À l’heure où s’achève la mission Rosetta, la recherche spatiale, fruit de la curiosité des hommes, semble reprendre de la vigueur. Aux budgets publics s’ajoutent désormais des financements privés. Au risque d’introduire une certaine confusion entre tourisme spatial, création de ville spatiale, colonisation ou exploitation minière de planètes.
Juillet 1969 : Apollo 11 se pose sur la lune et Neil Armstrong prononce une phrase devenue culte : « Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité. »
Septembre 1997 : Sojourner est le premier robot mobile à se poser sur Mars. 2004 : les premières images panoramiques de Mars sont réalisées par le robot mobile (rover) Opportunity. Novembre 2014 : Philae réalise son « saut de l’ange » depuis la sonde spatiale Rosetta jusqu’à la comète Tchouri…
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Voici quelques exemples d’exploits à la fois technologiques et scientifiques qui ont enthousiasmé des millions de téléspectateurs et d’internautes, de tout âge, dans le monde entier. Est-ce le grand retour de la conquête de l’espace ?
Tout porte à le croire. Malgré la crise et la réduction des budgets publics. Et grâce au dynamisme et au goût du risque de quelques grands entrepreneurs essentiellement américains, pour la plupart des millionnaires issus du numérique. Une véritable surprise.
Finalité commerciale ou vocation scientifique
Toutefois, il convient de distinguer la conquête spatiale à finalité commerciale ou industrielle, et celle à vocation scientifique visant à accroître la connaissance de l’univers.
La première comprend par exemple l’envoi – moyennant finances – de touristes dans l’espace, la mise sur orbite de satellites d’observation de la Terre ou de télécommunication, ainsi que l’installation d’une base d’exploitation minière sur la Lune (notamment l’hélium 3, un carburant potentiel pour alimenter les futures centrales à fusion nucléaire).
Tandis que la seconde, appelée exploration spatiale, consiste à envoyer des sondes, automatiques ou habitées, d’abord dans le système solaire, comme sur Mars ou à la poursuite de comètes comme Tchouri, puis dans notre galaxie, la Voie lactée, voire plus loin encore.
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Cette dernière activité est encore, à ce jour, l’apanage des grands pays spatiaux que sont les États-Unis, la Russie, l’Union européenne – au travers de l’Agence spatiale européenne (ESA) et des agences nationales – mais aussi la Chine, l’Inde et le Japon.
Il faut pourtant constater, ces dernières années, l’énorme élan apporté par les entrepreneurs privés dans le domaine des lanceurs (fusées), un secteur très compétitif où s’affrontent Russes, Européens (avec la future Ariane 6) et Américains.
Coloniser la « planète rouge ».
Aujourd’hui, on compte au moins deux grandes entreprises privées qui, à plus ou moins long terme, se proposent d’envoyer des touristes dans l’espace, d’expédier un robot sur la Lune ou sur Mars, voire carrément de coloniser la « planète rouge ».
Ainsi en novembre 2015, Jeff Bezos, 45 ans, le fondateur des entreprises Amazon et Blue Origin, a été le premier à réussir le lancement de sa fusée New Shepard dans l’espace et à faire revenir le premier étage sur terre, au Texas. Ce lanceur réutilisable constitue une révolution technologique et permet une forte réduction des coûts.
D’ailleurs, Jeff Bezos vient d’annoncer la fabrication d’un plus gros lanceur, New Glenn, décliné en deux versions, l’une de deux étages (82 mètres), l’autre de trois étages (95 mètres). Cela en ferait la deuxième fusée la plus imposante de l’histoire après le mythique lanceur Saturn V des missions Apollo.
Fort de ces compétences, mais parfois qualifié d’utopiste, Jeff Bezos envisage « d’utiliser l’espace pour sauver la Terre ». Comment ? En créant des stations spatiales en orbite autour de la Terre : elles seraient spécialisées soit dans l’industrie lourde et la production d’énergie, soit dans les loisirs (hôtels, parcs d’attractions). Alimentées en énergie solaire, elles pourraient accueillir des millions de personnes.
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Elon Musk, innovateur tous azimuts
De son côté, Elon Musk, 45 ans, ingénieur en informatique, Sud-Africain naturalisé américain, a réussi huit lancements de sa fusée Falcon 9 depuis le début de l’année. Les six premiers étages de cette fusée ont pu être récupérés, en pleine mer, sur une barge automatisée.
L’homme est pour le moins un innovateur tous azimuts. Il est le fondateur de Space X, une entreprise partenaire de la Nasa, qui a déjà assuré plusieurs vols de ravitaillement de la station spatiale internationale (ISS) en orbite à environ 400 km.
Il est aussi le créateur de la voiture électrique Tesla, de Solar City et d’Hyperloop, une sorte de TGV se déplaçant à 1 000 km/h dans un tube.
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Certes, Elon Musk a connu un revers le 1er septembre : une fusée chargée d’un satellite de télécommunications a explosé lors d’un essai moteur au sol. Mais cet échec ne devrait pas l’empêcher de continuer : n’a-t-il pas prévu d’envoyer sa première capsule Dragon, montée sur la fusée lourde Falcon Heavy, vers Mars, dès 2018 ? Et les premiers humains, en 2025 ? Or, selon Barack Obama, la Nasa, elle, débarquerait seulement sur la planète rouge vers 2035.
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Une entreprise privée doublera-t-elle la Nasa ? Colon plus qu’explorateur, Elon Musk évoque la construction d’un grand vaisseau-cargo emportant une centaine de volontaires à chaque passage au plus près de la Terre tous les vingt-six mois. Il doit préciser ce projet au Congrès international d’astronautique de Guadalajara (Mexique) dans les jours à venir.
À la recherche de la vie primitive
En attendant, plusieurs missions d’exploration spatiale sont en cours. Toujours pour découvrir des traces de vie primitive (acides aminés, sucres, longues chaînes carbonées) et d’eau dans un corps céleste qui a à peu près le même âge que la Terre (4,5 milliards d’années), la mission américaine Osiris-Rex est partie ce mois-ci de Cap Canaveral pour un rendez-vous avec l’astéroïde Bennu en août 2018.
Cette sonde est un monstre de 500 m de diamètre. Elle est munie d’un collecteur-aspirateur de poussières. Elle devra, en véritable acrobate, délicatement effleurer l’astéroïde pour ramener des échantillons sur Terre en 2023. Une opération japonaise analogue, Hayabusa 2 (« Faucon pèlerin » en japonais), à laquelle participent Français et Allemands, est partie en 2014 : elle devrait, elle, rapporter des échantillons vers 2020.
En vue d’envoyer des hommes sur Mars, de nouvelles missions sont en cours ou en projet. Ainsi la mission russo-européenne ExoMars 2016, lancée depuis Baïkonour par une fusée Proton, sera en vue de Mars le 19 octobre.
Bardée de spectromètres, elle analysera les gaz présents dans l’atmosphère martienne. Et elle larguera l’atterrisseur expérimental Schiaparelli à la surface de la planète rouge, afin d’affiner la procédure d’atterrissage en vue de l’arrivée d’ExoMars 2018 en 2020. Sera déposé à ce moment-là unroverpour étudier sol et sous-sol jusqu’à 2 mètres de profondeur au moyen d’une foreuse.
Créer un village lunaire
Premier – et seul – objet non terrestre visité par l’homme, la Lune reste un objectif d’expérimentation. Et peut-être d’exploitation. Ce qui, au passage, pose un problème éthique comme jadis pour l’Antarctique, l’astre étant la propriété de l’humanité tout entière.
Toujours est-il qu’aujourd’hui, le nouveau directeur général de l’ESA, l’Allemand Jan Wörner, plaide pour créer un village lunaire (« Moon village »), qui pourrait succéder à la Station spatiale internationale financée pour le moment jusqu’en 2024.
Plusieurs partenaires, publics (dont la Nasa) et privés, se sont manifestés, les uns pour y envoyer des robots, d’autres des hommes, d’autres encore sont intéressés par les ressources minières de la Lune. À noter que la Russie et la Chine ont leur propre programme, Pékin ayant fait alunir une sonde automatique puis un véhicule téléguidé, « Lapin de jade », en 2013.
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Quoique plus discrète, l’exploration spatiale progresse également en périphérie de notre système solaire et même au-delà. Ainsi, depuis 2015, la sonde américaine New Horizons cartographie la planète naine Pluton, la sonde Dawn faisant de même pour la planète naine Cérès.
Enfin, en juillet, on a pu voir la sonde américaine Juno se mettre en orbite autour de la plus grande planète du système solaire, Jupiter, afin d’étudier son origine et sa composition, toujours mystérieuses.
Et la semaine dernière, mille jours après son lancement en 2013, le télescope spatial européen Gaïa a identifié un milliard d’étoiles. Un record ! Pourtant, cela représente moins de 1 % des étoiles de la Voie lactée qui en contient probablement entre 100 et 200 milliards.
Pour François Mignard, astronome au CNRS, « c’est une nouvelle page de l’astronomie qui s’ouvre. Un travail monstrueux mais passionnant ».
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