En cinq ans, l’artiste sénégalais est devenu un acteur majeur de la photo africaine. Au point de séduire une grande entreprise française.
Ils posent fièrement dans leur costume taillé pour l’occasion. C’est la première fois pour la plupart qu’ils voyagent si loin de chez eux. Sango, Lola, Kresan… bien qu’originaires de pays différents, ils représentent tous les visages d’une Afrique loin des clichés misérabilistes. Et c’est ce que le photographe sénégalais Omar Victor Diop est venu capter et mettre en scène, à Johannesburg, pour montrer « une réalité qui n’est jamais montrée ailleurs. »
Alors qu’il se destinait à une toute autre carrière, ce jeune autodidacte de 35 ans s’est imposé comme un artiste contemporain majeur. En 2011, un peu par hasard et pour égayer ses dimanches, il propose à ses proches et à ceux qui le veulent bien d’investir son studio improvisé chez lui, à Dakar, pour des séances photos déjantées. Une passion est née.
Révélé la même année aux rencontres de Bamako par «Le futur du beau», sa première série de portraits, il enchaîne depuis lors les succès. Présentée aux rencontres d’Arles en 2015, sa série «Diaspora», où il se met en scène avec humour, le propulse sur le devant de la scène internationale.
Peintre raté et écrivain paresseux, j'essaie de faire tout cela avec un appareil photo! En digne héritier des maîtres du portrait africain Seydou Keita, Mama Casset ou Malick Sidibé, Omar sait capturer l’instant et apprivoiser la lumière, mais il est surtout doté d’un sens aigu de la mise en scène et des décors.
«Peintre raté et écrivain paresseux, j’essaie de faire tout cela avec un appareil photo !», s’amuse-t-il. Chacun de ses portraits raconte la personne, toujours en couleurs, pour mieux capter les émotions. A chaque photo prise, il a le sentiment d’ajouter une page à l’histoire de son continent, dont il revendique le métissage et la diversité.
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Après «Vision», de Li Wei en 2015, la société Pernod Ricard lui a donné carte blanche pour illustrer son rapport annuel. Afin de mettre en lumière la spécificité d’une des rares entreprises du CAC 40 qui se veut encore familiale et conviale, Omar a eu l’idée géniale, avec son éternelle complice, la styliste sénégalaise Selly Raby Kane, de se réapproprier la tradition du wax à médaillon, imprimé sur tout le continent lors des grandes occasions. Une scénographie en tandem très réussie, et une façon de réunir dans un bel état d’esprit des collègues qui collaborent chaque jour aux quatre coins du monde sans jamais s’être rencontrés. Démonstration que l’art unit les hommes.
«Mindset» par Omar Victor Diop, à découvrir dans le cadre du Salon Paris Photo, du 10 au 13 novembre.