Les rapports et les discours alarmistes sur l’état de notre environnement ont beau se succéder avec la même régularité que les défaites des clubs français en Ligue Europa, les mesures fortes en faveur de la préservation de la planète se font encore attendre.
Pire, les mauvaises nouvelles continuent de s’accumuler dans le ciel déjà fort nuageux de l’urgence climatique. Petit florilège des informations qui ont brisé le moral des militants écologistes en 2019. Garanti 100% gaz à effet de serre.
1 / 16 – « Une décennie perdue » selon l’ONU
La décennie 2010 est sur le point de s’achever, et l’ONU a sorti son stylo rouge. Verdict : un joli bonnet d’âne pour l’humanité, incapable de se montrer à la hauteur de l’urgence climatique.
« Les Etats ont collectivement échoué » à infléchir la croissance des émissions de gaz à effet de serre, pointe le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).
En conséquence, les pays devront réduire de 7,6% leurs rejets carbonés chaque année entre 2020 et 2030 s’ils veulent respecter l’objectif de l’accord de Paris de maintenir le réchauffement climatique à + 1,5 °C.
Un effort deux fois plus important à fournir que s’ils s’étaient attelés à la tâche dès 2010. La procrastination est un vilain défaut…
2 / 16 – Les États-Unis à rebours de l’histoire…
Sous l’impulsion de leur sémillant (et climatosceptique) président, les États-Unis sont officiellement sortis de l’accord de Paris, le 5 novembre dernier.
Donald Trump tient en cela l’une de ses promesses de campagne, résumée en juin 2017 dans une formule sans équivoque : « j’ai été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris. »
Une mauvaise nouvelle pour la planète, surtout lorsque l’on sait que le pays de l’oncle Sam est responsable à lui seul de 14,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Des émissions qui ont d’ailleurs augmenté en 2018 de 3,4%, après trois années de déclin. Autant dire que l’élection présidentielle américaine de novembre 2020 sera très suivie par les défenseurs de la cause environnementale.
3 / 16 – … Et le Brésil aussi le climat
Le président brésilien, Jair Bolsonaro, est un homme de contradictions. Ainsi, tout en jurant de respecter l’accord de Paris, le « Trump tropical » encourage-t-il dans le même temps la déforestation dans son pays, promettant notamment d’ouvrir les réserves protégées à l’orpaillage, et de transformer la jungle en terre agricole.
Résultat : en juillet, la déforestation avait progressé de 278% par rapport au même mois en 2018, selon les données du système de détection de déboisement en temps réel (Deter) de l’Institut national de recherche spatiale (INPE).
Au total, pas moins de 10 000 km2 de la forêt primaire brésilienne ont été déboisés en un an – un record depuis 11 ans. L’équivalent des trois quarts de la Corse.
4 / 16 – La déforestation progresse
L’Amazonie n’est pas la seule forêt à avoir souffert ces derniers temps. Selon un rapport de Global Forest Watch paru en août dernier, le monde a en effet perdu 12 millions d’hectares de forêts tropicales en 2018, dont 3,64 millions de forêts primaires (l’équivalent de la Belgique). Silence, ça coupe…
5 / 16 – Vers une 6e extinction de masse ?
La parution du rapport de la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), le 6 mai dernier, a fait grand bruit.
Et pour cause : selon cette étude, un million d’espèces animales et végétales – soit une sur huit – risquent de disparaître à brève échéance de la surface de la Terre ou du fond des océans.
De fait, le taux d’extinction des espèces est « au moins des dizaines ou des centaines de fois supérieur à ce qu’il a été en moyenne durant les dernières 10 millions d’années« .
À ce rythme-là, les dodos ne vont pas tarder à avoir de la compagnie…
6 / 16 Océans : la température monte (aussi)
« Si vous voulez comprendre où se passe le réchauffement climatique, regardez dans nos océans.«
C’est par cette phrase que Zeke Hausfather, un chercheur de l’Université de Berkeley (Californie), a conclu une étude parue dans Science en janvier dernier. Celle-ci postule que le réchauffement des eaux est en réalité plus rapide que ce que les experts du Giec prédisaient en 2014.
Sur la période 1971-2010, le taux a ainsi été revu à la hausse d’environ 40 %. L’étude note même une accélération de la température océanique pour la période récente, estimée entre 0.55 et 0.68 w/m² après 1991.
Une hausse qui entraîne mécaniquement une élévation du niveau des eaux, et constitue un terreau fertile pour les événements climatiques extrêmes.
7 / 16 Des événements climatiques extrêmes plus nombreux… et destructeurs
Dorian, Hagibis, Idai… Cette année encore, les ouragans de forte intensité ont soufflé en différents endroits du globe.
Or, ces
événements climatiques extrêmes
tendent à devenir de plus en plus fréquents, et dangereux. C’est ce que révèle une étude parue le 11 novembre dernier dans la revue scientifique PNAS.
Sa conclusion est sans appel : « la fréquence des cyclones les plus dommageables a triplé entre 1900 et 2018. »
La litanie des prénoms n’est pas près de s’achever…
8 / 16 Mercure bat des records
Cela n’a échappé à personne, la canicule s’est une fois de plus invitée un peu partout sur la planète cet été.
Le mois de juillet 2019 a même été le plus chaud jamais mesuré dans le monde, selon les relevés de l’Agence océanique et atmosphérique américaine (NOAA).
À noter que neuf des dix mois de juillet les plus chauds enregistrés jusqu’ici ont eu lieu depuis 2005.
9 / 16 La Chine charbonne
Devenu lors de la dernière décennie le premier pollueur mondial, la Chine tente désormais de redresser la barre (en investissant notamment massivement dans les énergies renouvelables et la mobilité électrique).
Problème : dans le même temps, l’Empire du Milieu est le pays qui compte le plus de projets de construction de nouvelles centrales à charbon.
Entre janvier 2018 et juin 2019, la Chine a ainsi mis sur le réseau 43 gigawatts supplémentaires d’électricité à base de charbon, ce qui suffit à annuler les efforts de baisse des émissions de gaz à effet de serre réalisés par ailleurs dans le monde.
10 / 16 A plein gaz…
Le dioxyde de carbone, principal gaz à effet de serre persistant dans l’atmosphère, a battu un nouveau record de concentration en 2018, à 407,8 parties par million (ppm), soit 147% de plus que le niveau préindustriel de 1750, selon le bulletin annuel de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) publié le 25 novembre.
La dernière fois que la Terre a connu une teneur en CO2 comparable, c’était il y a… 3 à 5 millions d’années.
La température était alors de 2 à 3 °C plus élevée qu’aujourd’hui, et le niveau de la mer était supérieur de 10 à 20 mètres par rapport au niveau actuel.
11 / 16 Comme neige au soleil
Non seulement la fonte des glaces se confirme, mais en plus elle s’accélère. Les scientifiques reconnaissent d’ailleurs qu’ils ont sous-estimé le phénomène, surtout au Groenland et en Antarctique, qui ont perdu en moyenne 430 milliards de tonnes chaque année depuis 2006.
Sur le continent situé à l’extrême sud de la planète, la glace fond même six fois plus vite qu’il y a 40 ans.
Un phénomène qui n’épargne pas non plus la montagne, où les glaciers se réduisent comme peau de chagrin.
À l’image de l’Himalaya, qui a perdu jusqu’à un quart de sa masse glaciaire ces 40 dernières années. Ou des Alpes, qui risquent de perdre jusqu’à 90% de ses glaciers si rien n’est fait.
12 / 16 La finance climatique ne fait pas recette
Difficile de lutter contre le changement climatique sans investissements massifs. Sauf que là encore, les nouvelles ne sont pas bonnes.
Ainsi, selon l’édition 2019 du panorama mondial de la Climate Policy Initiative, paru le 9 novembre dernier, la finance climatique mondiale a atteint 546 milliards de dollars en 2018.
Soit une baisse de 11% par rapport à l’année précédente, durant laquelle 612 milliards avaient été investis.
13 / 16 Alimentation : le changement climatique s’invite à table
D’ici 2100, environ 7,2 milliards de personnes devraient connaître des pertes de productivité des cultures en même temps qu’une baisse des prises de pêche, menaçant ainsi la sécurité alimentaire de près de 90% de la population mondiale.
Voilà les conclusions (alarmantes) d’une étude publiée par Sciences Advances, le 28 novembre dernier.
En cause évidemment, le réchauffement climatique et son cortège de conséquences néfastes (réchauffement des sols et des océans, variations des régimes de précipitation, conditions d’approvisionnement en eau douce, migration des espèces, notamment marines…).
À noter que même si l’accord de Paris était respecté, 60% de la population serait malgré tout confrontés à une baisse de la productivité de leurs récoltes et de la pêche.
14 / 16 C’est qui le plus grand des carnivores ?
L’humanité n’a jamais consommé autant de viande. En 2018, 330 millions de tonnes de viande ont été produites sur la planète, contre 70 millions en 1961.
Problème : l’élevage est responsable de 14,5% des émissions de GES, soit un taux comparable aux émissions du secteur des transports.
Par ailleurs, selon un rapport de Greenpeace publié en mars 2018, la production de viande et de produits laitiers serait la source de 80% de la déforestation de la forêt amazonienne et mobiliserait jusqu’à 80% de la surface des terres agricoles dans le monde.
Mais le pire est à venir selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) : la production de viande pourrait continuer d’augmenter dans les décennies à venir, pour atteindre, selon les projections de l’organisation, 524 millions de tonnes en 2080. Il va falloir changer de régime…
15 / 16 Accord de Paris : la COP à la casse
En signant l’accord de Paris, adopté au Bourget à l’issue de la COP21 en 2015, 197 pays se sont engagés à réduire leurs émissions de GES afin de limiter le réchauffement de la planète à 2°C, voire 1,5 par rapport aux niveaux préindustriels d’ici la fin du XXIe siècle.
Malheureusement aujourd’hui, on est loin du compte. Actuellement, les engagements pris en la matière mettent en effet la planète sur une trajectoire de réchauffement de 3,2 °C d’ici à la fin du siècle. Peut mieux faire.
16 / 16 La maison ne fera bientôt plus crédit
Si les femmes travaillent gratuitement depuis le 5 novembre dernier, (grands) écarts de salaires avec les hommes oblige, la planète, elle, fait des heures supplémentaires de plus en plus tôt dans l’année.
Le désormais célèbre « Jour du dépassement », cette date fatidique à compter de laquelle nous avons consommé toutes les ressources naturelles qu’offre la Terre en une année, a pointé le bout de son nez encore plus tôt en 2019.
Plus précisément le 29 juillet, selon le Global Footprint Network. Soit deux jours plus tôt que pour l’année 2018, et deux mois plus tôt qu’il y a 20 ans. On dépense vraiment sans compter…