Commémorer, sans récupérer, un événement largement perçu comme positif autant qu'il fut une révolution ratée: le cinquantenaire de Mai-68 donne lieu à une foultitude d'événements culturels et scientifiques, mais échappe encore au pouvoir, incapable de l'embrasser.
Du mouvement du 22 mars de la fac de Nanterre à l'évacuation de la Sorbonne mi-juin, en passant par la grève générale de mai, "Mai-68, c'est un tout", rappelle Christian Delporte, professeur d'histoire à l'université de Versailles-Saint-Quentin, selon qui, "commémorer, c'est-à-dire rendre hommage, est une idée un peu saugrenue".
Pourtant, dans la seule capitale et sa banlieue, plus d'une trentaine d'expositions, représentations de théâtre, concerts, débats ou colloques sont programmés, de l'université de Nanterre au Centre Pompidou.
"Un engouement incroyable", résume l'historienne Ludivine Bantigny, de l'université de Rouen, auteur de nombreux articles sur les événements de mai et qui a publié en janvier "1968, de grands soirs en petits matins" (Seuil).
Des dizaines d'ouvrages et d'articles doivent également sortir d'ici mai, témoignage d'un intérêt massif et croissant des chercheurs au plus grand mouvement social français du XXè siècle.
"Mai-68 a concerné toute la société française", rappelle Christian Delporte, "dans toutes ses composantes, il y a une mémoire de 68 dans toutes les familles".