Taekwondo : Le rêve Européen et … Olympique de Magda Wiet-Henin
Taekwondo : Le rêve Européen et … Olympique de Magda Wiet-Henin
Vice-championne d’Europe il y a un an, la Française rêve désormais de monter sur la plus haute marche. A l’occasion d’un événement organisé par Adidas à l’Insep, elle s’est confiée au Figaro.
Comment vous sentez-vous à l’approche de ce Championnat d’Europe ?
Magda Wiet Henin : Je me sens bien, aussi bien mentalement que physiquement. Je suis en forme. On a repris sérieusement en juin avec trois stages de trois semaines. Cet automne, on a accueilli des nations étrangères à l’INSEP pour pallier le manque de compétition. J’ai pu me confronter aux Anglaises notamment avec Jade Jones (double championne olympique) et à d’autres combattantes de ma catégorie comme Ruth Gbagbi (vice-championne olympique et numéro 1 mondiale). Je me sens bien préparée et j’ai hâte de retrouver le chemin de la compétition car ça fait neuf mois que je n’ai pas combattu sur une épreuve officielle. J’ai envie de savoir où j’en suis, de pouvoir m’évaluer avant le tournoi de qualification olympique (TQO du 30 et 31 janvier). Ce championnat d’Europe n’apportera pas de points au ranking mais c’est un titre à aller chercher et c’est un bon test avant le TQO.
Quelles sont vos ambitions ?
Le titre ! J’avais fait deuxième l’an dernier sur cette compétition. J’avais réalisé un bon parcours mais je m’étais inclinée en finale. Je veux donc faire mieux que l’année dernière. En combattant à cet Euro, je sais que je n’arriverai pas au TQO sans compétition officielle dans les jambes. Je dois me servir de cette épreuve comme d’une préparation. Si je peux croiser également des adversaires que je serais en mesure de retrouver au TQO, ça me permettrait de tester ces filles, d’avoir des axes de travail et de mettre en place des stratégies en vue de l’épreuve de qualification olympique. Au TQO, seules les deux athlètes finalistes seront qualifiées pour les Jeux Olympiques.
Vous évoquiez vos neuf mois sans compétition. Comment avez-vous fait pour conserver votre motivation intacte ?
L’aspect mental est très important, et je travaille avec un préparateur mental qui m’aide à bien me préparer et à garder ma motivation. Ensemble, nous avons mis en place quelques exercices mais je ne peux pas vous en dire, c’est mon secret (sourire). Sinon, il faut aussi s’appuyer sur le staff, sur le groupe. Même si nous pratiquons un sport individuel, il y a un vrai esprit de groupe. Nous avons en France une équipe très jeune, avec de nouveaux entrants qui ont 17-18 ans, qui sont très frais mentalement et qui ont envie de nous soutenir.
Avez-vous une appréhension sur le plan physique après une si longue période sans compétition ? Et craignez-vous ce virus
?
Non, pas particulièrement. Ce qui me fait peur, c’est d’arrêter de nouveau la pratique. S’il y a des cas positifs en équipe de France, il y a un risque de devoir retourner à la maison.
Mais en même temps, on essaie de ne pas devenir parano et de garder une vie le plus normale possible, même si évidemment je fais attention à plein de choses dont je ne me préoccupais pas auparavant. Faire du taekwondo est ce qui me procure le plaisir, et je ne veux pas que ça s’arrête parce que je n’aurais pas appliqué tel ou tel geste barrière. Il faut trouver un bon équilibre.
Avez-vous été frustrée que le taekwondo soit à l’arrêt aussi longtemps, alors que d’autres sports, comme le football, le tennis, ont repris bien avant ?
Bien sûr que c’est frustrant. Maintenant, des décisions ont été prises et il a fallu que je m’adapte pour être performante dès que l’heure de la reprise aura sonné.
Cela a-t-il été dur de faire le deuil des Jeux olympiques en 2020 et de se dire qu’il faudrait attendre au moins un an de plus avant de peut-être les vivre ?
Bizarrement non. Je me suis tout simplement dit que je n’avais pas d’autres choix, que c’était comme ça. J’ai aussi essayé de positiver en me disant que cela faisait deux ans que j’étais réellement performante et que je pouvais donc me servir de cette année supplémentaire pour développer encore d’autres qualités et être encore plus forte.
Alors que vous avez 25 ans, vous ne craignez donc pas que cette longue pause puisse marquer un coup d’arrêt dans votre progression…
Comme toute chose, on peut voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. En général, je préfère être du côté positif. Cette année en plus me permet vraiment de m’entraîner davantage, de développer des points précis avec mon entraîneur, des tactiques aussi… Finalement, mon objectif est vraiment qu’il s’agisse d’une année en plus, et non pas d’une année perdue. Et je suis convaincue que cette année en plus est un cadeau.
En voyant le verre à moitié plein, cette période compliquée vous a-t-elle permis aussi d’envisager votre après-carrière ?
Franchement, je me suis entraînée presque tous les jours, j’ai fait beaucoup d’analyse vidéo aussi de mes adversaires et j’ai essayé d’optimiser mon temps sur le plan sportif. Maintenant, c’est sûr aussi que j’ai profité de ce temps de «repos» pour penser à mon avenir. J’avais un contrat d’alternance et j’ai réussi à obtenir un CDI par exemple, donc une situation professionnelle plus stable. En restant autant de temps à la maison, il fallait quand même que je réfléchisse à tout ça (sourire).
Votre mère a aussi été sportive de haut niveau (championne du monde de kick-boxing, full-contact et boxe anglaise, et championne de France de taekwondo). Vous a-t-elle donné des conseils dans cette période ?
Elle m’aide tous les jours depuis que je suis toute petite, et pas seulement dans le sport. Mais c’est vrai que pendant le premier confinement, elle a pu m’entraîner. Sur le côté alimentation, elle m’a aussi bien encadré pour éviter de prendre du poids, ce qui était l’un des grands risques de ce confinement. Et puis elle est ma source de motivation. Je suis admirative de tout ce qu’elle a fait. J’ai envie de réussir pour lui montrer qu’elle peut être fière de moi.
Votre rêve olympique est-il né de votre regard sur elle ?
Oui, je me suis inspirée d’elle. Nous partageons beaucoup, même si je suis partie à 14 ans de chez moi pour m’entraîner au CREPS. Là, tout le travail effectué commence à payer et j’ai envie de partager cela avec elle. Elle m’a suivie en compétitions en Corée du Sud, à Rome, à Manchester… Mais après, j’ai aussi des motivations plus personnelles.
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