Basile Boli : «On sera à jamais les premiers»

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Buteur décisif de la finale de Munich, Basile Boli revient sur le sacre de l’OM en Ligue des champions le 26 mai 1993.

À quoi pensez-vous quand on évoque le 26 mai 1993 ?

Basile Boli : C’est le jour où on a apporté le premier trophée européen au football français, sans plus.

Sans plus ?

Sans plus, car sur le moment quand on est joueur, on espère en gagner des Coupes d’Europe. Avec le recul, on prend ensuite conscience qu’on a touché quelque chose qui était presque impossible à atteindre.
On avait le grand Milan en face, donc on se disait que si on gagnait, ce serait un exploit. On sentait qu’il pouvait arriver quelque chose et c’est ce qui est arrivé. Cette victoire nous a donné une dimension internationale qu’on n’avait pas.

Votre but victorieux doit rester un grand souvenir ?

Je ne connais pas un joueur qui dira que marquer en Coupe d’Europe, dans une finale, ce n’est pas un grand moment. C’est comme marquer en Coupe du monde.
om aprés 27 ans
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Marquer dans cette finale m’a permis de laisser une trace dans l’histoire.

Racontez-nous l’histoire de ce but ?

Abedi (Pelé, milieu de terrain de l’OM) m’avait prévenu avant le match, que comme les Milanais étaient grands, il tirerait les corners au premier poteau. Il m’avait demandé d’y être.
Sur le but, je le vois qui me cherche avec ses yeux comme des lasers et je me dis «je vais y aller au cas où le ballon arrive, car si je n’y vais pas, il va m’engueuler…» Et le ballon est arrivé…

Revoyez-vous souvent les images de cette finale ?

Franchement, je les ai revues tellement de fois qu’elles font partie de mon quotidien (sourire). Cela fait partie du patrimoine du football français et ça fait plaisir d’en faire partie.
On a touché quelque chose qui était presque impossible à atteindreBasile Boli

La défaite de Bari deux ans plus tôt a-t-elle été bénéfique dans l’approche de cette finale ?

Évidemment, même si on n’était pas nombreux à avoir disputé la finale deux ans plus tôt, trois sur le terrain et deux sur le banc. On espérait ne pas revivre ce qu’on avait vécu.
La préparation a été différente, plus détendue. Et pendant le match, une fois qu’on a ouvert le score, on s’est accrochés. Il restait 45 minutes à jouer et la deuxième mi-temps m’a paru durer deux jours… On avait l’impression que l’arbitre se trompait sur son chrono.

Après le coup de sifflet final, à Munich puis au retour à Marseille, quel a été l’accueil du public marseillais ?

C’était l’apothéose. Un grand moment pour l’histoire du club, mais aussi du football français. Cela a généré une ferveur incomparable dans la région. On sera à jamais les premiers, comme le disent les supporteurs.
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Vingt ans plus tard, aucun autre club français n’a réussi à remporter cette Coupe d’Europe. Cela vous rend-t-il plus fier de votre succès ?

Oh, non… Sans démagogie, j’espère qu’un autre club pourra nous succéder au palmarès. C’est important pour le football français.

L’OM par exemple…

(Sourire) Cela risque d’être compliqué. C’est là qu’on voit l’intelligence, l’opiniâtreté et l’envie de Bernard Tapie. À l’époque, les frontières n’étaient pas ouvertes. Il ne fallait pas se tromper sur le recrutement des trois joueurs étrangers. Avec eux et en prenant les internationaux français, il a fait un grand boulot. Et pour ça, il mérite la reconnaissance.
victoire coupe trophee aeroport avion joie OM archive archives Deschamps
Retour – Marseille /Milan AC- 26.05.1993 -Munich- Finale Coupe des Clubs Champions C1 – foot football – largeur attitude joie victoire coupe trophee aeroport avion joie OM archive archives Deschamps

L’affaire VA-OM a ensuite rapidement éclaté et précipité le club en D2. Sans cela, le club aurait-il pu vivre encore de belles choses les années suivantes ?

J’en suis sûr. Parce que Marseille, c’est la passion ! Ce côté passionnel donnait des ailes aux joueurs qui arrivaient là-bas. On n’aurait peut-être pas gagné de nouvelle Coupe d’Europe mais le club aurait été sur un meilleur chemin.
J’ai une pensée pour tous les gens qui ont bâti cette histoire avec nous, même si ensuite, il y a pas mal de choses qui ont cassé notre beau joujou.
Je voudrais en profiter pour rendre hommage à Raymond Goethals. On l’a un peu oublié dans cette finale car pas grand monde n’est allé le voir après la victoire et parce que vu son âge, il ne pouvait pas courir ou sauter.  Ce Monsieur a marqué le football et je ne veux pas qu’on l’oublie.

Quelles relations avez-vous conservé avec vos coéquipiers de l’époque ?

On a la chance d’avoir l’OM Stars Club et depuis que ça existe, on se retrouve régulièrement pour des tournées, des matches amicaux. Et on a plaisir à se retrouver. Cette idée d’OM Stars Club est importante car en France, on n’a pas toujours la culture des anciens dans les clubs.
On essaye souvent de les écarter. Créer ce club permet aux gens de la région de revoir les anciens joueurs qui ont marqué l’histoire de l’OM. Et je suis content de revoir les copains lors de ces matches.

Et quand vous revenez à Marseille, quel accueil recevez-vous ?

Je fais partie de l’histoire du club, je ne peux pas l’enlever et personne ne pourra me l’enlever. Pas même les dirigeants actuels. Le palmarès est là.

Vous avez l’impression que les dirigeants actuels de l’OM voulaient éviter de célébrer cet anniversaire ?

Le club nous a contactés tardivement. Ils ont attendu que l’équipe obtienne sa qualification pour la prochaine Ligue des champions pour décider de nous inviter. Sinon, ils ne l’auraient pas fait…
On va y aller pour les Marseillais car le lien avec les supporters, on ne peut pas nous l’enlever. Notre victoire de 1993, c’est une grande page de l’histoire du club.

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