Même âge à un jour près, même ville d'enfance, même longue carrière de joueur, et aujourd'hui, même succès comme sélectionneur. Tout unit les amis sénégalais Aliou Cissé et algérien Djamel Belmadi, mais un seul remportera la finale de la CAN, vendredi au Caire.
. Une formation française...
Au football, ça s'appelle un marquage serré: le technicien aux dreadlocks est né le 24 mars 1976 au Sénégal, et celui des Fennecs, le lendemain, à Champigny-sur-Marne. C'est dans cette ville de la banlieue parisienne, où Cissé a emménagé à l'âge de neuf ans, que les deux hommes ont forgé leur destin commun - mais sans se croiser adolescents.
"Nous deux, enfants de Champigny-sur-Marne (à ce niveau-là), c'est un truc de dingue. Cela a un goût particulier", reconnaît Belmadi. "C'est une vieille connaissance. Je le dis avec beaucoup de sympathie."
Mais quand le milieu offensif est parti se former au Paris SG, le défenseur a choisi Lille. S'ils n'ont jamais joué ensemble, ils se sont croisés sur les terrains de France qu'ils ont écumés pendant près de dix ans.
L'Algérien, alors à Marseille, doit notamment se souvenir de la victoire contre le PSG de Cissé en février 2001 en Championnat.
Avec près de 180 matches en L1 à eux deux, dans six clubs différents, les deux joueurs, également internationaux avec leurs pays respectifs, ont marqué la décennie 2000. Mais c'est en Afrique que leur héritage a pris une dimension supérieure.
.... mais un destin africain
Sur le terrain, Cissé, capitaine de l'équipe finaliste de la CAN-2002, a battu Belmadi 3-0 en 2001. Sur le banc, l'Algérien a pris sa revanche en Egypte en poules (1-0), en attendant la belle de vendredi.
Cette finale sera la première entre deux entraîneurs africains depuis 1998 entre l'Egypte de Mahmoud El-Gohary et l'Afrique du Sud de Jomo Sono, une statistique qui montre la difficulté de la tâche pour les coaches "issus du cru", selon l'expression du Sénégalais.
"C'est beaucoup plus compliqué quand on est local que quand on est expatrié. A nous (Africains) d'avoir confiance en nous, en nos fils, en nos entraîneurs. Petit à petit, la donne est en train de changer", a-t-il poursuivi.
"Jouer cette finale contre mon ami Cissé, c'est extraordinaire. C'est un bon message qu'on envoie à nos responsables du football en Afrique, c'est extraordinaire. Je connais Cissé et il fait du bon travail", a déclaré l'Algérien.
Cissé a construit son équipe depuis sa nomination en 2015, en la faisant progresser petit à petit: première Coupe du monde en 2018 après 16 ans d'absence, puis première finale de la CAN depuis 2002. Belmadi, arrivé en 2018, a lui hérité d'une situation instable, minée par la succession de cinq techniciens en deux ans.
. Deux parcours de coach différents
Les voilà désormais sur la même ligne, à quelques minutes du titre continental. Mais leur parcours de coach n'a pas été totalement identique: quand Cissé, animé par son désir de revanche après la finale 2002 perdue, n'a connu que le Sénégal comme entraîneur N.1, Belmadi est passé par huit ans au Qatar, avec notamment un passage à la tête de l'équipe nationale entre 2014 et 2015, avant d'arriver aux Fennecs.
"Cissé est entraîneur à l'image de sa carrière de joueur. C'est quelqu'un de très discipliné. Malgré son manque d'expérience dans le coaching, s'il a eu rapidement des résultats et une cohérence dans son travail, c'est aussi grâce à sa brillante carrière", a déclaré l'Algérien.
"Djamel est un grand tacticien, un très bon entraîneur. Il sait faire jouer son équipe comme il aime la faire jouer", lui a répondu le Sénégalais.
En Egypte, les deux formations n'ont pas pris la même route pour la finale: quand l'Algérie a plus impressionné par son jeu, le Sénégal s'est montré plus solide en défense. Vendredi soir, seul un pays arrivera à son but.
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