Des pantalons qui étirent la jambe, des manteaux qui caressent les hanches, des couleurs qui claquent, le défilé de Brandon Maxwell, présenté le 11 février lors de la Fashion Week new-yorkaise, est une réussite. D’autres nouveaux talents ont moins convaincu.
Il y a comme une envie dans l’air depuis le début de la Fashion Week de New York, jeudi 8 février : un élan vers une mode plus glamour et sophistiquée après des années de sweat-shirts, baskets. Ce frisson-là ressemble aussi à une réponse bravache aux scandales de harcèlement qui touchent Hollywood, mais aussi la mode et le monde entier.
Le show du Texan Brandon Maxwell illustre à merveille ce propos. Son défilé, présenté le 11 février, sur fond de paysage urbain vertigineux et embué par la pluie, était une ode moderne aux années 1970.
Pantalons évasés qui étirent la jambe à l’infini, vestes et manteaux drapés qui soulignent la taille et caressent les hanches, des tailleurs-pantalons aux proportions impeccables, des mailles qui glissent sur la peau, des couleurs qui claquent (du jaune solaire, un rouge « cœur qui bat ») : une femme en Brandon Maxwell ne passe pas inaperçue, et elle n’en a pas l’intention.
Le styliste a d’ailleurs déjà habillé Lady Gaga et Michele Obama.
Sur le podium, les filles sont magnifiques, menées par la féline Joan Smalls. Elles aiguisent l’envie de rejoindre cette armada glamour qui gagne peu à peu la salle. Cette mode ne va clairement pas à tout le monde mais fait rêver.
Créer le désir reste plus que jamais le moteur de la mode, avec une nuance d’importance dans le cas de Brandon Maxwell : c’est aux femmes qu’il veut faire plaisir, pas aux hommes. Ce petit détail explique le succès croissant de cet angoissé attachant venu saluer le public en compagnie de toute son équipe.
[caption id="attachment_4523" align="aligncenter" width="968"] Sies Marjan. Sies Marjan[/caption]Rater une collection, même quand on a du talent, cela arrive à tous les stylistes. Sander Lak, le fondateur de Sies Marjan, un label branché installé aux Etats-Unis, fait cette saison les frais de cette réalité. Capable de donner envie aux fans de noir les plus convaincus de s’habiller en mauve ou rose Lurex, ce surdoué de la couleur a raté son colorama. Les marrons ternes, roses sales et autres dégradés de caramel orangé plombent ses silhouettes romantiques et minimalistes.
A revoir la saison prochaine.
Lancé en 2011, Eckhaus Latta, label qui monte sur la scène new-yorkaise, est l’œuvre conjointe de deux Américains : Zoe Latta et Mike Eckhaus. Sensible et volontairement disgracieux, leur style est en contradiction avec l’esprit d’entreprise positif à l’américaine, celui qui anime un certain Donald Trump. Les créateurs sont un peu les anti-Brett Easton Ellis de la mode.
Leurs silhouettes ont l’air pauvres, affichent un côté rapiécé qui trahit une âme fragile au bord de la crise d’angoisse sociale. Leur casting incarne autant la diversité que la banalité.
Modèles transgenres ou aux formes amples, septuagénaires, etc. : la cabine compose un échantillon de la population « normale », en écho avec la salle, remplie de fans de la marque. Celle-ci fait partie de ces nouvelles griffes qui sont pensées comme l’incarnation d’un état d’esprit.
Leur plus gros défi est de transformer tout cela en vêtements vendables, en business. Puisque la mode, c’est aussi ça, en 2018.