Programme politique et du projet sociétal de l’houphouëtisme en Côte d’Ivoire. L’affrontement politique africain est habituellement caractérisé par une dérive personnaliste et une confusion idéologique.
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La problématique politique capitale du continent, depuis son ouverture à la démocratie multi-partisane, est donc celle du recentrage idéologique, programmatique et sociétal de l’affrontement politique. Sur ce plan, la gouvernance du RHDP ivoirien a innové en se situant, depuis 2011, résolument au centre-droit, et en appliquant un libéralisme social d’inspiration houphouëtiste, marqué par l’intervention de l’État agissant comme acteur de développement dans le cadre de l’économie libre de marché.
Cette gouvernance programmatique, qui s’inscrit idéologiquement dans l’une des obédiences de la démocratie républicaine pluraliste, constitue bel et bien un tournant d’exemplarité en Afrique.
Comparativement, entre 2000 et 2011, en comptant les mois durant lesquels Laurent Gbagbo s’accrochait au pouvoir, refusant sa défaite électorale due à sa dérive dans le nationalisme identitaire, le FPI avait trahi le programme et le projet sociétal de la social-démocratie.
Convoqué pour que la base du parti se prononce pour l’adhésion ou le refus du Parti unifié, le résultat du congrès du RDR a une valeur d’exemplarité.
Il importe en effet de souligner que le RHDP, parti unifié, n’est qu’une formule de coalition pérenne permettant d’inscrire, dans la continuité et dans la durée, le programme du libéralisme social d’inspiration houphouëtiste.
Le consentement démocratique de la base du parti est donc politiquement significatif dans une Côte d’Ivoire marquée par la dérive personnaliste de l’affrontement politique et par le culte de la personnalité.
Indifférent aux programmes partisans, dominé par des acteurs politiques qui se définissent en hommes forts et en hommes providentiels, cet affrontement est polarisé sur l’accaparement et la confiscation du pouvoir d’Etat fétichisé.
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De manière symbolique, dans une forme d’acte manqué qui témoigne de l’enracinement de cet habitus, certains acteurs politiques ont vu, dans la signature de l’accord de création du RHDP parti-unifié, une tentative de restaurer le parti unique. D’autres y ont vu une ruse ourdie par le RDR pour refuser l’alternance du pouvoir.
Au sein du RDR lui-même, des tenants minoritaires des anciennes représentations du politique ont cédé à l’habitus du culte de la personnalité.
Ils ont voulu voir, dans ce congrès, la célébration d'une personne, alors qu'il fallait y voir la victoire, en Côte d’Ivoire, d’une conception démocratique du parti et de l’action politique, qui transcende les personnes.
Le congrès du RDR a fait ressortir, en notre pays, ce principe d’exemplarité de l’action politique : l’unité d’un parti politique autour du programme et du projet sociétal d’une obédience de la démocratie républicaine pluraliste.
En substance, l’objet ultime des congrès des parties prenantes du RHDP est de consulter les bases partisanes, relativement à la continuité du programme, du système de valeurs et du projet sociétal de l’houphouëtisme, dont le RHDP est l’instrument politique.
Concrètement, il était demandé à la base partisane du RDR de se prononcer pour ou contre la continuité du modèle politique ivoirien, dans un contexte national marqué par la menace du nationalisme et des populismes.
Ce modèle ivoirien est celui d’une société ouverte, caractérisée par l'alliance des identités culturelles et de la rationalité économique. Depuis la gouvernance du RHDP en 2011, il est aussi défini par le dialogue de l'innovation et des mouvements sociaux. Il est antithétique au modèle fermé que propose le nationalisme identitaire et le populisme, comme en témoigne la parenthèse catastrophique des années 2000 à 2011.
Précédée par celle du PIT au parti unifié RHDP, l’adhésion du RDR prouve un ancrage républicain et démocratique des bases partisanes et d’un certain nombre de partis en Côte d’Ivoire.
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Le congrès du RDR réfute donc, dans la forme et dans le principe, toutes les représentations surannées qui continuent de grever l’action politique et partisane en Côte d’Ivoire, telles celles qui définissent le parti comme héritage patrimonial coutumier d’un groupe ethnique ou d’une communauté.
Il dément les représentations qui en font un instrument d’accaparement du pouvoir. Il contredit les représentations autocratiques qui ouvrent la porte aux coalitions cyniques, opportunistes et non programmatiques.
En démocratie républicaine pluraliste, on vote un programme politique, un système de valeurs et un projet de société, incarné par un parti et par une personne, qui prouve par son discours et son action politique sa capacité à les porter.
Au RDR, le choix des primaires, pour désigner le candidat du parti selon des critères de conviction idéologique libérale, intègre l’impératif démocratique de l’élection. La prétention à être le candidat d’un parti et à concourir pour le pouvoir suprême doit être justifiée par la capacité personnelle d’incarner son obédience idéologique partisane, de porter son programme et son projet sociétal.
Ces innovations politiques décisives permettent de dire que le congrès du RDR initie, dans la continuité de la gouvernance programmatique du RHDP, un tournant dans l’histoire du progrès de la démocratie pluraliste ivoirienne.
Il importe d’en saisir le sens et d’en prendre la pleine mesure sur l’échiquier politique national.