La Théorie des processus de de la communication et l' Approche systémique et communicationnelle des organisations apportent tous de nouveaux outils pour penser les phénomènes de communication. Faisons une plongée dans les Théories de la Communication pour mieux appréhender : son histoire, ses théories, ses techniques, ses enjeux, ses mythes et ses limites...
La théorie systémique des communications constitue un outil innovant que les chercheurs en sciences humaines et sociales peuvent utiliser pour regarder et analyser les phénomènes de communication, mais aussi appliquer dans la perspective de nouvelles découvertes.
C'est l'école de Palo Alto qui fit entrer la systémique dans la problématique communicationnelle. Au lieu d'analyses stériles et stérilisantes, en place d'introspections subjectives, la nouvelle communication place le "Comment" devant le "Pourquoi".
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Savoir "pourquoi" cela est arrivé est d'un pietre secours une fois que cela est arrivé. Mais savoir "comment" on peut se sortir d'une situation ou la faire évoluer dans un sens favorable est autrement plus utile.
L'école de Palo Alto s'intéresse a` la pragmatique de la communication.
L'approche systémique
Connu sous le nom d’«École de Palo Alto » (petite ville située dans la banlieue de San Francisco, en Californie), ce courant de pensée rassemblant linguistes, anthropologues, psychiatres et sociologues, a renouvelé l’approche des relations interpersonnelles. Parmi eux : Gregory Bateson, Paul Watzlawick, Janet Beavin et Don Jackson.
I. LES RÈGLES DE LA COMMUNICATION INTERPERSONNELLE
A. L’impossibilité de ne pas communiquer
Axiome n° 1 : On ne peut pas ne pas communiquer.
B. Contenu et relation
Axiome n° 2 : Toute communication peut s’analyser sous le double aspect du contenu et de la relation.
C. Ponctuation
Axiome n° 3 : La nature de la relation dépend de la façon dont les partenaires ponctuent la séquence de communication.
D. Symétrie ou complémentarité
Axiome n° 5 : L’interaction est ou symétrique (égalité des partenaires) ou complémentaire (relation de pouvoir ou de dépendance).
II. DE NOUVELLES PRATIQUES THÉRAPEUTIQUES
A. Le piège de la double contrainte
Identifié par Gregory Bateson, ce système de communication contradictoire (exemple : «J’exige que tu me désobéisses!») piège les partenaires dans une relation pathologique.
B. L’injonction paradoxale
Quand le thérapeute prétend guérir le patient en lui prescrivant… le symptôme !
C. Changer les règles, pour changer le jeu
Efficace, le recours à la métacommunication, ou communication sur la communication.
La communication non verbale
Il y a ce que nous disons à haute et intelligible voix (communication verbale), et ce que nous «disons» silencieusement avec nos regards, nos mimiques, nos gestes, nos vêtements, etc. Comme on le devine, le champ de la communication non verbale (CNV) est infiniment plus étendu que celui de la communication strictement verbale. Et ceux qui, dès les années 1950, l’ont exploré viennent encore une fois d’horizons variés : psychologie, psychiatrie, anthropologie, sociologie, éthologie…
I. UN PHÉNOMÈNE COMPLEXE ET MULTIDIMENSIONNEL
A. Tout ce qui «parle» à notre place
Signaux paraverbaux, expressions du visage ou messages du corps, ils jouent un rôle essentiel dans la communication interpersonnelle.
B. Les fonctions de la CNV
La CNV renforce ou illustre le message verbal, quand elle ne le contredit pas, tout simplement.
C. Une grammaire des gestes
Fondée par l’anthropologue américain Ray Birdwhistell en 1952, la kinésique est l’étude systématique des faits gestuels.
II. LA DIMENSION CACHÉE DE LA COMMUNICATION
A. La territorialité
Le zoologiste Desmond Morris distingue trois sortes de territoire : le territoire tribal, le territoire familial et le territoire personnel.
B. L’organisation de l’espace
Certaines configurations spatiales favorisent les contacts humains, d’autres les rendent presque improbables.
C. Un prochain plus ou moins lointain
La proxémique, inventée par Edward T. Hall, s’intéresse à l’usage que l’homme fait de l’espace en tant que moyen de communication culturellement déterminé (The Hidden Dimension, 1966).
Lors d’un entretien d’embauche, tous les gestes du postulant sont passés au crible : sa démarche, son timbre de voix, sa poignée de main, les expressions de son visage, l’activité de ses jambes sous le fauteuil… Pour se préparer à l’épreuve, mieux vaut donc savoir comment se forge ce qu’on appelle la «première impression».
L'analyse transactionnelle
Dérivé de l’approche systémique, le modèle transactionnel, mis au point par le psychiatre américain Eric Berne (1910-1970) dans les années 50, a connu un succès prodigieux aux États-Unis et en Europe. Il est encore abondamment utilisé, notamment en entreprise et dans les thérapies du changement personnel. Son originalité : analyser toute communication interpersonnelle à partir de la notion de transaction.
I. UNE THÉORIE DE LA PERSONNALITÉ
A. Le triple Moi
La personnalité de chacun de nous est composée de trois états du moi : l’état du moi Parent, l’état du moi Adulte et l’état du moi Enfant.
B. Les sous-états
Les états du moi Parent et Enfant se subdivisent eux-mêmes en plusieurs sous-états : Parent Critique, Parent Nourricier, Enfant Adapté Soumis, Enfant Adapté Rebelle, Enfant Spontané.
C. Éléments pour un diagnostic
Notre attitude, nos gestes, notre voix, nos mots trahissent notre «état» du moment.
II. LA TRANSACTION, UNITÉ DE BASE DU DIALOGUE
Quand deux personnes se font face, ce sont en réalité six états du moi qui sont susceptibles d'entrer dans le jeu.
A. Les diverses sortes de transactions
On distingue les transactions parallèles (horizontales ou obliques), les transactions croisées (sources de conflits ou de mésentente) et les transactions à double fond (ou cachées).
B. Des claques et des caresses
Qu'elles se présentent sous la forme de caresses (strokes positifs) ou de claques (strokes négatifs), nous ne pouvons pas vivre sans ces marques de reconnaissance.
C. Les positions de vie
La valeur qu'on prête aux autres et à soi-même déterminent quatre relations existentielles fondamentales.
Le modèle télégraphique (1948)
À la croisée des mathématiques et du renseignement militaire, la première «théorie de la communication» (1948) propose des solutions techniques pour optimiser la transmission d’un signal d’un point à un autre.
Deux noms sont associés à cette théorie (‘Information Theory’) : celui de Claude Shannon (1916-2001), un mathématicien américain travaillant dans les laboratoires de la Bell Telephone Company, et celui de Warren Weaver (1894-1978), son supérieur hiérarchique dans les services secrets américains pendant la Seconde Guerre Mondiale.
I. POUR UNE TRANSMISSION « HAUTE FIDÉLITÉ »
A. Le schéma canonique
Cinq éléments composent la chaîne de transmission : la source d’information, le transmetteur qui «encode» le message, le canal au sein duquel le message est transporté, le récepteur qui «décode» le message et, à l’extrémité de la chaîne, le destinataire.
B. Réduire l’incertitude
Moins un message est prévisible, plus il contient d’informations. Et inversement !
C. Bruit et redondance
Répéter certaines choses, pour être bien entendu (= la partition de tout enseignant !)
II. UN MODÈLE NETTEMENT RÉDUCTEUR
A. Spécificité de la communication humaine
La théorie de l'information ne tient compte ni du sens ni de l'utilité des messages.
B. Langue et code
Ambigus, nos énoncés se prêtent souvent à plusieurs lectures ou interprétations (polysémie).
C. Et le feed-back ?
L'information n'est jamais simplement transmise, mais construite activement par les protagonistes du dialogue.
Cette vidéo pédagogique proposée par la Khan Academy montre, avec quelques formules mathématiques simples, comment l’on peut mesurer la quantité d’information transmise dans un message.
La société du spectacle
Nous évoluons — c’est là un constat largement partagé — dans un univers de faux-semblants et de simulacres. L’intellectuel français Guy Debord fut le premier, avec La Société du Spectacle (1967), à dénoncer cette dérive de nos sociétés contemporaines.
Toutes nos expériences, y compris les plus intimes, sont désormais médiatisées par des images. Comme un «soleil qui ne se couche jamais», le spectacle «recouvre toute la surface du monde», faisant du vrai un moment même du faux. Le règne généralisé du spectacle laisse-t-il pour autant les individus passifs et démunis ?
I. LE SACRE DE L’ILLUSION
A. L’esthétique du spectacle
Comme l’a bien montré Guy Debord, le spectacle instaure une coupure entre le monde et sa représentation. C’est le réel tel que nous le rêvons qu’il nous donne à voir.
B. Des images muettes
Sans légende, sans histoire, sans explication, l'image spectaculaire, destinée à susciter l'émotion, nous laisse sans voix.
C. Une expérience libératrice
Depuis Aristote et son concept de catharsis, on reconnaît au spectacle une valeur libératrice. Plus modestement, il nous permet de canaliser nos émotions et de nous préparer aux expériences existentielles majeures qui nous attendent.
II. LA CONFUSION DES GENRES
La généralisation du spectacle entraîne cependant toute un série de confusions, qui menacent, selon Dominique Wolton, le concept même de communication (Il faut sauver la communication, 2005).
A. L’infotainment
La production de l’information est soumise aux mêmes lois (techniques et économiques) que la production de la fiction ou du divertissement.
B. La peopolisation du politique
Parmi les outils du marketing politique figure désormais le dévoilement, ou plutôt l’exposition de la vie privée des femmes et hommes politiques.
C. L’invention de la réalité
Docufictions, docudramas, télé-réalité… la télévision ne montre plus la réalité, elle la fabrique.
Publiée sur le site ACRIMED (ACTION-CRITIQUE-MÉDIAS), cette fine analyse du «Grand Journal» montre en quoi l’émission phare de Canal Plus, en mélangeant systématiquement les genres et en mettant en scène, de façon frivole et (faussement) impertinente, l’affrontement des idées, participe de cette dérive contemporaine de la télévision qui en fait le lieu privilégié du «tout-spectacle».
L'information journalistique
Discours d’une espèce bien particulière, le discours d’information médiatique a su tirer profit de tous les progrès réalisés dans les domaines du son, de l’image et de la transmission des données.
Les médias audiovisuels sont désormais capables de couvrir, à chaud, n’importe quel événement dans n’importe quel point du monde.
Mais si l’information a gagné en vitesse, elle n’a pas nécessairement gagné en fiabilité. L’impératif du «scoop», dans un contexte fortement concurrentiel, multiplie les risques de désinformation.
I. DES CONTRAINTES SITUATIONNELLESA
Un contrat de communication spécifique
Le discours informatif s’engage à faire connaître au public les faits marquants de l’actualité dans leur nouveauté, leur immédiateté et leur authenticité.
B. Les agences de presse
Censées fournir aux médias l’information « brute », les agences de presse agissent comme des filtres, effectuant un premier tri et orientant les analyses à venir. Pour exemple, découvrez ici le «fil» de l’AFP.
C. Des critères communs
Communs à l’ensemble des médias d’information : des critères d’actualité, de proximité et de sensationnalisme (à des degrés divers).
II. LA « CONSTRUCTION » DE L’ÉVÉNEMENTA.
Impact et transgression
Un fait d’actualité ne peut accéder au statut d’événement qu’à certaines conditions.
B. Un réel déjà prédécoupé
L’événement doit pouvoir s’insérer dans l’une des catégories, ou rubriques, de l’espace rédactionnel.
C. Mise en intrigue, mise en discours
L’événement-dépêche est réécrit et scénarisé en fonction des attentes présumées du public-cible.
III. DES VISÉES CONTRADICTOIRES
Prise entre la volonté d’informer et le souci de séduire, l’information médiatique doit concilier des stratégies contradictoires, selon l’analyse de Patrick Charaudeau.
A. Des stratégies de crédibilité
Pour emporter la confiance du récepteur, seront recherchés des effets d’authenticité et de vérité.
B. Des stratégies de séduction
Mais il s’agit aussi de toucher l’émotivité du récepteur, par la mise en œuvre d’effets de dramatisation et/ou de ludisme.
C. Une légitimité sans cesse menacée
L’exercice d’information est périlleux, le récepteur pouvant à tout moment retirer sa confiance.
Avec la multiplication des canaux d’information apparaît une nouvelle forme de journalisme qui ne consiste plus à produire l’information, mais à la reproduire. C’est du moins ce que dénonce Marie Bénilde dans un article du Monde diplomatique paru en août 2008.
Comme au théâtre
À partir d’une intuition somme toute assez banale — le monde est un théâtre —, le sociologue canadien Erving Goffman (1922-1982) a développé un savoir original sur les multiples interactions à travers lesquelles les individus se reconnaissent mutuellement et en permanence comme des êtres sociaux.
Attentif aux petits signes grâce auxquels nous indiquons aux autres le personnage , il a notamment porté son regard sur nos échanges quotidiens (La mise en scène de la vie quotidienne, 1959) ou sur les stéréotypes de sexes (L'Arrangement des sexes, 1977).
I. L’ANALYSE DES INTERACTIONS QUOTIDIENNES
A. Chacun son rôle
Les rapports sociaux reposent sur des simulacres : le patron interprète le rôle du patron face à un employé qui, feignant de voir en son interlocuteur un patron, joue son rôle d’employé.
B. Scène, coulisses, public
Qu'on relise ses notes avant de prendre la parole en public ou qu'on fasse «une scène» à son partenaire, on est toujours en représentation.
C. L’exemple de la stigmatisation
Les interactions entre une personne dite «normale» et une personne porteuse d'un handicap sont sources d'angoisse pour cette dernière, car elle doit répondre à des attentes contradictoires.
II. SOUS SON MEILLEUR VISAGE
A. La théorie des « faces »
Par sa tenue, son maintien, sa façon de parler, etc., chaque personne construit une face qui est image valorisée de soi sur la scène sociale.
B. Le maintien de l'ordre interactionnel
«Garder la face», ne rien faire qui conduise l'autre à «perdre la face», c'est à ce prix que l'échange peut se poursuivre lorsqu'un incident met en péril la relation.
C. Les rituels de politesse
Rituels d'accès ou de réparation, ils contribuent à distribuer les rôles et à minimiser les risques de conflits entre les acteurs.
Ce long article de la revue Corps & Culture, paru en 1999 sous la plume d'Anne Marcellini et Mahmoud Miliani, aborde quelques aspects des travaux d'Erving Goffman. Y sont notamment «mis en relief les dimensions dramaturgique, épistémologique, corporelle et rituelle de l'interaction sociale.»