Est-ce vraiment de la magie ou le fruit d'une méthode patiemment élaborée? L'incroyable réussite sur le banc du Real Madrid de Zinédine Zidane, joueur légendaire dont la reconversion au métier d'entraîneur avait suscité un profond scepticisme au départ, ne doit rien au hasard.
A lire aussi: [En Live] - Finale de la Champions Real Madrid Vs Liverpool en Full HD
"Il y a sa qualité d'entraîneur, de meneur d'hommes, et tout ce qu'on sait de lui, mais il y a aussi sa réussite. Elle l'avait un peu quittée en début de saison mais il la retrouve grâce à cette Champions League. C'est formidable !", s'enthousiasme Gernot Rohr, son ancien entraîneur à Bordeaux (1996).
Certes, son équipe a bénéficié d'une décision arbitrale avantageuse lors des derniers instants du quarts de finale retour contre la Juventus Turin (3-0, 3-1), ou encore de deux buts "cadeaux" en demies face au Bayern Munich (2-1, 2-2) alors que ses joueurs n'ont jamais semblé autant au bord de la rupture...
Mais difficile de réduire la réussite de Zizou à de la chance, comme le soulignent ses détracteurs, alors qu'il est à un match de devenir le premier entraîneur de l'histoire à remporter une 3ème Champions League d'affilée... En moins de trois ans sur le banc !
L'origine de sa recette gagnante s'explique aussi simplement que celle de n'importe quel étudiant déterminé à apprivoiser son futur métier: une formation de cinq ans et une immense soif d'apprendre.
Éponge et la stratégie des petits pas
"J'ai arrêté l'école très tôt, je me devais de me préparer. J'ai bien fait de prendre le temps avant de me lancer là-dedans parce qu'aujourd'hui, je vois la complexité que c'est pour être performant", observait ZZ en mars dernier, lors de son retour au Centre de droit et d'économie du sport de Limoges (CDES).
Nommé directeur sportif du Real Madrid en juillet 2011, après une "coupure" de quelques années avec le milieu à la suite de son "coup de boule" en finale du Mondial 2006, Zidane a suivi la formation de niveau BAC+4 dédiée aux anciens sportifs de haut niveau.
"Le président du Real lui avait dit : 'Il faut que tu te formes à l'économie, la gestion, le management', raconte Jean-Pierre Karaquillo, fondateur du CDES. Il n'est pas venu en disant : 'Je suis Zinédine Zidane et vous allez me prendre' mais plutôt : 'Je vous dépose mon dossier, je sais que je peux ne pas être pris'".
Absent seulement une fois lors des 14 sessions de trois-quatre jours de formation, l'étudiant Zizou impressionne le directeur par son "humilité" et sa "conscience professionnelle extraordinaire": "C'est une éponge ! Il retient tout, incorpore de manière très intelligente des données dont il sait que ça va lui servir, tous les outils dont il a besoin pour y arriver".
A lire aussi: Direct / Real Madrid – Liverpool: 0-0 à la mi-temps, Salah sorti sur blessure (LIVE)
L'odeur du terrain lui manque vite, et il devient adjoint de Carlo Ancelotti lors de la Decima du Real en 2014, avant de passer n°1 de la réserve la saison suivante, pour faire ses armes. Une façon de procéder "remarquable pour un homme aussi connu et représentatif", salue Guy Lacombe, l'homme qui l'a fait éclore au centre de formation de l'AS Cannes à la fin des années 1980... avant de devenir son formateur au métier d'entraîneur près de 30 plus tard.
'Finesse psychologique' et coaching gagnant
"Je sais très bien comment fonctionne un vestiaire, j'y ai passé plus de 20 ans. Et ça m'a facilité beaucoup de choses" : au-delà de ses innovations tactiques, l'entraîneur Zidane a rapidement impressionné, une fois devenu coach du Real en janvier 2016, par sa capacité à transformer un groupe en perte de confiance en machine à gagner, avec deux C1 et une Liga remportés en deux saisons.
Comment ? Grâce "à une autorité naturelle" et une "finesse psychologique", nécessaires par exemple pour obliger l'hyperactive star Cristiano Ronaldo à se ménager avant les grands rendez-vous... "Lorsqu'on est allé au FC Bruges, les éducateurs devaient prendre le pouls des joueurs avant et ils ont remarqué que lorsque (Zidane) avait pris l'équipe, chaque joueur avait augmenté sa fréquence cardiaque de 15 pulsations", raconte Guy Lacombe.
Mais son succès tient-il uniquement à "son management de joueur" plutôt qu'à sa science tactique ? Son sens des coaching gagnant, avec notamment les entrées en jeu décisives de Marcos Asensio face au PSG ou au Bayern, l'utilisation d'Isco en n°10 pour naviguer entre les lignes, ou le recours au 4-3-3 classique pour mettre en orbite la "BBC" (Bale-Benzema-Ronaldo) montrent, selon Lacombe, qu'"il fait attention aux joueurs qu'il a pour être capable de changer d'organisation".