Le monde celebre ce 25 novembre la Journée mondiale des violences faites aux femmes.
Cette célébration isntituée par l'organisation des Nations Unies est l'occasion pour les activistes de décrier les violences contre les femmes , les abus sexuels et toutes formes d'harcèlement sexuel.
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Pour rappel, l’origine de la journée mondiale des violences faites aux Femmes remonte à 1960, lorsqu’en République dominicaine, les sœurs Mirabal furent assassinées parce qu’elles revendiquaient leurs droits.
La violence à l’égard des femmes et des filles : quelques faits et chiffres
Les diverses formes de violence
- Selon les estimations, 35 pour cent des femmes dans le monde ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire intime ou des violences sexuelles de la part d’une autre personne (sans compter le harcèlement sexuel) à un moment donné dans leur vie. Cependant, certaines études menées à l’échelle nationale font apparaître que jusqu’à 70 pour cent des femmes ont été victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire intime au cours de leur vie. Les données montrent également que, chez les femmes qui ont été victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint, les taux de dépression sont plus élevés – si elles ont subi un avortement ou contracté le VIH –, par rapport aux femmes n’ayant pas eu à subir de telles violences [1].
- À l’instar des données recensées dans d’autres régions, dans les quatre pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord où une étude multipays a été menée, les hommes ayant vu leur père user de violence contre leur mère et ceux ayant été victimes d’une certaine forme de violence durant leur enfance sous leur propre toit étaient manifestement plus enclins à infliger des violences à leur conjointe durant leur vie adulte. Au Liban par exemple, la propension à infliger des violences physiques était trois fois plus élevée chez les hommes ayant vu leur père battre leur mère durant leur enfance que chez ceux n’ayant pas assisté à de tels actes de violence étant enfant [2].
- « On estime qu’environ 87.000 femmes dans le monde ont été intentionnellement tuées en 2017, dont plus de la moitié (58%) par leur conjoint ou des membres de leur famille. Cela signifie que chaque jour en moyenne dans le monde, 137 femmes sont tuées par un proche, dont plus d’un tiers (environ 30.000 au total) par un conjoint ou ex-conjoint. [3].
- Plus de la moitié (51 pour cent) des victimes de trafic d’êtres humains dans le monde sont des femmes adultes. Les femmes et les filles représentent 71pour cent des victimes, les filles seules comptant pour près de trois victimes sur quatre du trafic d’enfants. Près de trois femmes et filles victimes du trafic d’êtres humains sur quatre le sont à des fins d’exploitation sexuelle [4].
- On estime qu’à l’heure actuelle, 650 millions de femmes et de filles dans le monde ont été mariées avant l’âge de 18 ans. Ces dix dernières années, le taux mondial de mariages d’enfants a diminué –passant d’une jeune femme sur quatre (dans la tranche d’âge de 20 à 24 ans) mariée alors qu’elle était enfant, à près d’une sur cinq. Cela dit, en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale – où cette pratique néfaste est la plus répandue – plus de quatre jeunes femmes sur dix ont été mariées avant leur 18e Le mariage d’enfants se solde souvent par une grossesse précoce et un isolement social, interrompt la scolarisation, limite les possibilités de la jeune fille et l’expose davantage à la violence familiale [5].
- Au moins 200 millions de filles et de femmes actuellement en vie ont subi des mutilations génitales féminines dans les 30 pays disposant de données représentatives sur la prévalence Dans la plupart de ces pays, la majorité des filles ont subi une circoncision avant l’âge de cinq ans. En raison des mouvements de populations, les mutilations génitales féminines deviennent une pratique aux dimensions internationales, en particulier si l’on considère la population féminine migrante et réfugiée [6].
- Environ 15 millions d’adolescentes (âgées de 15 à 19 ans) dans le monde ont eu à subir des rapports sexuels forcés (pénétration sexuelle ou autres actes sexuels imposés sous la force) à un certain moment de leur vie. Sur ce nombre, 9 millions d’adolescentes ont été victimes de violences au cours de l’année écoulée. Dans la grande majorité des pays, les adolescentes sont les plus exposées au risque d’avoir à subir des rapports sexuels forcés de la part de leur actuel/ex-mari, partenaire ou petit ami. D’après les données provenant de 30 pays, seulement 1 pour cent d’entre elles se sont tournées vers des services d’aide professionnelle [7].
- Au niveau mondial, un élève sur trois (âgé de 11 ans et de 13 à 15 ans) a été victime d’intimidations par ses camarades à l’école au moins une journée au cours du mois passé, et tant les filles que les garçons sont exposés à ces pratiques. Cependant, les garçons sont plus susceptibles d’être la cible d’intimidations physiques que les filles, et celles-ci sont plus exposées aux intimidations de nature psychologique, notamment dans le fait d’être ignorées ou exclues, ou encore de faire l’objet de commérages. Elles indiquent également plus souvent que les garçons subir des moqueries en raison de leur apparence physique, au niveau du visage ou de leur corps. La violence basée sur le genre en milieu scolaire constitue un obstacle majeur à l’accès universel à la scolarité et à la mise en application du droit à l’éducation pour les filles [8].
- Dans une enquête menée auprès de 27 universités aux États-Unis en 2015, 23 pour cent des étudiantes de premier cycle universitaire ont déclaré avoir été victimes d’agression ou d’inconduite sexuelle. Le taux de signalement aux responsables du campus et aux forces de l’ordre, entre autres, étaient compris entre 5 et 28 pour cent, selon le type spécifique de comportement [9].
- Selon le rapport de l’Union européenne, une femme sur dix, âgée de plus de 15 ans a déjà été victime de cyber-harcèlement (qui peut prendre la forme de l’envoi de messages indésirables, de courriers électroniques ou SMS de nature offensive et sexuellement explicite ou d’avances offensives et importunes sur les sites des réseaux sociaux). Le risque de harcèlement de ce type est le plus élevé pour les jeunes femmes âgées de 18 à 29 ans [10].
- Dans une étude menée dans plusieurs pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, entre 40 et 60 pour cent des femmes ont déclaré avoir déjà été victimes de harcèlement sexuel dans la rue (principalement sous forme de commentaires sexuels, d’une traque/prise en filature ou de regards insistants/salaces), et entre 31 et 64 pour cent des hommes ont dit s’être déjà livrés à de tels actes. Les hommes plus jeunes, ceux qui sont plus instruits et ceux ayant connu la violence étant enfants étaient les plus susceptibles de se prêter à des actes de harcèlement sexuel dans la rue [11].
- Les conclusions tirées d’une étude menée en Australie au niveau national montrent que près de deux femmes sur cinq (soit 39 pour cent) âgées de 15 ans ou plus et ayant fait partie de la population active au cours des cinq dernières années ont été victimes de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail durant cette période, contre un sur quatre (soit 26 pour cent) de leurs homologues masculins. En ce qui concerne les responsables types, dans presque quatre cas sur cinq (soit 79 pour cent), un ou plusieurs des auteurs étaient des hommes [12].
- Quatre-vingt-deux pour cent des femmes parlementaires qui ont participé à une étude menée par l’Union interparlementaire dans 39 pays de cinq régions ont signalé avoir subi de la violence psychologique sous une forme ou une autre (remarques, gestes et signes à caractère sexiste ou de nature humiliante sur le plan sexuel, menaces et/ou intimidations à leur encontre) durant leur mandat. Elles ont cité les médias sociaux comme principal circuit de diffusion par lequel une telle violence psychologique est perpétrée; près de la moitié de celles auprès desquelles l’enquête a été menée (44 pour cent) ont déclaré avoir reçu des menaces de mort, de viol, d’agression ou d’enlèvement à leur encontre ou à l’encontre de leur famille. Soixante-cinq pour cent ont été la cible de remarques sexistes, principalement de la part de collègues hommes parlementaires appartenant autant à des partis d’opposition qu’au leur. [13]
Mesures pour faire face à la violence
- Dans la majorité des pays où des données sont disponibles, moins de 40 pour cent des femmes victimes de violences demandent de l’aide sous une forme ou une autre. Parmi les femmes qui le font, la plupart se tournent vers leur famille ou leurs amis et très peu ont recours à des institutions ou dispositifs organisés, tels que les services de santé ou les forces de police. Ainsi, moins de 10 pour cent des femmes victimes de violence qui ont demandé de l’aide font appel à la police [14].
- Au moins 144 pays ont promulgué des lois sur la violence familiale et 154 disposent de lois relatives au harcèlement sexuel. Cependant, même là où des lois existent, celles-ci ne sont pas toujours en conformité avec les normes et les recommandations internationales ou mises en application [15].
- La disponibilité des données sur la violence contre les femmes s’est considérablement améliorée ces dernières années. Depuis 1995, plus de 100 pays ont réalisé au moins une enquête sur cette question. Plus de 40 pays ont effectué au moins deux enquêtes sur la période de 1995 à 2014, ce qui signifie que l’évolution au fil des années pourra faire l’objet d’une analyse, à condition que les enquêtes soient comparables [16].
Ne laisse personne de côté
- Les données existantes indiquent que certaines caractéristiques des femmes, telles que leurs préférences sexuelles, la présence d’un handicap ou leur origine ethnique, ainsi que certains facteurs contextuels, par exemple les crises humanitaires, dont les situations de conflit et d’après-conflit, peuvent accroître la vulnérabilité des femmes face à la violence [17].
- En 2014, 23 pour cent des femmes non hétérosexuelles (se déclarant lesbiennes, bisexuelles ou autres) interrogées au sein de l’Union européenne ont indiqué avoir subi des violences physiques et/ou sexuelles perpétrées tant par des hommes que par des femmes autres que leur partenaire, contre 5 pour cent dans le cas des femmes hétérosexuelles [18].
- Dans une enquête nationale menée auprès d’étudiants universitaires en Australie, 72 pour cent des étudiants transgenres et d’autres appartenances sexuelles (personnes s’étant déclarées d’un genre « indéterminé ou non spécifié », « transgenre » ou « autre ») ont indiqué avoir été victimes de harcèlement sexuel au moins une fois au cours de l’année2016, contre 63 pour cent des étudiantes (de sexe féminin) et 35 pour cent des étudiants (de sexe masculin) [19].
- Les données recueillies auprès de participantes à des actions de prévention dans six pays d’Asie et d’Afrique à revenu faible et intermédiaire montrent que les femmes souffrant d’un handicap courent deux à quatre fois plus de risques de subir des violences de la part de leur partenaire que celles ne souffrant d’aucun handicap. De plus, le risque de subir toutes sortes de violences et des violences sexuelles de la part d’un partenaire et d’autres personnes augmente avec la gravité du handicap. Certaines données qualitatives montrent que la stigmatisation et la discrimination liées au handicap aggravent la vulnérabilité des femmes face à la violence et entravent leur capacité à demander de l’aide [20].
- Dans une enquête menée auprès de 3 706 élèves du primaire en Ouganda, 24 pour cent des filles en situation de handicap de 11 à 14 ans ont signalé avoir subi des violences sexuelles à l’école, contre 12 pour cent des filles non handicapées [21].
- Dans l’enquête nationale menée en 2015 sur les comportements à risque chez les jeunes aux États-Unis, près de 12 pour cent des collégiennes et lycéennes qui avaient un petit ami ou étaient sorties avec quelqu’un au cours des douze mois précédant l’enquête ont rapporté avoir fait l’objet, au cours de cette période, d’une agression physique délibérée de la part de la personne qu’elles voyaient ou avec qui elles sortaient, contre 7 pour cent des garçons collégiens et lycéens ; et près de 16 pour cent des collégiennes et lycéennes ont indiqué avoir été forcées à pratiquer des actes sexuels contre leur gré par la personne qu’elles voyaient ou avec qui elles sortaient, contre 5 pour cent des garçons collégiens et lycéens. [22]
- En Australie, la prévalence du harcèlement sexuel sur le lieu de travail au cours des cinq dernières années était beaucoup plus élevée chez les personnes s’identifiant comme aborigènes et insulaires du détroit de Torres (53 pour cent) que chez celles d’origine différente (32 pour cent). Il n’y avait cependant pas de différences significatives entre les deux sexes, 50 pour cent des hommes et 55 pour cent des femmes aborigènes et insulaires du détroit de Torres ayant connu ce type de harcèlement au cours des cinq dernières années [23].
Notes
[1] Organisation mondiale de la Santé, Département Santé et recherche génésiques, London School of Hygiene and Tropical Medicine, Conseil sud-africain de la Recherche médicale (2013). Estimations mondiales et régionales de la violence à l’encontre des femmes : prévalence et conséquences sur la santé de la violence du partenaire intime et de la violence sexuelle exercée par d’autres que le partenaire, p. 2. Pour obtenir des informations spécifiques par pays, voir Les femmes dans le monde 2015, tendances et statistiques, Chapitre 6, La violence contre les femmes, Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, 2015 et ONU Femmes Base de données mondiale sur la violence à l’égard des femmes.
[2] Promundo et ONU Femmes (2017) Comprendre les masculinités : Résultats de l’enquête internationale sur les hommes et l’égalité des sexes (IMAGES) [International Men and Gender Equality Survey - IMAGES] – Moyen-Orient et Afrique du Nord, p. 16. Pour les informations relatives au Liban, voir Understanding Masculinities : Results from the International Men and Gender Equality Survey (IMAGES) in Lebanon (Comprendre les masculinités : résultats de l’enquête internationale sur les hommes et l’égalité des sexes (IMAGES) au Liban), p. 77.
[3] United Nations Office on Drugs and Crime (2018). Global Study on Homicide 2018, p. 10.
[4] ONUDC (2016). Rapport mondial sur la traite des personnes 2016, p.7, 28.
[5] UNICEF (2018). Child Marriage: Latest Trends and Future Prospects (Les mariages d’enfants : dernières tendances et perspectives d’avenir), pp. 2 à 4 ; et UNICEF (2017). Is every child counted? Status of Data for Children in the SDGs (Chaque enfant est-il pris en compte ? L’état des données pour les enfants dans les ODD), p. 54.
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