Les livraisons d’armes, qui continuent malgré l’embargo, sont le carburant de la guerre provoqué par l’offensive du maréchal Haftar sur Tripoli.
« Les armes affluent à nouveau de tous les côtés. » L’amer constat dressé, mardi 21 mai, à New York, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, par Ghassan Salamé, le chef de la mission d’appui des Nations unies en Libye, donne la mesure de l’impasse militaire à Tripoli, près de sept semaines après l’attaque de la capitale par l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar.
Dans cette déclaration au ton alarmiste inhabituel, M. Salamé anticipe un conflit de longue durée. « Je ne veux pas jouer les Cassandre, mais la violence aux abords de Tripoli n’est rien d’autre que le début d’une guerre longue et sanglante sur les rives sud de la Méditerranée. »
Débarquement de blindés, usage de drones armés
Quelques jours plus tôt, le 18 mai, des images largement diffusées sur les chaînes de télévision libyennes montraient le débarquement sur le port de Tripoli de dizaines de véhicules blindés de type MRAP de fabrication turque.
Une telle livraison au profit des forces loyales au gouvernement d’« accord national » (GNA) de Faïez Sarraj bafoue l’embargo sur la fourniture d’armes en Libye voté par le Conseil de sécurité en 2011.
Elle n’est pas la première. M. Salamé, qui a dénoncé cette « violation flagrante », a précisé qu’elle « [faisait] suite aux livraisons précédentes et en cours d’armes légères interdites à l’ANL, placée sous le contrôle d’Haftar ».
L’escalade dans les ingérences étrangères semble se confirmer chaque semaine.
L’usage de drones armés par le camp d’Haftar, identifiés par l’expert Arnaud Delalande comme des Wing Loong 2 de fabrication chinoise, probablement acquis par les Emirats arabes unis, voire les Egyptiens, a apparemment fait école.
Des sources à Tripoli évoquent la possible acquisition parallèle par les forces du GNA de drones afin de contrer la supériorité aérienne que s’était taillée jusque-là l’ANL d’Haftar.