Reporté le 14 décembre dernier, le procès Khalifa Sall s'est ouvert ce mercredi en audience spéciale au Palais de justice Lat Dior. Seneweb vous fait vivre les temps forts de ce procès très attendu.
Serigne Bassirou Guèye parle de "Cavalcade judiciaire"
Le procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye n'a pas caché sa désapprobation concernant la demande de renvoi plaidée par les avocats de Khalifa Sall et Cie.
Maître des poursuites, il a dénoncé cette sollicitation de la défense du maire de Dakar qu'il assimile à "une cavalcade judiciaire". Ayant contesté l'absence de transmission d'avis au conseil, il a aussi indiqué que les arguments avancés par les conseils des mis en cause ne sont pas fondés.
"Pour les témoins je m'associe aux excellentes plaidoiries des avocats de l'État. Devant le tribunal, le Code de procédure pénale ne permet pas aux avocats de citer des témoins.
Il a évoqué l'article 539 dudit Code, la citation est délivrée à la requête ; ministère publique, du président du tribunal d'instance investi des pouvoirs du procureur de la République, de la partie civile, et de toute administration qui y est légalement habilitée. (…)
En dehors de ces personnes, seules peuvent être citées des témoins présents dans la salle. Ceux-là peuvent être appelés. Cela est une raison supplémentaire", a dit le parquet avant de requérir le rejet de la demande de renvoi faite par les avocats du maire de Dakar.
Concernant l'absence d'avis à conseil dénoncée par les avocats de la défense, il dit douter qu'il y ait un Sénégalais non informé de la tenue à ce jour de 3 janvier de ce procès de Khalifa Sall.
Me El Hadj Diouf écarté du dossier
Mes Mbaye Sène et El Hadj Diouf ne feront pas partie du pool des avocats de Khalifa Sall. Leur constitution dans le dossier du maire de Dakar a été rejetée par le tribunal de Dakar.
À la barre de l'audience correctionnelle qui juge Khalifa Sall et ses présumés complices, Me Mbaye Sène a refusé d'être isolé de ce dossier. "Je ne suis pas au cabinet de Aïssata Tall Sall. Je me suis constitué pour la défense des intérêts de Khalifa Sall", a plaidé l'avocat pour contester cette volonté de l'écarter de l'affaire.
Mais, auparavant, le juge Malick Lamotte, nouveau président de l'audience en remplacement de Maguette Diop, a relevé que la proposition de retenir l'irrecevabilité de la constitution des deux avocats susnommés émane du bâtonnat de l'Ordre des avocats. Dès lors, le tribunal a acté la proposition, sans revenir en détails sur les faits qui ont valu aux deux avocats d'être écartés du dossier.
Idrissa Seck : "C'est le procès d'un président qui se sert de l'institution judiciaire comme une arme"
Le président du parti Rewmi, suite au renvoi du procès de Khalifa Sall, a étalé toute sa déception et dénoncé une instrumentalisation de la justice par l'exécutif.
L'ancien maire et ancien Premier ministre dit exprimer toute sa désolation et toute sa tristesse "qu'en 2018, le Sénégal offre à la face du monde un tel spectacle.
Un président de la République manipule l'institution judiciaire pour écarter d'une compétition électorale un adversaire", a sévèrement critiqué l'ancien Premier ministre intervenu sur les ondes de la radio Sud Fm ce midi.
"Le procès d'aujourd'hui est le procès de notre démocratie, d'un président de l'exécutif qui n'hésite pas à se servir de l'institution judiciaire comme une arme... C'est contre cela que tous les démocrates du pays et du monde entier doivent se lever", invite-t-il.
"Au Sénégal, le président de la République manipule encore la justice. Ce ne sont pas les propos d'un opposant, mais des propos que vous avez entendus de la bouche des magistrats qui se sont exprimés dans vos organes", confie-t-il à la presse.
Le procès Khalifa Sall renvoyé au 23 janvier prochain
Le président Malick Lamotte a finalement répondu favorablement à la demande de renvoi formulée par les avocats du maire de Dakar. Après avoir entendu les plaidoiries des deux parties, le tribunal a décidé de renvoyer l'affaire au 23 janvier prochain. Ce sera donc dans 3 semaines.
Cependant, il a assuré les conseils de Khalifa Sall et Cie que le nécessaire sera fait pour une bonne administration de la justice.
"Je peux vous garantir que les conditions d'un bon jugement seront garanties. Après avoir relevé que l'ensemble du dossier a été transmis aux deux parties, contrairement aux arguments avancés par la défense, il a assuré qu'il n'était pas contre le renvoi.
"Pour le renvoi, le principe, le tribunal l'accepte, mais le délai est excessivement long", a dit le juge qui a alors prononcé le renvoi de l'audience à la date du 23 janvier 2018. Il faut rappeler que les défenseurs de Khalifa Sall voulaient un délai de 2 mois.
Le parquet pour sa part a réclamé la liste précise de tous les témoins à décharge. Mais le juge Lamotte a notifié que "cette affaire sera retenue et sera jugée dans les conditions adéquates". "Nous n'accepterons pas d'autres demandes de renvoi", a-t-il lancé alors que le public commençait à vider la salle.
Le tribunal de Dakar et ses environs barricadés
Un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé aux alentours du tribunal de Dakar. Pour l'ouverture du procès du maire de Dakar ce 3 janvier, plusieurs dizaines d'éléments de la police sont en poste.
Et ont érigé des barrières au niveau de tous les axes menant directement vers ce tribunal où Khalifa Sall et ses co-prévenus attendent d'être jugés.
Déjà avant 7 heures, une forte mobilisation de personnes voulant assister au procès était notée dans les environs immédiats du tribunal. Des hommes et des femmes de tout âge formaient une longue queue en attendant que les barrières soient ouvertes pour accéder au Palais de justice.
À l'entrée principale, d'autres barrières de sécurité sont aussi mises en place. Et il faut montrer patte blanche pour passer. Les personnes sont minutieusement fouillés et leurs bagages, passés au rayon scanner.
Malgré les multiples contrôles, la salle refuse du monde. Dans salle d'audience numéro 4, où se tient les audiences spéciales, beaucoup sont restées debout pour suivre le procès.
Les avocats du maire de Dakar réclament le renvoi du procès
Les conseils du maire de Dakar ne veulent pas que le procès se tienne aujourd'hui. Devant le tribunal correctionnel où Khalifa Sall et Cie attendent d'être jugés, ce mercredi 3 janvier 2018, ils ont tous plaidé pour le renvoi de l'audience afin de leur permettre de mieux préparer leur plaidoirie.
"Le dossier ne nous semble pas prêt à être jugé", a déclaré Me François Sarr porte-parole des avocats de la défense. Il argumente : "Les avocats commis pour assurer la défense des mis en cause ne sont pas prêts. Des avocats n'ont pas reçu leur convocation.
L'affaire n'est pas en état. Un certain nombre de témoins visés au nombre de 70 témoins. Beaucoup d'autres personnes ont souhaité être entendu en qualité de témoins".
Me Sarr a formulé une demande de renvoi pour 2 mois.
"Les témoins à charge sont cités et convoqués. Nous demandons que, ceux à décharges soient convoqués dans les mêmes conditions", a déclaré l'avocat. Qui déplore l'absence de communication sur le dossier aux deux parties.
Me François Sarr relève que la loi prévoit qu'une affaire qui est en état peut être renvoyée jusqu'à 3 fois.
"Nous pensons que cette affaire doit être renvoyée à une date qui permet de faire comparaitre ces témoins. Certains avocats sont à l'étranger et n'ont pas pu faire le déplacement. Il serait bon que ces avocats puissent venir lorsqu'une date sera retenue. Nous pensons que l'affaire doit être renvoyée d'office pour régularisation, le temps que l'affaire soit mise en état".
Le maire de Dakar arrive dans la salle d'audience sous les vivats de ses soutiens
C'est à 8 heures 51 minutes que Khalifa Sall a fait son apparition dans la salle d'audience aménagée pour son procès, qui s'ouvre ce mercredi. La pièce est remplie à moitié. Le maire de Dakar a été accueilli par les applaudissements de ses camarades et soutiens. Il a levé les mains pour les saluer.
Sourire aux lèvres, il s'est dirigé vers les sièges réservés aux mis en cause, face aux juges. Il est suivi par quatre autres prévenus. C'est le moment choisi par ses partisans pour scander des "Khalifa président".
Visiblement débordées, les forces de l'ordre observaient la foule déchaînée se livrer à des cris d'hystérie en prenant des photos avec leurs smartphones, ce qui est interdit dans une salle d'audience.
Certains militants, remplis d'émotion, ont fondu en larmes. C'est au milieu de ce tohu-bohu qu'arrivent les juges pour l'ouverture du procès. Il faisait 9 heures 4 minutes. La salle retombe dans le silence.
Mais ce ne fut que pour une courte durée puisque dès que l'ordre de déplacés les prévenus de leurs sièges a été donné, les cris ont repris. Des chansons accompagnées d'applaudissements fusent pour ne retomber qu'à l'ouverture de l'audience à 9 heures 10 minutes.