La paix civile et le développement ne procèdent jamais d’une définition ethnique et communautaire de la nation, ni d’une promotion du séparatisme ethnique dans un Etat multiethnique et multiconfessionnel.
Selon Charles Konan Banny, lorsqu’il s’adresse aux militants du PDCI identitaire le jeudi 11 Octobre 2018 dernier à Yamoussoukro, « la victoire du PDCI est la seule porteuse de paix pour l’avenir de la Côte d’Ivoire ». Selon lui, le pays aurait besoin de cette victoire « pour continuer sa marche vers le développement ».
Cette phrase est démagogique car ce propos est mensonger du point de vue scientifique et du point de vue historique.
Le PDCI identitaire qui, par la voix de son chef Henri Konan Bédié, en appelle à la chefferie Akan, à la communauté et au royaume Baoulé contre la République, la Nation et l’Etat ivoiriens ne peut pas être porteur de paix.
Ce PDCI, qui tient le discours du séparatisme ethnique et communautaire, est porteur d’affrontements intercommunautaires et de guerres interethniques. Sa victoire éventuelle est porteuse de guerre civile.
Imaginons que le discours ethniciste et communautariste de Henri Konan Bédié fasse jurisprudence et soit imité par d’autres chefs politiques et d’autres chefferies traditionnelles complices ou concurrentes, imaginons que la chefferie Bété, que la chefferie Ebrié, que la chefferie Abouré, que la chefferie Abron, que la chefferie N’zima, que la chefferie Koulango, que la chefferie Senoufo, que la chefferie Wè, que la chefferie Guéré, que la chefferie Yacouba, que la chefferie Dan, que la chefferie Maouka, et j’en passe, imaginons que les chefferies traditionnelles reprennent l’initiative sur l’Etat central ivoirien et décident de faire prévaloir, sur le droit positif de l’Etat, leurs coutumes divergentes pour des raisons diverses, que deviendrait une Côte d’Ivoire dirigée par le PDCI identitairequi tient le discours du séparatisme ethnique ?
Nous aurions une Côte d’Ivoire politiquement instable, désintégrée par les révoltes et des dissidences ethniques, une Côte d’Ivoire déchirée entre des communautés repliées sur la défense de leur identité, de leurs coutumes de leurs terroirs, de leurs terres contre l’Etat et contre ceux qu’ils appellent des étrangers, c’est-à-dire des compatriotes désormais désignés comme envahisseurs et ennemis.
On en a eu l’exemple dans cette vidéo qui montre une milice tribale des Alladians et des Avikam, en voie de formation, après le discours tribal d’Henri Konan Bédié qui l’a officialisé au plus haut niveau d’un parti politique, le PDCI, qui se définit par là ouvertement comme parti tribal et ethnique. Nous aurons donc une Côte d’Ivoire nationalement et territorialement désintégré en proie à la guerre civile.
Le discours séparatiste et la coupable initiative de Henri Konan et du clan ethno-nationaliste qui l’entoure et qui a en vue, comme unique programme, le pouvoir d’Etat par tous les moyens est éminemment condamnable et irresponsable. La vision du monde qui anime ce clan est porteuse de guerre civile et d’anti-développement.
La promesse de développement formulée par Charles Konan Banny, figure emblématique de ce PDCI tribal, est donc démagogique.
Le développement est toujours associé à l’idée nationale. Il n’y a pas de développement sans intégration nationale du territoire sous un pouvoir politique républicain unificateur. Il n’y a pas de paix civile sans un pouvoir politique qui gouverne la cité en se mettant au service de toutes les collectivités du territoire, qui les rassemble dans l’égalité et dans un sentiment de commune appartenance.
Il n’y a pas de développement sans un pouvoir politique qui met l’économie moderne au service de l’unification nationale citoyenne de la cité, de la promotion de la liberté et de l’égalité.
Le développement provient toujours de « l’interaction de la croissance économique et d’une participation sociale élargie, organisée par un pouvoir politique au service de l’intégration et du renforcement de la nation » comme le souligne Alain Touraine, l’un des maîtres les plus éminents de la sociologie politique.
Une victoire du PDCI en 2020, victoire improbable en raison de la vision désintégrante de ce parti tribal et antimoderniste, qui définit le pouvoir d’Etat comme patrimoine communautaire, fera économiquement régresser la Côte d’Ivoire.
La Côte d’Ivoire ne continuera pas « sa marche vers le développement » car cette marche n’est que la conséquence concrète de la politique d’intégration nationale et du programme de modernisation économique initié par le RHDP dès son accession au pouvoir en Décembre 2010.
Sous une éventuelle gouvernance du PDCI ethno-nationaliste de Henri Konan Bédié et de Charles Konan Banny, la Côte d’Ivoire régressera donc vers l’anti-développement, conséquence de la première désintégration nationale qui avait commencé dès les années 1990 avec l’introduction de l’ivoirité, l’expression ivoirienne de l’ethno-nationalisme.
Cet anti-développement, dont le courant identitaire du PDCI fut l’initiateur, avait explosé durant les années 2000 à 2010 sous la gouvernance national-populiste du FPI, qui avait aussi entrepris de déconstruire la nation pour asseoir sa domination sur une conception ethnique de la société et de l’Etat.
Les promesses de paix et de développement définies par Charles Konan Banny comme conséquences inéluctables d’une victoire très improbable du PDCI sont donc mensongères et démagogiques d’un double point de vue scientifique et historique.