sur la réforme des retraites.
Il faut dire que les plus de 60 ans ont été parmi les premiers visés dès le début du quinquennat par une hausse de 1,7 point de la CSG – finalement annulée, en réponse au mouvement des gilets jaunes, pour les retraités dont les revenus ne dépassent pas 2 000 euros.
Mi-juillet, le haut-commissaire en charge de la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, a présenté ses recommandations en vue du «système universel» par points promis par Emmanuel Macron pour remplacer la quarantaine de régimes existants.
Mi-juillet, le haut-commissaire en charge de la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, a présenté ses recommandations en vue du «système universel» par points promis par Emmanuel Macron pour remplacer la quarantaine de régimes existants.
Le fruit de 18 mois de discussions avec patronat et syndicats, qui n’ont pas pour autant apaisé les tensions. Les partenaires sociaux se plaignent de n’être pas assez entendus et ont unanimement rejeté la réforme.
Conséquence : une première journée de manifestation est prévue le lundi 16 septembre par le Conseil national des barreaux, rallié par plusieurs syndicats professionnels dont Convergence infirmière, l’UNSA-PNC (personnel navigant commercial) et la Fédération des médecins de France (FMF).
Une autre est prévue par Force ouvrière le samedi 21 septembre à Paris… quand la CGT prévoit une journée de mobilisation nationale le mardi 24 septembre.
Alors que les partenaires sociaux seront reçus à Matignon les 5 et 6 septembre pour un nouveau round de discussions, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé le lancement cet automne d’une nouvelle «concertation citoyenne» sur le sujet.
Alors que les partenaires sociaux seront reçus à Matignon les 5 et 6 septembre pour un nouveau round de discussions, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé le lancement cet automne d’une nouvelle «concertation citoyenne» sur le sujet.
Présenté comme un «exercice de pédagogie», il aura d’abord pour but de tenter de contenir la colère naissante. Emmanuel Macron a indiqué lundi soir sa préférence pour un calcul des droits à la retraite lié à la durée de cotisation plutôt qu’à l’âge de départ.
Les pompiers et les hôpitaux sur leur lancée
Ils ont été actifs tout l’été et envisagent de le rester à la rentrée. Du côté des urgences, près de 200 services sont en grève depuis cinq mois pour réclamer de meilleures conditions de travail. Et ce malgré les 70 millions d’aides qu’a promis le gouvernement avant l’été. La CGT-Santé a déposé un préavis de grève pour le 11 septembre.
Même motif d’insatisfaction à peu de chose près chez les pompiers qui réclament notamment une revalorisation de la prime de feu intouchée depuis 1990 et l’augmentation des effectifs. L’appel à la grève de l’intersyndicale a été suivi dans plusieurs dizaines de départements. Une manifestation est prévue le 7 septembre.
Les gilets jaunes à la relance
Chez les leaders des gilets jaunes, on promet une rentrée musclée. Dans les groupes sur les réseaux sociaux, plusieurs appels à la manifestation circulent déjà pour le mois de septembre.
Eric Drouet, via le groupe «La France énervée», appelle à se rassembler à Paris le 7 septembre. De son côté, Maxime Nicolle vise, lui, plutôt le 21 septembre pour un «mouvement historique».
La date anniversaire du 17 novembre pourrait aussi, si l’on en croit certains groupes actifs sur les réseaux sociaux, être l’occasion pour les gilets jaunes de se mobiliser massivement de nouveau.
Déjà, au cœur de l’été, des permanences parlementaires LREM avaient été vandalisées par des manifestants à la suite du vote du Ceta le 23 juillet.
Tensions chez les agents des impôts
L’intersyndicale des agents des impôts a affirmé dans un communiqué diffusé le 19 août que les services étaient «au bord de la rupture».
En cause, l’augmentation de l’affluence aux guichets liée à la mise en place du prélèvement à la source (dont Libération vous parlait en janvier dernier), qu’ils peinent à gérer.
L’avenir est d’autant plus sombre que le gouvernement a d’ores et déjà annoncé la suppression d’environ 2 000 postes de fonctionnaires à Bercy en 2020.
Les syndicats ont dénoncé une «énième saignée», portant le total à 10 000 emplois supprimés sur l’ensemble du quinquennat, et appellent à la grève le 16 septembre.
Si les agents des impôts payent le prix fort, le chef de l’Etat est récemment revenu sur son objectif global de 50 000 fonctionnaires en moins au terme du quinquennat.
Gurvan Kristanadjaja
Gurvan Kristanadjaja
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