Des propositions pour réglementer la publicité au Sénégal (CNRA)

Le marché publicitaire sénégalais enregistre une croissance continue depuis plusieurs années mais reste très peu encadré. Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a donc initié une rencontre des principaux acteurs du secteur, afin de plancher sur des propositions de réglementation.

La croissance continue du marché de la publicité au Sénégal semble être proportionnelle à la confusion et l’anarchie qui y règnent depuis plusieurs décennies. Ainsi, personne, ni au niveau de l’État ni chez les professionnels, n’est en mesure d’établir avec certitude le chiffre d’affaires que ce secteur génère annuellement, faute de statistiques fiables.

Dans la capitale sénégalaise et sa grande banlieue, affiches, pancartes et panneaux publicitaires sont omniprésents et leur implantation échappe à toute réglementation. Enfin, le contenu des annonces publicitaires se soustrait le plus souvent à tout contrôle.


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Se saisissant de ce constat, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a engagé le débat pour une meilleure gouvernance du secteur, et a réuni à Dakar, les 6 et 7 août, les principaux acteurs du secteur. À l’issue de ces deux journées d’échanges, différentes propositions ont été formulées.

  • Adopter un nouveau texte de loi

Les professionnels ont réclamé l’adoption de nouveaux textes régissant la publicité. La loi dernière loi sur le sujet (N° 83-20) a en effet été promulguée en janvier 198 , mais n’a jamais été appliquée faute de décret d’application.

« Cette loi prévoit la mise en place d’une entité centrale chargée d’encadrer les activités publicitaires, à l’instar de l’Agence malienne de presse et de publicité [Amap] ou du Conseil supérieur de la publicité [CSP] en Côte d’Ivoire. Dans ces pays, personne n’ose plus faire de publicité sans passer par les agences, dont les activités sont bien réglementées », expliquait l’année dernière à Jeune Afrique Mohammed Badiane, le porte-parole de l’Association professionnelle des régies publicitaires du Sénégal (APRPS).

  • Créer un gendarme du secteur

Les acteurs appellent ensuite de leurs vœux l’institution d’un organe de régulation de la publicité, doté de vrais pouvoirs de contrôle et de sanction des dérives éventuelles.

Sur ce point, les différents acteurs ont pointé le grand retard du Sénégal comparé, par exemple, à ses voisins malien et ivoirien déjà dotés de telles structures.

  • Des garde-fous pour les professionnels

D’autres mesures ont fait l’objet de débat. Il s’agit notamment de la création d’un agrément pour les professionnels du secteur et de la rédaction d’un code de la publicité.

Celui-ci « parachèverait le dispositif existant, qui comprend le Code des télécommunications et celui de la presse », précise l’expert audiovisuel Mamadou Baal.

Excepté une poignée d’entrepreneurs spécialisées, la plupart des acteurs de ce marché ne sont, le plus souvent, pas formés aux règles et exigences du métier, ont en outre constaté les participants à cette rencontre.

Les agences dûment agréées estiment que la viabilité de leurs activités est, à terme, compromise puisque court-circuitées par des concurrents informels. L’édiction de conditions précises d’accès à la profession constitue donc une autre des demandes des principaux acteurs du marché.

Les maux du marché publicitaire diagnostiqués, reste l’enjeu de l’application des thérapies car « on note parfois une absence de volonté dans la régulation du secteur », relève Babacar Touré, le président du CNRA sur le départ après avoir exercé un mandat de six ans.

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