La Guinée-Bissau se retrouve avec deux présidents rivaux. Le camp du candidat donné battu à la présidentielle en Guinée-Bissau par la commission électorale a désigné vendredi soir un “président intérimaire”, au lendemain de la prise de fonctions, qu’il juge illégitime, d’Umaro Sissoco Embalo, issu de l’opposition.
Cinquante-deux députés, membres du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) et de formations alliées, ont tenu une sessions spéciale au cours de laquelle ils ont “constaté la vacance du pouvoir”, a rapporté un correspondant de l’AFP.
Jeudi, Umaro Sissoco Embalo, issu de l’opposition, s’est fait investir président, avec l’aval du président sortant, José Mario Vaz, et malgré la contestation persistante autour du résultat du scrutin dans ce pays d’Afrique de l’Ouest à l’histoire politique tumultueuse.
M. Embalo a ensuite, vendredi en fin d’après-midi, démis le Premier ministre (PAIGC) Aristides Gomes et nommé à sa place un de ses partisans, Nuno Gomes Nabiam, candidat malheureux à la présidentielle qui l’avait rallié entre les deux tours.
Les députés fidèles au PAIGC ont dès lors décidé, “pour combler ce vide”, la nomination d’un “président intérimaire”.
La Guinée-Bissau vit le cauchemar
Ils ont choisi le président de l’Assemblée nationale, Cipriano Cassama, membre du PAIGC, qui domine la vie politique de la Guinée-Bissau, cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.
M. Cassama devrait s’adresser à la Nation samedi, selon ses proches.
Le Premier ministre démis par M. Embalo, Aristides Gomes, reconnu par la communauté internationale, a dénoncé l’investiture de M. Embalo comme une tentative de “coup d’Etat” de la part de M. Embalo, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest qui en est coutumier.
Des militaires occupaient dans la soirée la plupart des institutions du pays, dont les bureaux du chef du gouvernement et des ministères, a constaté le correspondant de l’AFP, sans que l’on sache précisément dans quel camp elle se situe.
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Elle agit de la sorte pour “garantir la stabilité et la paix, contrôler les institutions de manière à éviter d‘éventuels troubles à l’ordre public”, a indiqué à l’AFP un officier s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.
M. Embalo, ancien général, ex-Premier ministre, a été donné vainqueur par la commission nationale électorale avec 53,55% des voix, contre 46,45% pour Domingos Simoes Pereira, président du PAIGC.
M. Pereira et le PAIGC, dénonçant des fraudes, réclament qu’on recompte les bulletins et s’en remettent à une décision finale de la Cour suprême.
M. Embalo, 47 ans, estime que la décision n’appartient pas à la Cour suprême et fait valoir que la commission électorale, sommée par la Cour suprême de vérifier les résultats, les a confirmés à plusieurs reprises et a choisi de passer outre à l’arrêt attendu.
AFP
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