Le cancer de la prostate est passé au crible dans ce dossier de la rédaction. Nos confrères urologues et radiothérapeutes vous donneront les indications précises sur les options de traitements et leurs caractéristiques. La Société Luxembourgeoise d’Oncologie souhaite vous familiariser avec les options médicales.
Progrès dans le traitement du cancer de la prostate
Les formes avancés du cancer de la prostate étaient de mauvais pronostic
encore au début du 21ième siècle, avec peu d’options thérapeutiques à
notre disposition.
Ces dernières années des progrès considérables ont été réalisés dans le traitement du cancer de la prostate avec, en particulier, le développement de nouvelles molécules, de nouveaux médicaments de chimiothérapie, de nouveaux traitements hormonaux qui permettent de prolonger la survie et la qualité de vie des patients atteints d’un cancer de la prostate à un stade avancé.
Des traitements spécifiques, efficaces sur les métastases osseuses permettent une meilleure prise en charge des douleurs et diminuent les risques de fractures et d’autres complications (7, 8).
La prise en charge médicale du cancer de la prostate
Comme vous avez pu voir dans le chapitre précédent, Il existe de nombreuses façons de traiter les patients atteints d’un cancer de la prostate.
Le choix du traitement et sa prise en charge en fonction du stade précis de la maladie, vise à proposer le traitement le plus adapté, en tenant compte des différents facteurs parmi lesquels les caractéristiques du cancer de la prostate (taille et stade de la tumeur ainsi que l’agressivité du cancer [score de Gleason]), le taux de PSA, l’âge du patient et son état général (existence de maladies associées, antécédents médicaux) [1].
Traitement hormonal ou hormonothérapie
Le cancer de la prostate se développe sous l’influence des hormones sexuelles mâles, il est hormonosensible; cela signifie que la croissance des cellules cancéreuses et donc le développement de la tumeur sont stimulés par les hormones masculines appelées “androgènes”, dont la testostérone produite par les testicules (1).
Chez une personne souffrant d’un cancer de la prostate avancé, le traitement hormonal vise à diminuer voire à supprimer les effets stimulants des androgènes sur la tumeur. Le traitement hormonal, ou hormonothérapie, est un traitement qui inhibe (bloque) l’action stimulante des androgènes sur
le cancer de la prostate (1).
Cet effet peut être obtenu soit en supprimant la production d’androgènes, soit en ciblant le récepteur aux androgènes au niveau des cellules tumorales. Le traitement hormonal permet de bloquer le développement des cellules tumorales et donc la croissance de la tumeur (1).
Le traitement hormonal
Le traitement hormonal est le traitement de référence des formes avancées de cancer de la prostate, c’est-à-dire les cancers de la prostate avec métastases ganglionnaires et/ou métastases à distance (métastases osseuses, pulmonaires, etc.) [1]. Dans ces contextes, le traitement hormonal a pour objectif de ralentir la progression du cancer, d’augmenter la survie et de préserver la qualité de vie.
Il existe différents types de traitements hormonaux
Certains permettent de supprimer la production d’androgènes, notamment celle de la testostérone, et d’autres contrent l’action stimulante de ces hormones en bloquant directement le récepteur des androgènes au niveau des cellules prostatiques (1).
La suppression de la production d’androgènes et notamment de testosterone peut être obtenue en utilisant des médicaments réalisant une “ castration chimique” (1).
Ces traitements sont administrés à l’aide d’injections sous-cutanées ou intramusculaires (1). D’autres traitements qui sont de véritables anti-hormones, appelés aussi “antiandrogènes”, bloquent directement par différents mécanismes d’action, l’action des hormones masculines (androgènes) sur le récepteur aux androgènes (1).
À côté des analogues de la LH-RH qui nécessitent des injections sous-cutanées ou intramusculaires, il existe d’autres traitements hormonaux classiques (les anti-androgènes) ainsi que de nouvelles hormonothérapies qui se présentent sous la forme de comprimés (1).
En cas de progression de la maladie sous hormonothérapie, le traitement
hormonal ne doit pas être arrêté. Au vu des résultats de différentes études, il apparaît important de poursuivre le traitement hormonal suppressif en cas de résistance au blocage androgénique complet (castration + antiandrogène).
Même si un nouveau traitement doit alors être envisagé, les injections par un agoniste de la LH-RH seront maintenues, (les anti-androgènes, si utilisés auparavant, sont arrêtés) (9).
Il existe une nouvelle forme de traitement hormonal, qui est actuellement utilisé chez des patients avec une maladie en nouvelle progression après chimiothérapie. Elle s’administre sous forme orale (comprimés).
Cette première molécule bloque les récepteurs aux androgènes sur 3 sites (les glandes surrénales, les testicules et dans la tumeur elle même).
Chimiothérapie
Les traitements de chimiothérapie, qu’ils soient administrés par voie orale ou par voie intraveineuse, ont pour objectif de détruire les cellules cancéreuses (1).
Même si les chimiothérapies détruisent préférentiellement les cellules cancéreuses, elles touchent aussi les autres cellules de l’organisme, en particulier les globules blancs et rouges, et induisent de ce fait des effets indésirables plus ou moins importants selon les médicaments.
Plusieurs chimiothérapies indiquées dans le traitement du cancer de la prostate peuvent être administrées en ambulatoire par voie intraveineuse à l’aide d’une perfusion. Cela nécessite bien entendu que le patient se rende régulièrement à l’hôpital ou dans une clinique à un rythme défini, pour y recevoir son traitement de chimiothérapie pendant quelques heures (1, 10).
Une fois que le traitement par chimiothérapie est décidé, le cancérologue ou l’urologue organise et remet au patient un calendrier avec les dates et les lieux où se dérouleront les chimiothérapies (1, 10).
La chimiothérapie est administrée régulièrement au cours de cures, avec des perfusions qui durent habituellement 1 heure. Une période de repos sans traitement est nécessaire entre chaque cure pour que le patient puisse récupérer et afin qu’il soit en bon état de santé pour la cure suivante (1, 10).
Un examen clinique et une prise de sang sont réalisés avant chaque nouvelle séance pour s’assurer que l’état de santé général de la personne permette la poursuite de la chimiothérapie (1, 10).
Il peut arriver qu’une cure initialement prévue soit retardée, notamment en raison de la survenue d’un effet indésirable ne permettant pas la reprise de la chimiothérapie (par exemple, un taux de globules rouges ou de globules blancs trop bas dans le sang) [1, 10].
Il est possible, dans certaines circonstances, de décaler la chimiothérapie, d’en diminuer les doses ou de l’arrêter temporairement (1, 10). La durée de la chimiothérapie est variable selon les patients et dépend, entre autres, de l’efficacité du traitement et de la tolérance au traitement (1, 10).
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Pour éviter l’effet toxique des chimiothérapies sur les veines et les injections répétées à long terme, une chambre implantable (ou cathéter central ou site implantable) peut être posée avant le début du traitement, sous anesthésie locale (10). C’est un dispositif placé sous la peau et relié à une grosse veine centrale qui permet l’administration des traitements de chimiothérapie et qui reste en place pendant toute la durée de la chimiothérapie (10).
Les médicaments de chimiothérapie s’attaquent aux cellules cancéreuses mais aussi aux cellules saines de l’organisme, en particulier celles qui se divisent rapidement, comme les cellules du tube digestif, les cellules à l’origine des cheveux et des poils, les cellules de la reproduction et les cellules de la moëlle osseuse qui fabriquent les globules rouges, les
globules blancs et les plaquettes (10).
Les principaux effets indésirables de la chimiothérapie sont les nausées et les vomissements ainsi qu’une baisse du nombre des globules rouges et/ou des globules blancs dans le sang. Certaines chimiothérapies peuvent provoquer des troubles de la sensibilité au niveau des mains ou des pieds.
Toutes les chimiothérapies n’induisent pas systématiquement tous ces effets indésirables (10). Les effets indésirables observés avec la chimiothérapie surviennent avec une fréquence et une sévérité variables
selon les traitements utilisés, toutes les personnes ne réagissant pas de la même façon (9). L’absence d’effets indésirables ne signifie pas que la chimiothérapie n’est pas efficace (10).
Par ailleurs, beaucoup de progrès ont été accomplis pour améliorer le confort des patients traités par chimiothérapie. Certains effets indésirables peuvent être évités, voire atténués, grâce à des traitements de support ou à des mesures spécifiques (10).
De plus en plus d’études menées chez des patients âgés ayant un cancer montrent que la chimiothérapie est efficace et qu’elle peut être bien tolérée dès lors que certaines précautions sont prises avant et pendant le traitement (11): consultation gériatrique pour évaluer l’état de santé et les comorbidités du patient et vérifier son aptitude à recevoir le traitement, adaptation des doses et du rythme d’administration si c’est nécessaire, et prévention quand c’est possible d’un certain nombre d’effets indésirables (11).
Remarque : Essai clinique
Entrer dans un essai clinique, ou une étude clinique, est une option de traitement qui peut être proposée à un patient atteint d’un cancer de la prostate (6).
Très encadrés, les essais thérapeutiques destinés à
évaluer l’efficacité d’un nouveau traitement (nouvelle molécule, nouvelle indication, nouveau schéma de traitement, etc.) sont indispensables pour faire advancer la recherche (6).
Ils peuvent aussi représenter une chance pour un patient d’obtenir un traitement non (encore) disponible en général.
Participer à un essai clinique nécessite que le patient présente un certain nombre de critères (appelés “critères d’inclusion”) définis dans le protocole de l’étude (6).
Il existe pour chaque étude un protocole écrit très détaillé qui présente les critères d’inclusion des patients, les traitements proposés et les modalités du suivi (6).
Lorsqu’un patient remplit les critères définis par le protocole de l’étude, le médecin peut lui proposer d’entrer dans un essai clinique et lui explique précisément les modalités de l’étude.
À l’issue de cet entretien, si le patient donne son accord, il doit signer un consentement écrit conservé dans son dossier (6).
Il est important de savoir que participer à un essai clinique ne représente aucune perte de chance par rapport au traitement habituellement utilisé dans une même situation.
En revanche, cela peut permettre au patient de bénéficier d’un traitement innovant et/ou du suivi exigé par le protocole de l’étude (5).
À tout moment, le patient peut changer d’avis et se retirer de l’essai clinique sans avoir à se justifier (6).
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