En Allemagne, un compromis de circonstance est en passe d’être conclu entre conservateurs et sociaux-démocrates allemands, entre deux partis de centre-droit et un parti de centre-gauche pour conjurer un danger commun : l’avancée politique de l’extrême droite identitaire adepte du nazisme. Un compromis est donc en passe d’être conclu au nom de l’intérêt général qui transcende les intérêts particuliers partisans afin de sauvegarder l’unité et la pérennité de la Nation.
Le journal Le Monde note, à propos de ce compromis, que « s’il constitue l’ébauche d’un programme de gouvernement pour les quatre ans à venir, il s’agit avant tout d’un compromis de circonstance qui vise à éviter ce que les dirigeants des trois partis, à l’instar d’une majorité d’Allemands, redoutent au plus haut point : la tenue de nouvelles élections, quelques mois seulement après celles du 24 septembre, qui ont vu l’extrême droite entrer au Bundestag pour la première fois depuis la seconde guère mondiale ».
Pour rendre possible un tel compromis, chacun des deux camps a dû reculer sur certains points relativement aux visions sociopolitiques et économiques opposant la droite libérale et la gauche socialiste « tout en veillant à imposer sa propre marque ici et là ».
A supposer que les dirigeants politiques et les ivoiriens aient tiré pleinement toutes les leçons de l’amère expérience de l’exercice du pouvoir d’Etat par l’extrémisme de droite et de gauche rassemblé sous le nationalisme identitaire et le populisme révolutionnaire , la menace de son retour politique impose, au PDCI au RDR et aux divers partis de la coalition RHDP, un compromis de circonstance dans le projet de parti unifié.
En Côte d’Ivoire, ce compromis de circonstance devrait être facilité parce qu’il réunit des partis libéraux du centre droit à la différence de la grande coalition allemande qui réunit deux partis de centre-droit et un parti de centre-gauche.
Les efforts conjugués consacrés par les acteurs politiques des trois partis allemands pour sceller une coalition de gouvernement entre la CSU/CDU libéral d’Angela Merkel et le SPD social-démocrate de Martin Schulz, pourraient donc inspirer les membres de la coalition ivoirienne RHDP. Ces efforts pourraient nourrir leurs réflexions et leurs actions.
Une coalition politique est toujours un accord de gouvernement entre des partis politiques d'obédiences différentes ayant des programmes politiques, économiques et des projets sociétaux de type républicain divergents mais néanmoins complémentaires selon les circonstances historiques.
Au cœur de la coalition il y a des discussions et des compromis basés sur le consensus républicain et la considération de l'intérêt général par delà les intérêts particuliers personnels et partisans.
Au-delà de l’alternance du pouvoir, il s’agit donc en Côte d’Ivoire de restructurer la coalition RHDP sur la problématique de la complémentarité des programmes politiques, économiques et sociaux de gouvernement en vue de la Présidentielle 2020.
Les compromis devraient s’ordonner sur les divergences partisanes entre le conservatisme et le libéralisme ivoirien relativement aux problématiques économiques et sociétales de ces obédiences.
Le PDCI est un parti démocratique conservateur. Le RDR est un parti républicain libéral d'orientation progressiste. Les deux partis souscrivent au capitalisme libéral et à ses valeurs politiques sociales et économiques comme en atteste la gouvernance de la coalition.
La problématique est d’en faire l’objet du débat dans le Haut Comité et dans les bases. Les visions et les divergences sociétales, programmatiques politiques, économiques entre les membres de la coalition devraient être clairement formulées et le débat politique devrait s’organiser autour de ces divergences.
En Allemagne les points de friction et d’achoppement qui problématisent la grande coalition CDU-SPD et appellent au compromis portent sur la contradiction opposant une vision libérale et conservatrice de l’économie et de la société à une vision social-démocrate.
Quelles sont donc les contradictions entre la vision politique économique et sociale du PDCI et du RDR ? Quels sont les compromis possibles qui permettraient de les surmonter ?
En présupposant que les deux partis souscrivent, comme il se doit au consensus sur les valeurs de la Démocratie républicaine, le problème de la restructuration de l’alliance RHDP en parti unifié c’est-à-dire rassemblé comme plateforme électorale et comme coalition de gouvernement est donc soluble.
Les compromis indispensables à la résolution de ce problème, la fécondité des négociations qui permettraient d’y parvenir reposent toutefois sur certaines conditions absolues incontournables. La conscience et le sens de l’intérêt général de la Nation doivent prévaloir sur les intérêts particuliers d'appareils et de personnes.
Des sommets partisans aux bases électorales des parties prenantes de la coalition RHDP, la conviction et consensus républicains doivent être fermes et communément partagés. Les sommets doivent pouvoir expliquer aux bases la nécessité vitale de certains compromis difficiles. Les visions politiques et des projets sociétaux partisans doivent être clairement formulés et partagées.
Les stratégies d’appareils devront donc nécessairement couplées à la formulation pédagogique et à la discussion des visions politiques et des projets sociétaux partisans dans toutes parties-prenantes de la coalition. Cette innovation politique indispensable est requise par l’évolution sociologique de l’électorat ivoirien et par la situation historique de la Côte d'Ivoire. Elle est vitale.