Le Parlement d'Israël a adopté jeudi une loi définissant le pays comme "l'État-nation du peuple juif". Un texte jugé "raciste" par le député arabe israélien Jamal Zahalka, interrogé par France 24. Les députés israéliens ont approuvé, jeudi 19 juillet, un projet de loi controversé qui consacre Israël comme "l’État-nation du peuple juif ".
Plusieurs députés arabes ont bruyamment exprimé leur indignation après le vote de ce texte, qui ne reconnaît le droit à l'autodétermination qu'aux juifs. Ils ont déclaré que la démocratie israélienne était morte, alors que la loi en question entre dans la catégorie des lois fondamentales, qui font office de Constitution en Israël.
Interrogé par France 24, Jamal Zahalka, député arabe de la Liste arabe unie au sein de la Knesset, a dénoncé une nouvelle donne qui instaure "un régime d’apartheid".
France 24 : Comment avez-vous réagi à l’annonce du résultat du vote de ce projet de loi ?
Jamal Zahalka : Notre première réaction, avec mes collègues député arabes, a été de se lever et de déchirer le texte de cette loi, car elle est contraire à la démocratie, raciste et colonialiste. Techniquement elle institue un régime d’apartheid, puisqu’elle légalise deux types de citoyenneté, une de première catégorie pour les juifs, et une autre de seconde catégorie pour nous, les arabes.
Cette loi garantie des droits politiques pour les juifs, comme le droit à l’auto-détermination.L’État et ce pays leur appartient, puisque le texte consacre des droits sur la terre également, car il encourage et appuie ouvertement la colonisation juive. En somme, Israël est devenu un État juif non-démocratique.
Quelles peuvent les conséquences de ce vote ?
Cette nouvelle loi porte en elle plusieurs dangers. Elle aura notamment une grande influence sur les nouvelles lois qui seront votées par les députés, et qui seront par conséquent basées sur ces principes discriminants. Il en va de même pour les décisions judiciaires qui seront prises dans les tribunaux, qui favoriseront automatiquement les citoyens juifs.
Cette nouvelle donne entérine également le fait que Jérusalem, dans son ensemble, est la capitale d’Israël, ce qui, combiné au fait qu’elle favorise et encourage la colonisation juive dans les Territoires palestiniens, compromet tout accord de paix basé sur une solution à deux États.
Comment comptez-vous, en tant qu’élu, vous opposer à cette nouvelle donne ?
C’est une loi que l’on ne peut pas changer car il faut une majorité parlementaire pour y parvenir. Cette nouvelle donne, qui nous a été imposée, a été adoptée par une courte majorité.
Israël a enfreint tous les principes en matière de révision constitutionnelle, qui exige généralement, dans tous les pays démocratiques, un large consensus et une entente politique. Or le point de vue des Palestiniens, en tant que citoyens de ce pays, n’a pas été pris en compte.
Résultat, cette Constitution établit que l’identité légale de l’État est une identité ethnique juive, au détriment des enfants du pays que nous sommes. De son premier à son dernier mot, cette loi instaure une discrimination raciale.