Les îles Féroé. Le territoire danois, qui envisage de faire appel à Huawei pour installer son futur réseau 5G, fait face à de fortes pressions américaines et chinoises.
Les îles Féroé, un archipel coincé entre l’Islande et la Norvège qui compte davantage de moutons que d’habitant·es, restent généralement à l’écart des radars médiatiques.
Sauf à l’occasion de leur traditionnel grindadráp (chasse aux cétacés), dénoncée par de nombreuses associations de défense de l’environnement.
Mais elles sont devenues un champ de bataille inattendu de «la nouvelle guerre froide» que se livrent les Etats-Unis et la Chine.
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Depuis plus d’un an, Washington alerte les pays européens sur la présence éventuelle de Huawei dans les futurs infrastructures 5G.
Selon les Américains, cela reviendrait à «faire entrer le loup dans la bergerie», en permettant à la Chine de pratiquer l’espionnage ou le sabotage.
Des inquiétudes corroborées par des chercheuses comme Valérie Niquet de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), poursuivie en diffamation par Huawei.
Les îles Féroé, Entre le marteau et l’enclume
Les îles Féroé vivent très majoritairement de leur production de poisson –principalement du saumon– dont la Chine achète 7%.
Un conseiller des autorités féroïennes, Herálvur Joensen, a récemment déclaré en privé que la Chine avait proposé un accord de libre-échange entre l’archipel et Pékin.
Mais uniquement à condition que Huawei soit maintenu dans la future infrastructure 5G. Des propos enregistrés et rendus publics par le quotidien Berlingske.
De son côté, l’ambassadrice américaine au Danemark, Carla Sands, a appelé les Féroé à exclure Huawei du futur réseau 5G, affirmant dans les médias danois que travailler avec l’entreprise reviendrait à «vivre selon les règles des communistes chinois».
Dans une autre interview, elle a accusé la Chine d’utiliser Huawei pour «exporter son espionnage et sa corruption».
La proximité de l’Arctique fait de l’archipel une région stratégique pour Washington.
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Des habitant·es des Féroé interviewé·es par le New York Times ont peu goûté cette ingérence américaine dans leurs affaires, rappelant que Huawei avait aidé à bâtir les infrastructures du réseau 4G existant de l’archipel.
Un expert des régions arctiques, Martin Breum, a ajouté que le commerce avec la Chine était tout simplement une nécessité pour les Féroé. Et le plus souvent, nécessité fait loi.