Les cordonniers de la Médina rongés par le désespoir en cette Tabaski 2020

La crise sanitaire liée à la Covid-19 n’épargne pas les artisans sénégalais, surtout les cordonniers de la Médina qui disent avoir perdu tout espoir de voir des clients étrangers venir passer des commandes comme auparavant, pendant cette période de préparatifs de la fête de la Tabaski.

Ces artisans professionnels du cuir se plaignent de la morosité de cette période marquée par un déficit de commandes des clients maliens, guinéens, congolais et autres ressortissants de la sous-région, à la suite de la fermeture des frontières décidée en raison de la pandémie du COVID-19.

Pas d’engouement des clients. Des boutiques vides, contrairement à l’année dernière. Ici, dans la commune de la Médina où certaines rues se confondent à ce corps de métier, la morosité est ambiante. Pour autant, chacun reste dans son coin, travaillant et se plaignant à la fois de la situation actuelle.

Ces artisans qui avaient plusieurs centaines de commandes à cette même période, dans les années précédentes, soulignent en avoir en moyenne qu’une ou deux par jour.

Certains parmi eux, ne sachant plus à quel saint se vouer, tirent la sonnette d’alarme et appellent les autorités compétentes à leur porter secours.

C’est le cas de Abdou Khoudoss Thiam, un cordonnier comptabilisant quelques années d’expérience dans le métier, qui sollicite le secours des autorités publiques.

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Ce jeune père de famille invite les autorités compétentes à porter secours aux artisans car ‘’l’heure est grave’’.

‘’Nous sommes des responsables, des pères de familles, donc si l’Etat ne nous prête pas main forte durant cette période, cela sera difficile pour nous’’, se plaint-il.

Selon lui, cette pandémie du Coronavirus leur rend la vie ‘’très difficile’’ du fait de la rareté de la clientèle étrangère.

‘’Ce sont les étrangers qui nous aident en achetant beaucoup de nos articles pour aller les vendre chez eux, mais actuellement pas un seul d’entre eux n’est venu passer la commande’’, ajoute-t-il.

Ndiaga Wathie, la cinquantaine révolue, peint le même tableau sombre que son prédécesseur.

Pour lui, le secteur a connu de grosses pertes à cause de la fermeture des frontières.

Haoua-Dia-Thiam
Haoua-Dia-Thiam

Par rapport à l’année dernière, fait-t-il savoir, cette période reste l’une des plus difficiles qu’il n’a jamais connue depuis son arrivée dans le secteur.

‘’Nous avons des clients maliens, gambiens, congolais et autres qui viennent acheter à partir de 100 jusqu’à 1000 paires de chaussures, mais actuellement, on n’en trouve pas car le COVID a tout stoppé’’, ajoute-t-il.

Toutefois, artisans espèrent une embellie d’ici la fin de l’année avec l’ouverture des frontières et la maitrise de cette crise sanitaire.

Artisans de la Médina rongés par désespoir pour Tabaski

‘’Malgré la fête de Tabaski qui s’annonce, les commandes ne se passent pas comme il se doit à cause du Coronavirus’’, lâche quant à lui, Baye Mbaye.

Comme les autres, il soutient que la fermeture des frontières est la cause de cette morosité qui frappe actuellement le secteur de la cordonnerie.

‘’A cause de la fermeture des frontières, regrette-t-il, nos clients maliens ou guinéens qui abondaient dans ce lieu en cette même période des années précédentes, ne sont pas venus. On se contente de vendre une à deux paires à nos clients locaux’’.

Il garde malgré tout espoir pour les jours qui restent, soulignant qu’avec la réouverture des frontières, leurs clients viendront même à la dernière minute pour passer la commande.

Cette situation désolante se lit dans les yeux de tous ces artisans. Mame Cheikh Bâ, un responsable d’une boutique de sandales pour homme est dans ce lot.

Il regrette lui aussi les années passées où les cordonniers refusaient certaines commandes durant la période de Tabaski, car n’étant pas en mesure de les honorer en raison d’une surcharge de travail.

‘’Nous (artisans ) refusions parfois certaines commandes, car nous n’étions pas en mesure de satisfaire nos clients parce qu’à cette période, nous étions toujours débordés par le travail. Mais, présentement, pas un client étranger n’est passé chez nous’’, regrette-t-il.

D’ailleurs, il soutient que leurs chiffres d’affaires ont chuté depuis l’avènement du COVID-19 dans le pays.

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‘’Nous avons beaucoup de manque à gagner, car les sénégalais n’ont pas assez d’argent pour passer la commande malgré la fête de Tabaski’’, indique-t-il.

‘’Actuellement nous travaillons seulement parce que nous ne voulons pas tourner le pouce, mais nous n’avons pas de la clientèle’’, martèle, pour sa part, Modou Wathie.

Pour lui, cette période reste ‘’diamétralement opposée à l’année dernière’’ à cause du Coronavirus et de la fermeture des frontières.

‘’Nous (artisans ) avons baissé la production par rapport aux années passées au regard de la situation actuelle’’, fait-il valoir, précisant que le secteur a connu 50% de pertes.

Selon M. Wathie, les cordonniers essayent de se débrouiller en dépit de tout pour pouvoir s’en sortir, sans trop nourrir d’espoir face à cette situation.

‘’Depuis l’ouverture des frontières nous n’avons vu aucun client étranger venir passer sa commande, cela nous désespère vraiment’’, dit-il, déplorant le fait que ‘’les sénégalais ne consomment pas les produits locaux’’.

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