Démission dans le gouvernement du Brésil. Le ministre le plus populaire de Bolsonaro claque la porte. Le ministre de la Justice et de la Sécurité publique du Brésil, Sergio Moro, le plus populaire du gouvernement, a annoncé vendredi sa démission en raison "d'ingérence politiques" du président d'extrême droite Jair Bolsonaro dans les affaires judiciaires.
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Démission de Sergio Moro....
Cet ancien juge anticorruption a décidé de quitter son poste après que le chef de l'Etat a limogé un de ses hommes de confiance, le chef de la Police fédérale Mauricio Valeixo.
Le plus populaire du gouvernement, a démissionné avec fracas, ce vendredi, accusant le président d’extrême droite Jair Bolsonaro « d’ingérence politique » dans les affaires judiciaires.
En pleine crise du coronavirus, le gouvernement brésilien est secoué par un nouveau départ, huit jours après le limogeage du ministre de la Santé, Luiz Henrique Mandetta, également très populaire et favorable au confinement, contrairement au Président.
Sergio Moro a lancé de graves accusations, ce vendredi, visant le président brésilien
La relation de Jair Bolsonaro avec Sergio Moro était déjà tendue depuis de longs mois, mais l’ancien magistrat anticorruption a finalement abandonné le navire après que le chef de l’État a évincé l’un de ses hommes de confiance, le chef de la Police fédérale, Mauricio Valeixo. « J’ai été surpris (par le limogeage de Mauricio Valeixo).
Pour moi, c’est un signe qui montre que le Président ne veut plus que je reste à mon poste », a lancé Sergio Moro lors d’un long discours au ministère.
Au Brésil, la Police fédérale est un des principaux organes d’investigation sous tutelle du ministère de la Justice et de la Sécurité publique. Sergio Moro a lancé de graves accusations, ce vendredi, affirmant que le Président souhaitait placer à la tête de la Police fédérale « une personne avec qui il aurait un contact personnel, qu’il pourrait appeler pour obtenir des informations sur les enquêtes » en cours.
Certaines de ces enquêtes touchent des membres de la famille Bolsonaro, dont ses fils, ou des alliés proches.
« Mais ce n’est pas le rôle de la Police fédérale, les investigations doivent être préservées », a poursuivi Sergio Moro.
« Le changement à la tête de la Police fédérale, sans cause réelle, est une ingérence politique, qui entame ma crédibilité et celle du gouvernement », a-t-il déploré. « L’autonomie de la Police fédérale est une valeur fondamentale qui doit être préservée dans un état de droit », a-t-il insisté.
Applaudi par un concert de casseroles
Celui qui était considéré comme l’atout-maître du gouvernement avait fait profil bas, depuis plus d’un an, face aux multiples dérapages du Président et aux humiliations que celui-ci lui a infligées.
Mais l’ancien juge emblématique de l’opération anticorruption « Lavage express » a affirmé ce vendredi que la promesse d’une « carte blanche » pour le convaincre d’accepter d’entrer au gouvernement avait été « violée ».
Au moment de quitter la salle où il a prononcé son discours, Sergio Moro a été applaudi par des fonctionnaires de son ministère et l’annonce de sa démission a été accueillie par un concert de casseroles dans de nombreuses villes brésiliennes.
Cette démission a également été très mal accueillie par les marchés, la Bourse de Sao Paulo chutant de plus de 8 % à la mi-journée, tandis que le real brésilien connaissait une dépréciation record, à 5,70 réais pour un dollar.
De nombreux analystes redoutent que le gouvernement perde prochainement un autre ministre-clé, celui de l’Économie, Paulo Guedes, dont les relations avec le Président Bolsonaro se sont également grandement détériorées.
Un rival pour 2022 ?
Pour Sylvio Costa, fondateur de Congresso em Foco, un site spécialisé sur le Parlement, le départ de Sergio Moro risque de porter un rude coup à la cote de popularité de Jair Bolsonaro, tout en « propulsant sur le devant de la scène » un rival pour la présidentielle de 2022.
Mais le chef de l’État a préféré prendre ce risque pour « se protéger » en tentant de placer un homme de confiance à la tête de la Police fédérale, qui mène des enquêtes touchant ses proches.
Une des personnes ciblées est son fils aîné Flavio Bolsonaro, aujourd’hui sénateur, accusé de détournements de fonds par le biais d’emplois fictifs quand il était député régional à Rio de Janeiro.
« Les tentatives d’ingérence dans la Police fédérale ne datent pas d’hier. Depuis qu’il est arrivé au pouvoir, Bolsonaro a tenté de s’immiscer dans de nombreux organes anticorruption pour pouvoir contrôler de futures enquêtes », estime Thomaz Favaro, du cabinet de consultants Control Risks.
Moro, qui a abandonné une carrière de plus de vingt ans dans la magistrature pour entrer au gouvernement, a assuré qu’il avait démissionné pour « préserver sa biographie », considérant intolérable que l’autonomie des organes d’investigation soit attaquée.
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