Au Royaume-Uni, les femmes noires ont beaucoup plus de risques de mourir de complications liées à la grossesse et à l'accouchement que les femmes blanches.
Les décès pendant la grossesse et l'accouchement sont rares. Mais selon une étude, le risque est plus élevé pour les femmes noires que pour les femmes blanches.
Selon une enquête britannique confidentielle sur les décès maternels, le risque de décès est de 1 sur 2 500 pour les femmes noires. Tandis qu'entre 2014 et 2016, le taux était cinq fois plus faible pour les femmes blanches.
Ces chiffres frappants ont poussé l'auteur de l'enquête à tirer la sonnette d'alarme : "le taux de mortalité, presque cinq fois plus élevé chez les femmes noires que chez les femmes blanches, nécessite une explication et des mesures urgentes".
Mais comment explique-t-on cela ?
Des célébrités comme Serena Williams et Beyoncé ont mis en lumière les difficultés que traversent les femmes noires lors de la grossesse et de l'accouchement.
La chanteuse Beyoncé s'est confiée sur sa prééclampsie - une hypertension artérielle combinée à une présence très élevée de protéines dans les urines - que les femmes noires risquent davantage de développer. Tandis que la joueuse de tennis, Serena Williams, a révélé qu'elle avait eu la chance de survivre à un "tas de complications de santé" après la naissance de sa fille.
Serena Williams s'est dite reconnaissante d'avoir eu accès à " une équipe médicale de médecins et d'infirmières incroyables dans un hôpital doté d'un matériel à la pointe de la technologie ".
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Pourtant, les femmes noires américaines n'ont pas toutes cette chance. Il est vrai qu'aux États-Unis, le taux de mortalité liée à la grossesse chez les femmes noires est trois à quatre fois plus élevé que chez les femmes blanches.
Même si des facteurs sociaux peuvent expliquer ces chiffres, une étude a montré que les femmes noires de la classe moyenne avaient plus de risques de mourir en couches que les femmes blanches de la classe ouvrière.
Ces chiffres s'expliquent en partie par les complications de santé dont souffrent les femmes noires. Mais d'autres facteurs sont à prendre en considération, notamment le recours inadéquat aux soins prénatals.
Le Dr Ria Clarke, qui se prépare à devenir consultante en obstétrique et gynécologie, a déclaré en janvier dernier à la conférence ''Pregnant Then Screwed'' (enceinte donc fichues) que les femmes noires et asiatiques étaient plus susceptibles d'être touchées par des problèmes sociaux et économiques.
"Nous savons qu'il y a des raisons médicales", explique-t-elle. "Nous savons aussi que si vous avez une situation professionnelle et une vie défavorisée, si vous vivez dans un logement insalubre, cela peut avoir des conséquences sur votre santé et vous pouvez voir comment cela peut jouer sur la mortalité".
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Mais elle précise que ce le tableau est peut-être encore incomplet.
"Nous devons parler du fait que les femmes noires n'ont peut-être pas l'impression qu'on les prend au sérieux, ce qui pourrait les rendre moins enclines à révéler ce qu'elles ressentent'' avertit le Dr Ria Clarke.
"C'est urgent parce que les femmes meurent et si ce n'est pas dû à des préjugés raciaux, nous devons savoir pourquoi [cela arrive]" s'alarme-t-elle.
Candice Brathwaite pense avoir été victime de discrimination raciale lorsqu'elle a donné naissance à sa fille.
Elle raconte qu'elle a été traitée différemment des autres mères qui étaient dans la même situation qu'elle, et que les futures mères blanches "semblaient être écoutées plus sérieusement et avec de l'empathie" - une approche, selon elle, qui s'est révélée absente dans ses soins.
Après une césarienne, lorsqu'elle Candice a alerté le personnel soignant qu'elle se sentait "plus mal que prévu'', elle a eu le sentiment de ne pas être écoutée, peut-être, selon elle, à cause de sa couleur de peau.
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"On m'a dit : "Tu penses trop, c'est ton premier enfant''. Mais quelques heures plus tard, après être retourné à l'hôpital avec… une septicémie , le personnel soignant l'emmène sur-le-champ aux blocs. Attendre plus longtemps, c'était prendre le risque ''qu'elle ne soit définitivement plus là''.
''J'étais tellement épuisée que je n'ai pu que rire et leur rappeler : " Je vous l'avez bien dit, je ne me sentais pas bien ".
"Les hôpitaux britanniques doivent admettre que les préjugés raciaux existent. Il doit y avoir une meilleure formation pour que le personnel puisse facilement se remettre en question : "Est-ce que je réagis différemment avec cette personne et pourquoi ?".
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Candice, mère de deux enfants, a voulu raconter son histoire afin d'encourager la libération de la parole : "chaque fois que je partage mon histoire, d'autres femmes noires partagent leur histoire avec moi".
Dans un post sur Instagram, elle a expliqué que les chiffres confirmaient ce qu'elle et d'autres femmes noires avaient longtemps pensé - que leurs préoccupations et leurs craintes étaient souvent ignorées.
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"Pendant si longtemps, les femmes britanniques noires ont dû s'appuyer sur les statistiques venant des États-Unis pour valider leurs propres histoires de grossesse et d'accouchement ", écrit-elle.
"Les femmes noires ont désormais des données pour valider ce que nous savions déjà".
Mars Lord, une ''doula'' qui accompagne et aide les femmes pendant l'accouchement, pense que l'un des problèmes est que les discussions sur les préjugés raciaux dans les soins de maternité sont " souvent interrompues " par ceux qui se sentent mal à l'aise avec cette idée.
"Nous devons avoir cette conversation inconfortable sur la race et le racisme systémique dans la société " insiste-t-elle.
Selon le Dr Clarke, d'autres facteurs entrent en jeu, notamment la culture et le récit de la "femme noire forte", qui empêchent certaines d'entre elles de parler de leurs soucis pendant la grossesse et l'accouchement.
Candice Brathwaite, a lancé une campagne sur les réseaux sociaux intitulée ''Make Motherhood Diverse'' (Rendre la maternité diverse) afin de mettre en avant les histoires de mères de différentes origines.
Elle raconte que la génération de ses grands-parents avaient pour habitude de garder le silence sur tout ce qui avait trait à la douleur et aux traumatismes.
Ce comportement a influencé la manière dont sont traité les femme noires - même par des femmes de leur propre race.
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"On croit que les femmes noires ressentent moins de douleur", affirme-t-elle. "Beaucoup de femmes noires plus âgées croient que notre dos ne peut pas se casser, les sages-femmes noires n'hésiteraient pas à me dire juste de me calmer".
Le NHS (National Health Service), le système de santé national britannique, cherche à savoir pourquoi y-a-t-il un taux plus élevé de mortalité maternelle chez les Noirs au Royaume-Uni.
Un rapport de suivi sera mené par l'Unité nationale d'épidémiologie périnatale, qui espère "identifier des moyens clairs de réduire la disparité dans la mortalité chez les femmes noires et asiatiques".
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Le NHS a déclaré que les femmes verraient désormais la même sage-femme une ou deux fois tout au long de leur suivi par les services de santé.
"D'ici à 2024, 75 % des femmes des communautés noires, asiatiques et d'autres minorités ethniques, plus un pourcentage similaire de femmes des groupes les plus démunis, recevront des soins en continu de leur sage-femme pendant la grossesse, l'accouchement et la période postnatale", selon l'institution.
"Cela aidera à réduire les naissances prématurées, les admissions à l'hôpital, le besoin d'intervention pendant l'accouchement", souligne le NHS.
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Le Collège royal des obstétriciens et gynécologues du Royaume-Uni réclame d'urgence une stratégie nationale concernant la santé des femmes.
"Nous savons que les inégalités rendent l'accès aux services de santé difficile pour les femmes - en particulier celles qui sont issues des minorités-", a déclaré sa présidente, Professeur Lesley Regan.
"Chaque mort est une mort de trop et laisse des familles orphelines complètement dévastées'' a-t-elle déploré.
"C'est pourquoi nous réclamons une stratégie nationale pour la santé des femmes afin de nous assurer que les améliorations apportées aident les femmes, peu importe d'où elles viennent'' espère-t-elle.
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