Qui est Louis XX, héritier de Franco et prétendant au trône de France?

Le duc d'Anjou, Louis Alphonse de Bourbon (à g.), portant le cercueil de Franco, lors de son exhumation au Valle de los Caidos.
En Espagne, il est connu sous le nom de « Luis Alfonso », le « prince » de la famille Franco. En France, Louis de Bourbon, prétendant au trône sous le nom de Louis XX, fait parler de lui après un tweet polémique posté au lendemain de l’exhumation de son arrière-grand-père, Franco. Portrait d’un héritier aux idées claires, mais aux sympathies troubles.





C’est par un tweet qu’il a surgi dans le débat. Parmi les porteurs du cercueil de Franco, lors de la cérémonie qui a vu l’exhumation du corps du dictateur espagnol de son mausolée du Valle de Los Caidos, Louis de Bourbon a estimé au lendemain de cette cérémonie : « J'ai ressenti hier une intense émotion en portant le cercueil de mon grand-père. L'acte est inqualifiable. La monarchie a été ré-instituée par le Général Franco. C’est cela que l’Histoire retiendra. »
En fait de grand-père, il s’agit de son arrière-grand-père, Franco, qui a dirigé d'une main de fer l'Espagne de 1939 à 1975, et l’affirmation aurait pu en rester là, si le prince n’était pas le Duc d’Anjou, prétendant au trône de France sous le nom de Louis XX, de nationalité franco-espagnole. Alors, bien sûr cette sortie n’a pas manqué de faire réagir sur Internet, de même que la place occupée par cet héritier. Mais qui est donc Louis XX ? Un roi sans royaume dans un pays en République depuis 1870 ? Un bon père de famille, au physique de sportif ? Un banquier qui passe sa vie entre l’Espagne et le Venezuela, le pays de sa femme ?
Légitimité contestée
Celui que la presse espagnole a identifié depuis longtemps comme « Luis Alfonso » le « prince » et puis le «  roi » de la famille Franco est né le 25 avril 1974, à Madrid. Louis-Alphonse de Bourbon est le fils d’Alphonse de Bourbon et de Carmen Martinez-Bordiu y Franco, la petite-fille de Franco. À propos de son ascendance, il racontait dans une interview accordée au magazine Paris Match, en 2010 : « Ma grand-mère maternelle, dont j’étais très proche, était sa fille unique. Le gouvernement espagnol actuel fait tout pour effacer son héritage. On abat des statues, on rebaptise des rues, et c’est regrettable. Franco a créé la classe moyenne en Espagne, il a créé des forêts, des lacs et des routes, il a empêché que le pays n’entre dans la guerre et que le communisme s’installe. Évidemment il y a eu la guerre civile, mais il ne l’a pas voulue. Il ne faut pas gommer l’Histoire. »
L’historien Benoît Pellistrandi, spécialiste de l’Espagne, rappelait au contraire sur RFI, qu’« au moment de la transition (démocratique), on a protégé la famille Franco et on n’a absolument pas interrogé l’origine de son patrimoine financier. Et cette famille n’a pas du tout marqué de geste de concorde à l’égard de la démocratie espagnole. Dans le processus d’exhumation, elle a fait tous les recours devant la justice, elle les a tous perdus. »
En France, si sa légitimité fait débat chez les experts ès royauté, Louis XX est devenu l’un des prétendants au trône de France après la mort dans un accident de voiture de son frère aîné, et celle de son père, Alphonse, quatre ans plus tard, dans un accident de ski. Il a 14 ans et son nom commence à circuler en France, quand l'animateur de télévision royaliste Thierry Ardisson consacre en 1988, un livre à la monarchie, Louis XX : contre-enquête sur la monarchie. C’est à sa majorité, après une scolarité au lycée français de Madrid et des études supérieures dans le business, que Louis de Bourbon commencera à se préoccuper de fonctions de toute façon honorifiques. Sa parole reste cependant cantonnée à la presse people, qui part à la rencontre de ce papa sportif de quatre enfants, dont les jumeaux, Louis et Alphonse, ont été baptisés au Vatican.
Anti-mariage pour tous
Ne loupant jamais une occasion de mettre en scène sa famille, Louis XX affiche une foi catholique aussi profonde que son attachement à sa grand-mère maternelle. Il prend part aux débats de société en France, d’autant plus ceux qui font polémique touchent à l’Église. En 2013, il devait prendre position contre la loi sur le Mariage pour tous. « La famille est formée par un père et une mère. Et toute autre chose, c’est une union de personnes, mais pourquoi l’appeler mariage ? Je ne suis pas contre, mais (il faut) l’appeler d’une autre façon », expliquait-il, dans une émission de la chaîne catholique KTO, quatre ans plus tard.
De même, avec le cas Vincent Lambert, où il a apporté avec la solennité d’un chef d’État son soutien à la famille Lambert, qui souhaitait conserver en vie ce patient en état végétatif. «  Il n’est pas imaginable dans une société civilisée que soit mis un terme à l’hydratation et l’alimentation, c’est-à-dire tout simplement à la vie d’un être humain qui, quoique fragile et actuellement diminué, n’est cependant aucunement en fin de vie. Ceci reviendrait en effet à froidement le condamner à mort », postait-il, sur sa page Facebook. Son soutien au mouvement des « gilets jaunes » a été relayé par la presse, bien au-delà de son impact réel.
Lui qui assiste aux commémorations royalistes en France affiche volontiers une vision de la monarchie moderne. « Je pense que le roi est un peu comme un arbitre dans un match de football ou de rugby. Il est au-dessus de la mêlée ou des deux équipes. Donc, je pense qu’il donne l’équilibre à toutes ces petites rivalités qu’il peut y avoir entre les différents candidats ou les différents partis », confiait-il aussi sur la chaîne KTO. Un équilibre qui aurait tendance à pencher en Espagne, du côté de l’héritage du franquisme, et en France, d’un royalisme commémoratif, qui célèbre la mort de Louis XVI.

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