Repenser la structure économique des médias... J’ai proposé dans mon livre Sauver les médias. Capitalisme, financement participatif et démocratie (Le Seuil, 2015) un nouveau modèle, la société de médias à but non lucratif, pour faire face à ces défis.
À mi-chemin entre le statut de fondation – les sommes investies le seraient une fois pour toutes et ne pourraient être récupérées (il n’y aurait pas non plus de dividendes) – et celui de société par actions, ce statut radicalement nouveau permettrait de repenser le partage entre capital et pouvoir.
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Ainsi, les plus gros actionnaires extérieurs verraient leur pouvoir limité. Par exemple, au-delà de 10 % du capital, leurs droits de vote n’augmenteraient que pour un tiers de leur apport en capital, et les droits de vote des plus petits actionnaires seraient augmentés d’autant.
Parallèlement se développeraient des opérations de financement participatif (crowdfunding) et les sommes investies par les particuliers pourraient être défiscalisées.
Repenser la structure économique des médias
En plus d’apporter des ressources supplémentaires aux médias, ce type de financement permettrait de mieux garantir l’indépendance de l’information.
17Bien sûr la société de médias à but non lucratif n’est pas la seule solution à la crise des médias, et d’autres solutions doivent être mises sur la table et discutées.
Mais il faut avoir conscience que les atteintes à la liberté des médias et à l’indépendance des journalistes – dans le contexte de crise actuelle – sont autant d’atteintes au bon fonctionnement de nos démocraties.
Cela rend nécessaire plus que jamais l’étude de l’économie des médias.
Notes
[1]
Si une entreprise automobile vend moins de véhicules, sa chaîne de production tourne au ralenti, et le chômage technique pousse le gérant à se défaire d’une partie de ses ouvriers, sans que cela n’affecte la qualité des voitures qui continuent à être produites.
En d’autres termes, la main-d’œuvre nécessaire à la production varie avec la demande : on produit moins de voitures avec moins de salariés, et c’est tout.