Le discours d’Henri Konan Bédié devant la chefferie Akan le 23 septembre 2018 dernier est un discours d’opposition programmatique et sociétal au RHDP. Appelant à l’ethnie contre la nation, à la chefferie contre l’Etat national, il conteste le programme politique et le projet sociétal houphouëtiste du gouvernement RHDP.
Le programme politique de l’houphouëtisme, rappelons-le, consiste à unifier la diversité des cultures ethniques de notre pays dans la citoyenneté, à allier ces cultures à la rationalité économique afin de bâtir un Etat national par la modernisation de notre société. Le PDCI-RDA fut crée en Avril 1946 par Félix Houphouët-Boigny pour servir cette fin ultime qui est la conception du bien public ivoirien.
Alléguer, comme le fait Maurice Kakou Guikahuié, que le PDCI se retirerait du RHDP sans en contester le programme et le bilan, afin de faire prévaloir son droit à la succession en 2020, c’est avouer, au vu de la signification du discours du chef du PDCI à Daoukro le 23 Septembre 2018 ,une faute politique majeure. L’alternance du pouvoir ne saurait justifier l’instrumentalisation politique de l’ethnicité contre la République et la Nation quand on se dit démocrate et Houphouëtiste.
L’aveu de Maurice Kakou Guikahuié révèle clairement que le pouvoir est une fin en soi pour le courant bédiéiste du PDCI. Cette conception est perverse car le pouvoir d’Etat est un toujours un moyen et jamais une fin en soi.
Au PDCI bédiéiste, le pouvoir autrement dit le moyen, a été indument substitué à la fin, autrement dit à l’objectif politique ultime du PDCI, qui est de sauvegarder le projet sociétal de l’houphouëtisme.
L’aveu de Maurice Kakou Guikahuié montre que cette fin ultime a cédé le pas aux priorités de pouvoir personnel de l’appareil dirigeant du parti. Le PDCI-RDA est ainsi dévoyé dans sa fonction institutionnelle historique.
Les alliances politiques de substitution envisagées par cet appareil dirigeant, montrent clairement que le courant bédiéiste du PDCI est prêt à sacrifier l’houphouëtisme sur l’autel des ambitions de pouvoir de ses dirigeants.
Le discours mensonger d’Henri Konan Bédié à la chefferie Akan conteste bel et bien, à des fins politiciennes de capture personnelle du pouvoir d’Etat, le programme houphouëtiste de modernisation sociale et économique qu’il avait fait mine d’applaudir dans l’Appel de Daoukro le 17 Septembre 2017.
Le discours d’Henri Konan Bédié devant la chefferie Akan le 23 Septembre 2018 est donc un discours de refus du programme d’intégration nationale du territoire par la modernisation, par les travaux d’infrastructures et d’équipements public.
Le rejet du RHDP par le courant bédiéiste du PDCI signifie le rejet du programme libéral de modernisation et d’intégration nationale du territoire d’inspiration houphouëtiste. Le RHDP incarne politiquement ce programme en Côte d’Ivoire.
Contre le processus de démocratisation et de modernisation de la Côte d’Ivoire, le PDCI de Henri Konan Bédié, auteur du discours du 23 Septembre 2018, prône le retour à l’ancien régime des royautés.
Le discours sidérant d’Henri Konan Bédié fait ressortir un esprit : l’esprit de la royauté tutélaire et esclavagiste qui tient sous sa coupe, à sa disposition et sous son arbitraire, des chefferies dominées et des sujets taillables et corvéables à merci.
Akossi Bendjo, sur le registre de la culture de suzeraineté de ces royautés esclavagistes, avait lui aussi promis au FPI, il y a quelques mois des troupes de combat pour une résistance communautaire contre de prétendus envahisseurs étrangers.
Campé en chef tutélaire lignager, tenant symboliquement en langue vernaculaire le discours de la résistance ethnique à des communautés triées sur le volet, Henri Konan Bédié récuse donc la société et l’Etat national ivoirien au profit des communautés et des chefferies traditionnelles.
Il en appelle à l’appropriation de l’Etat par une communauté et, indirectement, à l’homogénéisation ethnique de la Côte d’Ivoire par ségrégation et exclusion de la différence ethnique et confessionnelle. Il rétablit la vision antidémocratique du pouvoir comme trône royal et patrimoine lignager transmissible par dévolution monarchique.
Substituant logiquement de ce fait les coutumes au droit positif, Maurice Kakou Guikahuié, le Sécrétaire Général du PDCI, redéfini en parti ethnique, a recours aux procédures du droit positif pour en refuser la substance et légitimer son retrait du projet sociétal modernisateur de l’houphouëtisme.
Le PDCI ethniciste abroge donc logiquement le RHDP. Sous la perspective relative du nationalisme identitaire qui refuse la société, la Nation, la République et l’État, tels que Félix Houphouët-Boigny les avait conçus en Côte d’Ivoire, le RHDP n’existe plus.
Bien entendu, dans l’espace politique ivoirien, le RHDP continue d’exister comme réalité objective et historique pour les démocrates et les républicains qui donnent par leur engagement une existence tangible à cette coalition.
Le PDCI bédiéiste est donc, jusqu’à preuve du contraire, devenu officiellement un parti anti-Houphouëtiste qui rejoint le FPI dans le national-populisme extrémiste et antidémocratique.
La remarque sibylline de la chefferie Akan (traditionnellement alliée à la modernisation depuis Félix Houphouët), rappelant les injures et les avanies vécu de son vivant par le père de la Nation, était, selon moi, destinée à rafraîchir, à ce sujet, la mémoire d’Henri Konan Bédié.
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