Le réchauffement climatique est une réalité sensible depuis la fin du XXe siècle. Les dernières années (2014-2019) se révèlent par exemple les plus chaudes depuis plus d'un siècle. C’est sans précédent dans l’Histoire. Même l’optimum climatique du « beau Moyen Âge » (XIe-XIIIe siècles) étaient en-deçà des températures actuelles… Il faut remonter à 120 000 ans en arrière pour observer des températures comparables à celles du XXIe siècle et aux dernières glaciations, il y a 30 000 à 16 000 ans, pour observer des changements climatiques d’aussi grande ampleur qu’aujourd’hui.
Ce défi climatique a déjà suscité beaucoup de controverses et de gesticulations politiques. Elles sont restées jusqu'à ce jour sans résultat. Chaque avancée (par exemple dans la chasse aux CFC ou le développement de véhicules plus sobres) est plus que compensée par des facteurs aggravants comme l'extension des villes, l'artificialisation des sols, la croissance des transports ou encore l'exploitation des gaz de schiste.
Les canicules qui ont frappé l'hémisphère nord en 2018 et 2019 traduisent un risque d'emballement. Tout s'accélère. Les climatologues craignent maintenant plus que jamais des rétroactions positives telles que le réchauffement ne pourrait plus être ralenti : absorption accrue du rayonnement solaire par les eaux polaires du fait de la fonte de la banquise, accroissement des émissions de gaz carbonique par la libération du permafrost sibérien, saturation des océans en gaz carbonique etc.
Les scientifiques alertent l'opinion
En 1988, James Hansen a mis en évidence le fameux « effet de serre » et la relation entre le réchauffement de l'atmosphère et les émissions de gaz issues de la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz).
À partir de là, les études scientifiques collationnées par le GIEC (au sein de ce Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat sont représentés l'Europe, la Russie, la Chine, l'Arabie, les États-Unis...) ont laissé peu de doutes sur l'origine anthropique des émissions de gaz à effet de serre responsables de l'actuel réchauffement climatique (note).
Il a fallu toutefois attendre près de trois décennies pour que cette menace arrive au premier plan de l'actualité avec le film d’Al Gore, Une vérité qui dérange (2006), et des plaidoyers vibrants comme celui de Nicolas Hulot, Pour un pacte écologique (Calmann-Lévy, 2006). Là-dessus, patatras, en 2008, la crise des subprimes est arrivée ! Dans le même temps, les Étasuniens et les Canadiens se sont lancés avec fougue dans l'exploitation du pétrole de schiste et des schistes bitumineux. De la sorte, le prix du baril est passé de plus de 100 dollars à moins de 50 en 2017.
Il n'a plus été question de faire de l'écologie un impératif collectif et planétaire. Elle est devenue un sujet de débat parmi d'autres (inégalités, libre-échange…). Les partis écologistes eux-mêmes se sont trouvés mal à l'aise face au réchauffement climatique car ils voudraient le combattre en réduisant les émissions de gaz à effet de serre mais en même temps fermer les centrales nucléaires, ce qui revient à ouvrir des centrales thermiques, au charbon ou au gaz, génératrices de gaz à effet de serre !... La seule manière de dénouer cette contradiction consisterait à promouvoir une baisse générale des consommations énergétiques et l’on a vu que celle-ci passe impérativement par une forte taxation de toutes les énergies.
En attendant, les modèles prévisionnels des climatologues se trouvent dépassés par la réalité : en consumant plus vite que prévu les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), le boum des économies asiatiques bouleverse tous les pronostics des scientifiques (la Chine est devenue en 2009 le premier émetteur de gaz à effet de serre devant les États-Unis).
La machine climatique est peut-être déjà en train de s'emballer comme le montre la fonte accélérée du permafrost sibérien, de la banquise et des glaces du Groenland et de l'Antarctique. Sans parler des anomalies climatiques comme la multiplication des ouragans et des périodes caniculaires.
Aucun scientifique n'imaginait il y a vingt ans que ces phénomènes pussent se produire avant un siècle. Maintenant, certains se demandent s'il ne faudra pas en passer par la chirurgie lourde pour sauver notre écosystème : par exemple l'immersion de fer dans les océans pour accélérer la croissance du phytoplancton et piéger ainsi le gaz carbonique, la culture massive de colza qui serait ensuite lyophilisé et enfoui dans le sous-sol pour recréer le charbon que nous avons brûlé (!), voire l'envoi de grandes quantités de soufre dans la haute atmosphère pour réfléchir la lumière du soleil ! Autant de solutions périlleuses qui reviendraient à placer la Terre sous assistance respiratoire permanente.
Les causes du réchauffement climatique
• 1) Au vu du tableau ci-après, les gaz à effet de serre à l'origine du réchauffement actuel sont émis en premier lieu par les transports (automobile et avion) autour desquels s'est organisé le mode de vie contemporain, en deuxième lieu par l’agriculture.
Ces gaz à effet de serre viennent de la combustion du carbone fossile (charbon, gaz, pétrole, schistes). Les techniques actuelles permettent d'obtenir de cette façon de l'énergie à un coût très bas, d'où l'usage inconsidéré qui en est fait, sans considération des dégâts pour la planète.
Notons que si une technique encore plus avantageuse permettait de produire de l'énergie à partir de l'oxygène de l'air, nul doute qu'il se trouverait des lobbies pour justifier la décomposition de l'air au risque de nous priver d'atmosphère à moyen terme !...
• 2) Nos sociétés postindustrielles agissent en prédatrices. Elles épuisent les ressources naturelles du sol et du sous-sol, dévastent les forêts primaires et les sols arables, exterminent la faune sauvage des forêts et des océans sans leur laisser le temps de se régénérer.
Elles gaspillent les ressources de la planète pour leur satisfaction immédiate, sans se soucier (et pour cause) des générations futures. Elles représentent au total moins de deux milliards d'humains sur près de huit milliards et se caractérisent par une très faible fécondité (moins de deux enfants par femme). Ces sociétés, qui semblent résignées à briser la chaîne des générations et disparaître, pourraient reprendre à leur compte l'expression attribuée à la Pompadour : « Après nous le déluge ! ».
• 3) Les paysans du tiers monde (Brésil, Asie du Sud-Est, Afrique équatoriale...) ont leur part dans la dégradation de l'environnement.
À la différence des anciens paysans chinois ou européens, ils pratiquent une agriculture itinérante sur brûlis pour un profit dérisoire et par manque de savoir-faire et il est possible que celle-ci contribue à l’effet de serre (note). D'autres détruisent les forêts primaires afin de vendre les essences rares, planter des palmiers à huile ou exploiter le minerai du sous-sol, pour le seul bénéfice de quelques compagnies sans scrupules.
C'est l'ignorance et la soumission aux multinationales qui poussent des paysans à brûler les dernières forêts primaires au Brésil, à Madagascar, Haïti ou Bornéo. Sait-on que 80% du charbon de bois que brûlent les ménages français dans leurs barbecues dominicaux vient d'Afrique subsaharienne ?
Les transports et l'industrie, principaux coupables
Le graphique ci-après décrit la répartition des émissions de gaz à effet de serre dans les 28 États de l'Union européenne en 2014. On observe la part prédominante des industries de l'énergie (production d'électricité) ainsi que des transports (automobiles, avions, bateaux). Le fret maritime intercontinental n'est pas ici pris en compte.
ressort des chiffres clé du climat (France et monde, 2017) que l'objectif de diviser par quatre les émissions de carbone ne peut s'obtenir sans de sévères économies d'énergie et une remise en cause des postes tertiaire et résidentiel et transports.
Dans les faits, nous en prenons la direction opposée, dans l'illusion d'étendre à l'ensemble de l'humanité notre vision du confort : une voiture par adulte, pas de logement sans climatisation, des vacances en avion aux antipodes etc. La Chine et l'Asie du sud ayant, après l'Europe, adopté cet anti-modèle de développement, nous assistons à un emballement de tous les indicateurs écologiques.
Jamais à court de tromperie, industriels et lobbies en quête de profits nous font croire à une conversion quasi-complète de nos sociétés à des énergies « propres » avant l'inéluctable, soit d'ici le milieu du XXIe siècle ! Ainsi pourrions-nous poursuivre notre rêve sans souci de quoi que ce soit. Mais qui peut sérieusement le croire ? Le miracle est hors de portée, ne serait-ce qu'en raison de nos difficultés à stocker l'énergie produite par le vent ou le soleil. L'industrialisation des batteries, toute entière passée aux mains de la Chine, est encore très loin de répondre aux attentes et il s'écoulera au minimum plusieurs décennies avant que soient généralisées les énergies renouvelables.
D'ici là, avec une hausse moyenne des températures très probablement supérieure à 3°C, l'humanité aura basculé dans un autre univers. À moins d'avoir fait le choix d'un autre modèle de société...
Les conséquences
'ici dix ou vingt ans, si l'on en croit les experts, peut-être sera-t-il trop tard pour enrayer le réchauffement climatique ou du moins s'y adapter sans trop d'à-coups.
En attendant, ses conséquences pourraient, à l'échelle de la planète, se révéler plus dramatiques que les dernières guerres mondiales : sécheresses et famines, migrations massives, crises économiques et conflits, maladies liées aux pollutions (note).
Des groupes de travail, en France et dans le reste du monde, estiment que, pour contenir la catastrophe et limiter l'élévation moyenne de la température à 2°C d'ici 2050, il faudrait dans un pays comme la France rapidement diviser par quatre le total des émissions de carbone. Pareil objectif implique non des incantations pieuses et des forums à grand spectacle mais une politique déterminée et audacieuse, celle-là même que nous avons détaillé dans les chapitres précédents.
Publié ou mis à jour le : 2019-10-04 11:03:24
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