Porter un soutien-gorge, bonne ou une mauvaise idée ? De plus en plus de femmes ont décidé de se débarrasser de cet accessoire et jugent l’expérience libératrice. Une initiative pas si saugrenue que ça... Voici pourquoi ne pas en porter est une bonne idée.
Soutien-gorge, bonne ou une mauvaise idée ?
Selon un sondage Ifop réalisé en juin 2020, 7% des Françaises ont lâché leur soutien-gorge depuis le premier confinement (contre 3% avant).
Chez les plus jeunes, la tendance est encore plus marquée : 18% des moins de 25 ans ont choisi la voie de l’émancipation (contre 4% avant).
De toute évidence, les « No bra » (un mouvement qui milite contre le port du soutien-gorge) gagnent du terrain et se défont de ce dernier carcan vestimentaire. Et, visiblement, elles auraient raison. En effet, alors que nous avons toutes été élevées avec l’idée qu’il aide à garder une jolie poitrine, l’effet serait plutôt contraire.
Une poitrine plus ferme et plus haute
C’est ce que démontre une étude française menée sur 320 femmes (bonnets de A à D) de 18 à 35 ans suivies depuis 1997 et qui se poursuit actuellement. Ainsi, le retrait du soutien-gorge ne comporterait aucun risque sur un vieillissement prématuré du sein et son affaissement.
Mais, plus surprenant, le port de cet accessoire entraînerait une atrophie de l’appareil suspenseur, comparable à un filet à provisions qui part des clavicules, via le muscle peaucier du cou, et qui descend jusqu’aux glandes mammaires enveloppées de tissus conjonctifs, les fascias.
Egalement en jeu : les ligaments de Cooper, des « filets » qui relient les tissus mammaires à la peau.
« Si cet appareil de soutien n’est pas sollicité, il s’atrophie, se distend et le sein tombe. A l’inverse, la pesanteur qui s’exerce sur les seins renforce les tissus en les faisant travailler. Il faut environ une année pour que le système suspenseur du sein redevienne fonctionnel », explique le Dr Jean-Denis Rouillon.
L'auteur de l’étude et ancien médecin du sport. Une liberté de mouvement qui a un impact sur la silhouette : « Le mamelon remonte en moyenne de 7 millimètres au bout de trois ans, quelle que soit l’ampleur de la poitrine. »
Et la tendance va même dans le sens d’une évolution plus rapide chez les femmes qui ont des seins lourds.
« Plus le poids du sein sans soutien est important, plus il fait travailler les tissus de suspension et plus ils se renforcent », détaille le Dr Rouillon.
Parmi les autres bénéfices invoqués : une respiration ample et une meilleure posture.
Le revers des armatures
Le sein a la particularité d’être le seul organe chez l’humain, spécifique à la femme, qui n’a pas de structure solide interne. De plus, pour le protéger, l’évolution de l’espèce l’a doté d’une épaisse couche physiologique de graisse.
De ce fait, la vascularisation des téguments qui le couvrent devient vulnérable en cas de compression.
C’est le cas si l’on porte des soutiens-gorge serrés, surtout les modèles à armatures ou ceux portés pour repousser les seins vers le haut (Wonderbra, push-up...).
« Cet effet “garrot” peut entraîner frottements, irritations cutanées et autres lésions. Il faut, par ailleurs, éviter les modèles en fibres synthétiques, susceptibles de favoriser une inflammation de la peau et des mycoses sous les seins », observe Stéphane Gayet, infectiologue et hygiéniste.
Ensuite, comme pour tout sous-vêtement, il existe « un risque de macération qui peut entraîner une multiplication de champignons et de bactéries provoquant des odeurs et qui vont aggraver l’irritation. »
Enfin, le port excessif de soutien-gorge, en compressant les ganglions, « peut freiner l’élimination naturelle des toxines par le drainage lymphatique ».
Ce sont nos seins qui nous dicteront le besoin d’en porter ou non.
Le confort avant tout
Reste à considérer le confort que le soutien-gorge peut procurer à certaines, notamment dotées de poitrines très lourdes, voire douloureuses, en répartissant le poids de l’avant vers le dos.
Autrement dit, nos seins nous dicteront la nécessité de porter ou non un soutien-gorge. Pour certaines, il s’agit aussi d’une question de pudeur...
« C’est au cas par cas, c’est une question de forme, de taille et de texture », reconnaît le Dr Gayet. Si les seins tombent déjà beaucoup, le port d’un soutien-gorge est conseillé.
« Il sera indispensable en postopératoire, après une chirurgie des seins, pour favoriser la cicatrisation des téguments », note le Dr Rouillon.
L’élasticité et la qualité de la peau entrent aussi en ligne de compte. Une prise de poids ou une grossesse peuvent, par exemple, générer l’apparition de vergetures ou encore, après 50 ans, « le tissu cutané s’amincit, se fragilise et les seins s’affaissent », souligne le médecin.
Autrement dit, une femme ayant mis au monde deux enfants aura toujours plus besoin de porter des soutiens-gorge qu’une jeune fille de 20 ans...
La question du sport
D’instinct, on ne pratique pas des activités susceptibles de créer des secousses violentes et une forte traction sur l’appareil suspenseur sans soutien-gorge ou brassard.
Or, selon le Dr Rouillon, qui a observé des sportives de haut niveau qui n’en utilisaient pas lors des compétitions, cette habitude ne serait pas indispensable. Mais l’important, finalement, n’est-il pas de se sentir à l’aise lorsque l’on bouge ?
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