Décès en garde à vue de François Mancabou est une triste et pitoyable de tragédie constatée dans un pays classé parmi les bons élèves en démocratie en Afrique et partout ailleurs. Le Sénégal est englouti depuis des décennies dans la pente dangereuse du communautarisme.
Décès en garde à vue de François Mancabou, une pente dangereuse du communautarisme au Sénégal
‘’La communauté Mancagne demande la lumière sur la mort de son fils’’, ‘’la communauté mancagne réclame justice’’.
En voilà quelques titres dans la presse quotidienne ou en ligne, suite à une conférence de presse animée par cette communauté après le décès en garde à vue de François Mancabou.
Durant cette conférence de presse, certains qui ont eu à prendre la parole ont rappelé que ‘’François Mancabou est un Sénégalais à part entière’’, ‘’un fils digne de la République’’.
C’est justement ce qu’il fallait retenir de lui, et non le fait qu’il soit Mancagne. Voir la communauté d’appartenance de Mancabou réclamer justice devait faire tiquer au Sénégal, pays de Léopold Sédar Senghor.
On peut tout reprocher au président poète, sauf d’avoir réussi à bâtir une nation où on se reconnaît d’abord comme citoyen.
La police et la gendarmerie ont fait beaucoup de victimes
Or, depuis un certain temps, cette unité est en train de se fissurer, le ciment social se désintègre progressivement. La police et la gendarmerie ont fait beaucoup de victimes.
Les brigades et commissariats ne sont peut être pas des lieux systématiques de tortures (ce qui serait grave), mais on y pratique indéniablement la torture, parfois à l’excès.
Abdoulaye Faye, présumé complice de Boy Djinné, Elimane Touré, Seck Ndiaye sont tous morts en garde à vue. Sans oublier Malick Ba, tué à Sangalkam.
Mais avec toutes ces victimes, on n’a jamais vu une communauté se lever pour réclamer justice.
Quand un Faye, Diallo, Bodian ou Ndao meurt en détention, il ne s’agit pas d’un sérère, d’un halpulaar, d’un diola ou d’un wolof, mais bien d’un citoyen sénégalais.
Certes, le fait que François Mancabou soit un prince lui confère sans doute un statut particulier aux yeux des Mancagnes, mais ce n’est certainement pas une raison de mettre en avant la communauté d’appartenance.
Cette réalité date de l’arrivée de Macky Sall au pouvoir
Malheureusement, depuis quelques années, le Sénégal joue avec le feu dangereux du communautarisme.
Cette réalité date de l’arrivée de Macky Sall au pouvoir (il faut oser le dire), avec le fameux ‘’neddo ko bandunisme’’ conceptualisé par le sociologue, Pr Malick Ndiaye.
Dans l’histoire politique du Sénégal, chaque leader est toujours identifié à une région où il a sa base affective. Mais cela n’a débouché ni sur du régionalisme encore moins de l’ethnicisme.
Si cette tradition était respectée, Macky Sall serait identifié à Fatick, comme Moustapha Niass l’a été pour Kaolack, Idrissa Seck pour Thiès ou Abdoulaye Baldé ou Robert Sagna pour Ziguinchor.
Mais l’actuel locataire du palais a activé la fibre ethnique dès son arrivée pour se faire une autre base dans le Fouta, son ‘’titre foncier’’.
La montée en puissance du leader du Pastef Ousmane Sonko n’est pas de nature à arranger les choses. Il y a une sorte de rivalité entre le Nord et le Sud que les deux camps veulent instituer.
De part et d’autre, on tire sur la corde au point de vouloir réveiller les vieux démons de la rébellion.
Pourtant, du président Abdou Diouf à maintenant, aucun chef d’Etat n’a réussi plus que Macky Sall à instaurer la paix en Casamance.
La combinaison entre opérations militaires, négociations et investissements en Casamance a donné jusqu’ici des résultats appréciables.
Tout brûler pour éliminer un opposant, Ousmane Sonko en l’occurrence
Mais subitement, ce même pouvoir donne l’impression d’être prêt à tout brûler pour éliminer un opposant, Ousmane Sonko en l’occurrence.
Par le biais de responsables de l’Apr et du procureur, le régime met tout en œuvre pour prouver les liens entre le ‘’rebelle’’ Ousmane Sonko et la rébellion en Casamance.
Ce dernier n’est pas indemne de reproche lorsqu’il affirme que »Macky Sall n’aime pas la Casamance », soufflant ainsi sur les braises du séparatisme.
Avant lui, Barthélémy Dias a affirmé que Guy Marius Sagna était resté en prison simplement parce qu’il est chrétien.
A ce rythme, on ne devrait pas être surpris demain de voir les mourides, tidianes ou layènes réclamer la sortie de prison d’un détenu sous prétexte qu’il est membre de la communauté.
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Ces quelques exemples d’une liste non-exhaustive sont la preuve que la pirogue de la téranga est en train de tanguer dangereusement sous la vague du communautarisme. Il est temps de se ressaisir avant qu’il ne soit trop tard.
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