Bien malin qui pourra percer l'énigme Lassana Diarra: un talent phénoménal mais une carrière sinusoïdale, des histoires de gros sous et désormais un rôle de joker expérimenté au PSG, qui l'a recruté mardi pour une saison et demie, à 32 ans.
'Lass' ne va pas faire grimper sa cote de popularité à Marseille, son ancien club. En rejoignant l'ogre parisien, qui avait grand besoin de lui pour doubler le poste de milieu défensif en vue des joutes européennes contre le Real Madrid en février-mars, Diarra s'expose au courroux du public olympien.
Son histoire avec l'OM s'était déjà très mal terminée, par des bordées d'injures et de sifflets et un contrat résilié en février 2017 "d'un commun accord", pour le plus grand soulagement, apparemment, du club, de ses supporters, et du joueur.
Le Parisien - il a grandi à Belleville, dans le XXe arrondissement - avait pourtant largement le niveau pour être adulé à Marseille, que ce soit avant ou après le rachat du club par l'homme d'affaires américain Frank McCourt.
Hargneux au pressing, technique dans la conservation de balle, brillant dans la construction, l'ancien de Chelsea (2005-07) et du Real Madrid (2009-12) avait ébloui le Vélodrome à ses débuts, au sein d'un collectif brinquebalant où il était l'un des seuls à surnager.
- Clash avec Labrune -
Mais l'histoire d'amour a tourné court. Il y a eu le clash avec le président Vincent Labrune au sujet d'une clause contractuelle lui permettant de quitter Marseille sans indemnité de transfert - alors que l'état-major phocéen prétendait être récompensé pour lui avoir donné une chance de se relancer.
Et son actualité fut sur la fin davantage judiciaire que sportive, 'Lass' ayant écopé d'une amende de 10 millions d'euros pour avoir rompu son contrat avec son ancien club, le Lokomotiv Moscou (2013-14), où il avait échoué après une pige lucrative au pied du Caucase, à l'Anji Makhatchkala (2012-13).
L'international français, 34 sélections au compteur mais une Coupe du Monde 2010 manquée pour cause de "drépanocytose ou anémie falciforme" (maladie du sang), s'était finalement engagé en mai dernier avec Al Jazira, aux Emirats arabes unis. Il n'y a pas perdu toute sa technique, selon une vidéo qui a circulé sur internet au moment où le site Paris United et SFR Sport ont évoqué des discussions avec le PSG.
Ce n'est pas la première fois que le PSG tente d'enrôler le milieu défensif. A la recherche d'un successeur au vétéran Thiago Motta, 35 ans, qui sera en fin de contrat l'été prochain et est trop souvent blessé, il avait déjà discuté avec Diarra lors du mercato 2016, mais les prétentions salariales de celui qui jouait alors à l'OM avaient refroidi Paris.
- Deux inconnues -
Cette fois, Paris n'a plus tellement le choix: il a besoin d'un N.6 d'expérience pour pallier une éventuelle absence de Motta (actuellement indisponible) lors des deux matches contre le Real Madrid, en février puis mars, en huitièmes de finale de la Ligue des champions.
"Son expérience, à la fois à l'étranger comme avec l'équipe de France (34 sélections), va offrir à notre staff des options supplémentaires au moment où nous entrons dans une deuxième moitié de saison passionnante", commente d'ailleurs le président du PSG Nasser Al-Khelaïfi dans un communiqué.
Les contraintes étaient doubles pour ce PSG entravé par la possibilité de sanctions de la part de l'UEFA concernant son mercato XXL cet été. Il lui donc fallait dénicher un joueur ayant le niveau Ligue des champions pas trop onéreux en indemnité de transfert. Et trouver une perle rare n'ayant pas disputé la compétition cette saison, car les règlements UEFA interdisent de la jouer avec deux clubs différents.
A cette aune, Diarra remplit tous les critères - il est libre depuis son départ des Emirats arabes unis fin décembre - et RMC Sport rappelle que les Parisiens Marco Verratti et Motta ont été épatés par le niveau du joueur formé au Havre lors de leurs confrontations sous les maillots parisiens et marseillais.
Restent deux inconnues: l'année écoulée, plutôt heurtée pour le Français, a-t-elle entamé son niveau? La seconde, c'est 'Lass' lui-même, ce joueur surprenant, fin négociateur, jamais vraiment où on l'attend. "A moi de tout faire pour prouver à mon club qu'il a eu raison de placer sa confiance en moi", résume l'intéressé dans un communiqué.
Avec AFP