Les prix alimentaires mondiaux au plus haut depuis 2011. Vendeur de légumes dans un marché de Prayagraj en Inde, le 14 janvier 2020.
Prix alimentaires mondiaux au plus haut depuis 2011
Les prix mondiaux des denrées alimentaires ont encore progressé vigoureusement en octobre, selon la FAO, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. À tel point qu'ils atteignent leur plus haut niveau depuis juillet 2011. Le prix du panier de base est en hausse de plus de 31% sur un an.
Le prix du panier de base continue de se rapprocher du niveau record enregistré en février 2011. Il est notamment tiré vers le haut par les céréales. Les récoltes réduites dans les principaux pays exportateurs ont fait grimper le blé et les autres grandes céréales ne sont pas en reste.
Pourtant, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) s'attend à une production céréalière record en 2021, alors qu'il y a plus de plus en plus de bouches à nourrir. La consommation alimentaire de blé devrait donc augmenter. Autre hausse attendue, celle de l'utilisation industrielle et fourragère du maïs.
Les huiles végétales ont également bondi pour atteindre un plus haut historique. La pénurie de main-d'œuvre en Malaisie suscite des craintes sur la production d'huile de palme.
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Chute du cours mondial du porc
Or, dans le même temps, les tarifs de l'énergie flambent tout comme celui du fret. Des coûts très corrélés à ceux de l'alimentaire.
On ne peut pas dire pour autant que tout augmente, du moins pas d'un mois sur l'autre.
La FAO constate une inflexion de l'indice des prix de la viande. En cause, la chute du cours mondial du porc, entraîné vers le fond par la réduction des achats de la Chine.
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Certains États « achètent plus que de besoin »
Pour Sébastien Abis, directeur général du club de réflexion sur l'agriculture Demeter, « on produit de plus en plus dans le monde, c'est vrai. Mais en fait, on consomme aussi de plus en plus.
Parce que la croissance de la démographie mondiale se poursuit, parce que les consommateurs partout dans le monde sont très exigeants. Ils veulent évidemment plus de quantité mais ils veulent aussi de la qualité.
Depuis deux ans, vous avez un renchérissement des prix alimentaires qui suit celui du fret logistique. Et nous avons eu un peu plus d'accidents climatiques que les années précédentes. Et tout ça fait un cocktail un peu explosif. »
Sébastien Abis veut aussi souligner « le comportement des acteurs, dans le sens où un certain nombre d'États dans le monde ou d'acteurs privés achètent plus de nourriture que de besoin de manière préventive.
"Je fais des courses sur le marché mondial au cas où le commerce se dégrade, au cas où la logistique devient encore plus compliquée, au cas où les récoltes ne sont pas à la hauteur des enjeux."
C'est ce que font un certain nombre de pays ces derniers mois. Et tout cela concourt à un renchérissement des matières premières agricoles. On est sur des pics très hauts et très inquiétants pour la sécurité alimentaire mondiale, et donc la stabilité géopolitique de certains pays. »
L'Afrique particulièrement touchée
Certains pays vont plus souffrir que d'autres de cette hausse, en particulier sur le continent africain, explique Sébastien Abis.
« Il y a des pays aujourd'hui où la croissance démographique dépasse de très loin la croissance de la production agricole domestique. Et en plus, nous avons malheureusement parfois des pays qui sont en instabilité politique et géopolitique, où certains territoires agricoles ne peuvent pas produire à la hauteur de leur potentiel, parce qu'ils sont tenus par des forces sociales radicales ou terroristes. Pour avoir du développement agricole, nous avons besoin d'avoir de la paix. »
« Maintenant, poursuit l'analyste, nous avons aussi des régions sur le continent africain qui souffrent d'une insécurité alimentaire structurelle parce que ce sont des zones pauvres en eau, pauvres en terre qui subissent les changements climatiques.
Et c'est vrai que l'Afrique du Nord ou le Moyen-Orient, si l'on élargit même un peu, sont des zones où les contraintes géographiques limitent drastiquement la capacité agricole de ces pays.
Il y a des facteurs géopolitiques, il y a des facteurs géographiques, il y a les facteurs démographiques. Et lorsque tout cela se combine non vertueusement, vous avez une situation qui est particulièrement mûre pour déclencher une crise. »
Par Kafunel Avec AP et Agences
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