C’est un rituel qui a lieu tous les cinq ans en Chine. Ce dimanche, le parti communiste chinois se réunit en Congrès pendant une semaine. C’est le 20e congrès du parti, et il devrait aboutir à la réélection de Xi Jinping au poste de secrétaire général et par la suite à un troisième mandat de président pour celui qui concentre depuis dix ans quasiment tous les pouvoirs en Chine.
Mais si le troisième mandat de Xi Jinping ne fait guère de doute, le Parti communiste chinois ne laissant rien au hasard, “le monde pourra au moins voir dans la future composition de l’équipe dirigeante des indicateurs sur la direction que la Chine pourrait prendre ces prochaines années”, résume dans un éditorial un journaliste de la rédaction en mandarin de la DW.
Isolationnisme ou ouverture et intégration dans la mondialisation, dont la Chine a été l’un des principaux bénéficiaires ?
Le ton et le contenu du discours de la semaine prochaine du président chinois devant les 2.300 délégués au Palais du peuple sera également décortiqué.
Au pouvoir depuis dix ans, Xi Jinping n'a aucun adversaire en mesure de remettre son leadership en question
Les dix ans de règne de Xi Jinping ont été marqués par un nationalisme à toute épreuve, nourri au discours d’un Occident en déclin. Il y a eu les démonstrations de force militaire aux portes de Hong Kong et au large de Taïwan, le retour des entreprises publiques, le refus de la Chine d’importer des vaccins occidentaux et de laisser l’OMS enquêter sur son sol pendant la pandémie de coronavirus.
Contrôle et concentration du pouvoir
Une pandémie pendant laquelle la Chine a fourni des masques de protection au monde entier. Xi Jinping en a profité pour faire tourner la machine à propagande, en vantant le système et la résistance de la Chine, où l’on ne compte officiellement qu’un peu plus de 5.000 morts.
Reste que les conséquences pour l’économie sont toujours là : fini les croissances à deux chiffres, la Chine devrait même passer sous la moyenne de croissance des autres pays asiatiques cette année.
La politique de zéro-Covid aura marqué le second mandat de Xi Jinping et exacerbé encore plus le contrôle social exercé sur la population.
Le Big Brother version chinoise récolte les données personnelles grâce aux nouvelles technologies, les réseaux sociaux et les messageries en ligne sont scrutés de près et censurés en cas de voix discordantes, le pays compterait 370 caméras de vidéosurveillance pour 1.000 habitants.
Xi Jinping, c’est aussi un culte de la personnalité et une concentration sans précédent du pouvoir.
Il a placé et parachuté ses proches à la tête des provinces chinoises et contrôle l’armée qu’il a considérablement renforcée.
Il a balayé ses adversaires, notamment en profitant d’une vaste campagne de lutte contre la corruption, entamée dès le début de son premier mandat, que ce soit au sein de la police, mais aussi par une purge au sein du parti communiste.
Plus d’un million de cadres ont été condamnés.
"Il n’y a chez lui pas une once de démocratie", avait commenté le président américain Joe Biden, qui connaît bien Xi Jinping, du temps lorsque les deux hommes étaient encore chacun vice-président.
Absence de nouvelle génération
Le style autoritaire du secrétaire général ne ferait toutefois pas l’unanimité au sein des différentes factions du parti, “mais personne n’ose défier Xi Jinping dans les conditions actuelles”, estime encore l’éditorialiste de la DW.
Le parti communiste chinois avait l’habitude de placer dans le comité permanent de son bureau politique de potentiels espoirs capables de prendre la relève.
Xi Jinping avait lui-même fait son entrée dans ce cercle du pouvoir lorsqu’il avait 54 ans.
Mais aujourd’hui, aucun renouvellement de génération ne se dégage. Xi Jinping, 69 ans, rempilera donc sans surprise pour un troisième mandat de cinq ans, alors que la règle non écrite du parti communiste veut que l’on prenne sa retraite politique à 68 ans.