C’est la disparition d'un grand nom de la photographie. L'Américain d'origine suisse Robert Frank est mort au Canada à 94 ans. Il était devenu célèbre avec son album Les Américains, sorti à la fin des années 1950. Un livre qui a révolutionné la photographie. Il avait été pourtant fraîchement accueilli à sa sortie.
Cet album Les Américains est d’abord été refusé par les éditeurs américains et c’est en France en 1958 qu’il est publié pour la première fois. Ses photos spontanées du quotidien de l’Amérique de l’après-guerre en noir et blanc très brutes sont initialement jugées baclées, mal cadrées, tristes et déprimantes.
C’est un travail sur la solitude, la condition noire, la classe ouvrière, la pauvreté. Il révèle la face sombre du rêve américain, à l’opposé de l’Amérique triomphante vendue à l’époque dans les magazines.
Aujourd'hui, Les Américains est considéré comme un classique. À 23 ans, Robert Frank vient de poser les fondements de la photographie contemporaine avec son œil d’immigré européen.
Son livre rassemble 83 photos prises durant son voyage à travers les États-Unis entre 1955 et 1956, dans la grande tradition de la Beat generation, ce mouvement artistique et littéraire dont il était considéré comme le dernier survivant.
C’est d’ailleurs son ami Jack Kerouac qui préface Les Américains en 1959. « Avec son petit appareil photo, écrit l’auteur de Sur la route, Robert Frank a tiré de l’Amérique un triste poème qui a toute sa place parmi les poètes tragiques du monde. »