Le rêve brisé de Martin Luther King à l’ère de Trump

Le pasteur Martin Luther King rêvait d'une Amérique sans discrimination où les gens, peu importe leur race, vivraient en harmonie dans une société plus juste. Cinquante ans après sa mort, les États-Unis sont loin d'être la terre d'accueil et d'ouverture qu'il aurait souhaitée.

King a porté ce rêve de justice raciale à bout de bras jusqu’à son assassinat à Memphis, le 4 avril 1968, dont on souligne cette semaine le 50e anniversaire.

La désobéissance civile pacifique, inspirée de celle de Gandhi, en Inde, lui a valu des menaces, des coups, la prison (il a été arrêté 29 fois) et le Nobel de la paix en 1964.

Du boycottage des autobus publics à Montgomery, en Alabama, en 1956, jusqu’à la Marche sur Washington pour l’emploi et la liberté, en 1963, Martin Luther King et son mouvement ont donné des ailes à toute une génération d’Afro-Américains.

Des progrès en éducation

La dure bataille pour les droits civiques aura amélioré leur sort particulièrement en ce qui concerne l'éducation. Aujourd’hui, 84 % des Noirs aux États-Unis possèdent un diplôme d’études secondaires. Une augmentation de 31 % depuis 1970.

De plus, 20 % d'entre eux ont un diplôme universitaire de premier cycle.

À la Cour fédérale des États-Unis, 184 juges sont de race noire, tandis que dans le secteur privé, ce sont 3 % des patrons qui le sont.

Et 44 % des familles afro-américaines vivent dans une maison dont ils sont propriétaires.

Des chiffres aux allures modestes, mais qui représentent tout de même des avancées dans cette lutte pour l’égalité au coeur du combat de Martin Luther King.

Les victoires les plus éclatantes de King auront été l’adoption par le Congrès du Civil Rights Act, en 1964, puis celle du Voting Rights Act, en 1965. À partir de cette date, les droits civiques des Noirs et leur droit de vote seront dorénavant reconnus par la loi.

[caption id="attachment_6676" align="alignnone" width="968"]Le 28 août 1963, des centaines de milliers de manifestants ont participé à la Marche sur Washington pour l’emploi et la liberté. Plus tard dans la journée, Martin Luther King en appellera à la fin du racisme aux États-Unis. Photo : Getty Images/Express Newspapers Le 28 août 1963, des centaines de milliers de manifestants ont participé à la Marche sur Washington pour l’emploi et la liberté. Plus tard dans la journée, Martin Luther King en appellera à la fin du racisme aux États-Unis. Photo : Getty Images/Express Newspapers[/caption]

Malgré ces réalisations spectaculaires, le niveau de vie des Afro-américains traîne encore très loin derrière celui des Blancs.

L’horreur de l’esclavage et l’humiliation de la ségrégation ont laissé des traces. Les 42 millions de Noirs américains en subissent encore les contrecoups.

On ne se relève pas facilement d’un système raciste aussi violent que celui mis en place par les Blancs américains avant même la naissance de la république. Pendant plus de 200 ans, les Afro-Américains ont été traités comme des animaux.

Des inégalités criantes

Aujourd’hui, aux États-Unis, 28 % des Noirs vivent toujours sous le seuil de la pauvreté, comparativement à 10 % des Blancs.

Une femme noire risque deux fois plus qu'une femme blanche de voir son enfant mourir dans les 28 premiers jours de sa vie.

Même s’ils ne représentent que 14 % de la population américaine, les hommes noirs forment 38 % de la population carcérale.

Dans les prisons, 49 % des personnes en attente de la peine de mort sont de race noire.

Un automobiliste noir a deux fois plus de chances de se faire arrêter et trois fois plus de chances d’être violenté par un policier qu’un automobiliste blanc.

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La liste des inégalités et des injustices entre les Noirs et les Blancs aux États-Unis est longue et troublante.

Les Noirs fréquentent encore les moins bonnes écoles et les moins beaux quartiers. Ils occupent toujours les emplois les moins bien payés.

Blancs et Noirs se fréquentent peu, communiquent peu, font peu d’affaires ensemble. La ségrégation est toujours là. Les États-Unis d’Amérique sont encore racialement divisés.

Le rêve brisé

Le grand rêve d’égalité de Martin Luther King est loin d’être atteint. Les blessures du passé ne sont pas cicatrisées. La plaie est béante. Le malaise racial, profond.

King rêvait qu’un jour ses enfants soient jugés non pas d'après la couleur de leur peau, mais pour ce qu’ils sont vraiment. « I have a dream », disait-il.

À l’ère où les policiers tuent toujours des Noirs sans raison apparente, où les suprématistes blancs n’hésitent plus à s’afficher publiquement, et où le président n’ose plus les dénoncer, on peut se demander ce qu’il reste vraiment du rêve brisé de Martin Luther King.

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