La France est prête à “renforcer son engagement” au Sahel dans la lutte contre les groupes terroristes, a déclaré samedi Emmanuel Macron, qui a appelé en parallèle à favoriser la “rapidité opérationnelle” de la force conjointe du G5.
En visite au Niger, “allié et ami”, le président français a annoncé une aide supplémentaire de 10 millions d‘euros en faveur de la scolarisation des jeunes filles, l‘une des priorités du programme de développement impulsé par Mahamadou Issoufou.
Cette enveloppe s‘ajoute aux 15 millions d‘euros d‘investissements déjà consentis par la France en faveur de la politique éducative au Niger. Paris s‘est engagé à la mi-décembre à débloquer 400 millions d‘euros sur la période 2017-2021 en faveur de Niamey.
Au lendemain d‘une adresse aux troupes françaises sur la base de Niamey, où il a partagé avant l‘heure un dîner de fête avec des militaires de l‘opération Barkhane, Emmanuel Macron, qui était accompagné de la ministre des Armées Florence Parly, a souligné que la priorité restait la lutte contre le terrorisme.
“La France est prête, non seulement à maintenir, mais si besoin était à renforcer son engagement dans la région parce que le combat contre le terrorisme au Sahel est à mes yeux essentiel”, a-t-il déclaré lors d‘une conférence de presse au côté de son homologue nigérien.
“Le combat n‘est pas gagné aujourd‘hui (...), il est indispensable non seulement de maintenir mais d‘améliorer encore notre agilité sur le terrain, d‘innover davantage et de concentrer nos priorités sur les régions identifiées comme étant les plus vulnérables”, a-t-il ajouté.
“CE N‘EST PAS UN SUJET D‘ARGENT”
Vendredi soir, lors de son adresse aux troupes françaises, le chef de l‘Etat avait insisté sur la nécessité de ne pas “laisser le Sahel aux organisations terroristes que nous sommes en train en ce moment même de défaire au Levant”.
Dans la droite ligne de la réunion de la Celle-Saint-Cloud du 13 décembre, Emmanuel Macron a réitéré la nécessité d‘aller vite pour rendre pleinement opérationnelle la force du G5 Sahel (Niger, Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Tchad), dont la vocation est d‘appuyer - et à long terme de relayer - Barkhane avec un effectif programmé de 5.000 hommes au printemps 2018.
Il a annoncé que Florence Parly présiderait le 15 janvier prochain une réunion ministérielle avec les parties prenantes “pour que l‘ensemble des détails opérationnels puissent être mis en oeuvre dans les meilleurs délais”.
Pour Emmanuel Macron, “ce n‘est pas un sujet aujourd‘hui d‘argent, c‘est un sujet de rapidité opérationnelle”.
“Je souhaite que dès février nous ayons à nouveau des opérations conjointes effectives sur le terrain” en vue de “victoires claires” au premier semestre contre les djihadistes, a-t-il dit, après l‘expérience mitigée d‘un premier déploiement fin octobre aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
Aujourd‘hui, l‘objectif est de clarifier “les conventions bilatérales, les éléments de mise à disposition des bataillons et des forces de chaque armée à l‘endroit de la force G5 Sahel”, a-t-il précisé, faisant état d‘obstacles juridiques.
CRISE MIGRATOIRE
Engagé dans la lutte anti-djihadistes, singulièrement contre Boko Haram, et partageant une frontière avec une Libye plongée en plein chaos, le Niger doit également composer avec un défi migratoire en tant que pays de transit.
Dans l‘esprit de son discours du 28 novembre à Ouagadougou, où il avait présenté l‘Afrique comme le “continent de l‘avenir”, Emmanuel Macron a réaffirmé que le développement était la première des réponses à la crise migratoire.
La priorité absolue, a-t-il martelé, est de “permettre à chaque jeune, ou moins jeune, d’être formé dans son pays, de s‘y développer, de pouvoir s‘y établir, nourrir sa famille et y construire un avenir”. Il a salué l‘expérience nigérienne, notamment de scolarisation des filles, comme “un exemple”.
Se défendant de dicter au Niger ses choix, il a précisé que la France interviendrait “en aidant directement les familles pour que le choix de la scolarisation prime sur d‘autres considérations”, “en soutenant l‘accès au planning familial et en prévenant les mariages forcés”.
Le président nigérien a insisté en parallèle sur l‘urgence d‘un règlement de la crise libyenne : “Tant qu‘il n‘y aura pas de sortie de crise en Libye, il n‘y aura pas de stabilité dans les pays du Sahel”.
“Les véritables demandeurs d‘asile sont rares dans le cadre de la situation libyenne”, a estimé Emmanuel Macron. “C‘est avant tout un sujet de trafiquants, de réseaux illégaux et de migration économique et bien souvent de la misère”, a-t-il dit, promettant une lutte résolue contre les trafics d’êtres humains.
https://www.kafunel.com/?p=514&feed_id=523447