Les jours se succèdent mais ne ressemblent pas au Bénin. Boni Yayi ne dira pas le contraire. C'est l'enfer ce mercredi 02 mai 2019 à Cotonou . Ah oui ! Tenez-vous bien... c'était « à feu et à sang » suite à une supposée tentative d’arrestation de l’ancien président de la République Thomas Boni Yayi. Le dimanche 28 avril 2019, le scrutin législatif était marqué par des actes de violences dans plusieurs localités du nord favorables à l’ancien chef d’Etat Boni Yayi. Coïncidence ou incitation à perturber le processus électoral qui souffre déjà de certaines irrégularités ?
Le dimanche 28 avril, les béninois étaient appelés aux urnes pour renouveler les membres du Parlement dans un contexte de crise politique caractérisée par « l’exclusion » de tous les partis politiques de l’opposition du processus électoral.
Malgré les appels au consensus en vue du dénouement de la crise, le gouvernement Talon s’est obstiné à conduire le processus jusqu’à son terme. Mais c’est sans compter sur la volonté manifeste des acteurs politiques de l’opposition de le faire échouer.
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« Pas d’élection sans l’opposition ».
C’était le mot d’ordre, à quelques jours du scrutin, de plusieurs ténors de l’opposition notamment le président de l’Assemblée Nationale, Adrien Houngbédji et les anciens présidents de la République Nicéphore Soglo et Boni Yayi.
Ce mot d’ordre perçu comme un appel au boycott du scrutin du 28 avril, se serait-il traduit en appel à la radicalisation des militants de l’opposition de certaines régions du pays contre le processus électoral ?
On ne saurait être affirmatif, mais à l’analyse de la chronologie des faits, on est bien tenté de croire que le mot d’ordre de l’opposition avait un double sens.
Pourquoi dans le septentrion ?
Selon le premier point du scrutin législatif fait par la plateforme électorale des Organisations de la société civile, 286 incidents ont été enregistrés le jour du vote majoritairement dans le Nord Bénin.
Des actes de vandalisme ont été donc notés sur le matériel électoral ainsi que sur les biens des personnalités politiques de la mouvance, deux pertes en vie humaine seraient aussi à déplorer.
S’il est vrai que ces différents incidents ont conforté le moral des acteurs politiques qui se sont sentis exclus du processus électoral, il n’en demeure pas moins vrai qu’ils ne sont pas des actes isolés.
Deux semaines avant le scrutin, la tension était montée d’un cran dans certaines localités du pays. D’importants dispositifs sécuritaires avaient été pris pour le maintien de l’ordre public, gage du bon fonctionnement des structures administratives et économiques.
Même s’il faut déplorer les frasques du ministre de l’intérieur Sacca Lafia contre les fauteurs de troubles, rares sont les acteurs politiques de l’opposition qui ont appelé les militants surexcités au calme et à la non-violence.
Ancien chef d’Etat et leader de l’opposition, Boni Yayi était la principale figure de l’opposition qui a manqué à cet appel qui pourrait concourir à la paix en cette période sensible.
« Je ferai venir les miens du Nord… ».
C’était la menace attribuée en décembre 2013 à Boni Yayi, alors chef d’Etat, aux acteurs politiques opposés à son pouvoir qu’ils soupçonnent d’être à la solde de l’homme d’affaires exilé Patrice Talon avec qui, il n’est plus en odeur de sainteté pour des raisons de conflits d’intérêts au sommet de l’Etat.
Devenu leader de la classe politique opposée au pouvoir de cet même homme d’affaires devenu président de la République, Boni Yayi aurait-il donc incité les siens du Nord à compromettre le processus électoral auquel lui et toute l’opposition s’y sentent exclus?
« Cela ne se passera pas ici, ils n’ont qu’à venir »
Ce mercredi 1er mai 2019, un détachement des forces de l’ordre a encerclé le domicile de l’ancien chef de l’Etat, Thomas Boni Yayi. La population une fois alertée, s’est fortement mobilisée pour empêcher, selon elle, l’arrestation planifiée de Boni Yayi.
Dans la foulée, les dégâts non moins négligeables ont été enregistrés. Face à la presse, le ministre de l’intérieur Saca Lafia a démenti purement et simplement la tentative d’arrestation de l’ex-chef d’Etat Boni Yayi.
Selon le ministre, il s’agit d’une fake news : « je peux vous assurer qu’aucun projet de l’arrestation de l’intéressé n’a existé contrairement à ce qui est relayé », précise le ministre Sacca Lafia.
Pour sa part, Boni Yayi n’a pas manqué de réagir face à la descente des forces policières aux alentours de son domicile : « Cela ne se passera pas ici, ils n’ont qu’à venir » a lancé Yayi Boni aux hommes du Géneral Hounonkpè Nazaire.
Une déclaration qui sonnera comme un appel à la violence dans les oreilles de jeunes délinquants surexcités et au bilan, plusieurs magasins saccagés, pillés ou incendiés, des biens publics détruits,….
Boni Yayi aurait dû…
Pour plusieurs acteurs de la société civile, les violences enregistrées le jour du scrutin du 28 avril sont condamnables.
Lors de sa sortie médiatique le 29 avril 2019, Boni Yayi est resté muet sur les incidents relevés dans son fief le jour du vote.
Attendus sur le terrain de l’apaisement des tensions, Boni Yayi et les ténors de l’opposition ont plutôt donné un ultimatum au chef de l’Etat, Patrice Talon, pour arrêter le processus électoral. Une attitude qui, selon certains observateurs, n’est pas de nature à arranger les choses dans le pays.
Ancien chef d’Etat ayant conduit des missions d’observation des élections en Afrique notamment au Mali et en République Démocratique du Congo, Boni Yayi a pourtant la caution morale nécessaire pour condamner les incidents du 28 avril 2019 au nom de la paix.
Le silence entretenu par ce dernier sur les violences électorales qui ont touché en grande partie, les enfants de sa région natale semblent traduire implicitement sa caution ou du moins sa bénédiction.
Mais ceci à quel prix et à quelle fin ?
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Ces hypothèses, interrogations et appréhensions, font tout de même croire que la rivalité entre l’ancien chef d’Etat Boni Yayi et Patrice Talon s’est déportée sur la scène politique et seuls les innocents ignorants en paieront le prix fort.
En effet, selon le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, Sacca Lafia, les auteurs, co-auteurs et complices des actes de vandalisme le jour du scrutin seront punis conformément aux dispositions de la loi. Il faut évidemment donc s’attendre que des individus soient recherchés, traqués et interpellés par la Police.
Qui gagne quoi et qui perd quoi ?
Dans l’opposition béninoise, on semble se frotter fièrement les mains du fait que le scrutin du 28 avril soit émaillé des nombreux incidents. Des bureaux d’arrondissement ont été incendiés, des matériels électoraux saccagés, du matériel roulant de la police incendié, … la liste est longue.
Mais tout ceci pourquoi ? Pour la démocratie ? Pour un processus électoral inclusif ? Pour contester le régime Talon ?
La capitale économique du Bénin, Cotonou, porte toujours les scelles de la révolte du peuple contre le président Boni Yayi quand celui a voulu mettre la main sur le député de l’opposition Candide Azannaï en mai 2015.
Certains feux tricolores détruits à l’époque par les manifestants ne sont pas encore réparés. Aujourd’hui, Boni Yayi et Candide Azannaï sont des alliés politiques et les populations souffrent toujours des accidents et bouchons causés par le non fonctionnement des feux tricolores.
Eu égard de cette situation, on est en droit de se demander à quand les biens collectifs détruits le 28 avril seront reconstruit aux bénéfices des populations ?
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A trois jours des quatre ans de ce malheureux événement, un détachement militaire a encerclé le domicile de Boni Yayi au cœur de Cotonou.
Sans connaître les réelles motivations de cet assaut militaire, les populations, conscientes des tensions qu’il y a actuellement entre les anciens chefs d’Etat et Patrice Talon, ont alerté que Boni Yayi est en état d’arrestation.
La population s’est spontanément soulevée pour, dit-elle, empêcher l’arrestation de leur idole en cassant et en détruisant tout biens publics ou privés sur son passage.
Il est donc évident que le grand perdant de toute situation d’instabilité politique est le peuple. Mais est-ce que le peuple en a réellement conscience ?
Si pour Pierre Claude Victor Boiste dans Le Dictionnaire Universel, « La violence est le bras droit, et la ruse le bras gauche de la politique », au Bénin, les « adeptes de la violence » et les chantres de la « ruse » doivent savoir raison garder dans l’intérêt supérieur de la Nation, notamment dans l’intérêt des générations futures.