RDC: l'électricité d'Inga III échappera-t-elle aux Congolais?


Les barrages hydro-électriques d'Inga sont deux barrages situés en République démocratique du Congo, sur le fleuve Congo dans la province du Bas-Congo, à proximité de la ville de Matadi.

Défaillances et corruption paralysent l'avenir du barrage d'Inga. Dans un rapport publié ce matin, Resource Matters et le Groupe d’études sur le Congo (GEC) pointent le manque de transparence et d’adéquation dans le projet Inga III, un projet qui depuis 2015 a été rattaché à la présidence de la République. Les deux organisations appellent le nouveau chef de l’État à se montrer vigilant dans les négociations à venir.

Inga III est sans doute l’un des projets qui suscitent le plus d’intérêt hors des frontières de la République démocratique Congo. La Chine, l’Espagne, l’Afrique du Sud, l’Égypte, la Russie ont manifesté leurs vues d’une manière ou d’une autre. Quatorze milliards de dollars à investir pour produire dix gigawatts à partir de chutes d’Inga au Kongo Central, soit quatre fois plus que ce que le Congo ne dégénère aujourd'hui. Quarante gigawatts à terme.
Resource Matters et le GEC ont consulté les documents relatifs au projet et pour l’heure, la population locale serait privée de cette électricité. Les deux organisations révèlent que dans l’un des derniers accords signés fin 2018, il n’est plus question que la RDC se réserve trois gigawatts de la production d’Inga pour sa consommation intérieure, ce dont il était toujours fait mention dans les accords antérieurs. « On ne voit pas dans les accords préliminaires de parties explicitement réservées pour le pays et encore moins pour la population congolaise. Cela serait quand même assez choquant qu'un si grand projet qui génèrerait autant d'électricité n'arrive pas à remédier au fait que pour l'instant, neuf Congolais sur dix vivent dans le noir, et donc n'arriverait pas à améliorer l'accès à l'électricité », relève Elisabeth Caesens, de Resource Matters.
Cet accord dit « de développement exclusif » a été signé juste avant les dernières élections entre l’ancienne présidence et deux consortiums, le groupement Chine d’Inga et le groupe ProInga, un consortium majoritairement espagnol et n’a jamais été rendu public. Or cinq gigawatts avaient déjà été promis à l’Afrique du Sud qui s’était engagée à investir. Une autre partie de la production pourrait aussi servir à alimenter les entreprises minières.
« Le grand projet hydro-électrique d'Inga III fait rêver énormément de monde : les Chinois, les Espagnols, les Sud-Africains... Mais il fait surtout rêver beaucoup de Congolais qui savent qu'il y a un immense potentiel là-bas qui pourrait aider à électrifier une bonne partie du pays. Pour l'instant, dans les négociations qui sont en cours et dans les accords préliminaires qui ont été déjà signés entre le Congo et les deux consortiums qui sont pressentis pour développer le projet, il n'y a pas vraiment de garantie que les Congolais vont bénéficier de l'électricité », poursuit Elisabeth Matters.
Tout reste encore à financer. Depuis son rattachement à la présidence, les bailleurs de fonds multilatéraux du projet s’étaient retirés et l’agence qui pilote le projet Inga III a toujours manqué de fonds pour mener les études et les appels d’offre nécessaires à la bonne réalisation du projet. Les deux organisations appellent le nouveau chef de l'État à être vigilant dans les négociations à venir.
Le président Félix Tshisekedi a donné parmi les priorités de son mandat l’amélioration des conditions d’accès à l’électricité des Congolais.

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