Diplomatie atteinte de Covid-19 ? Le Bénin ferme ses Ambassades à Genève, Addis Abeba, Bruxelles… Dès samedi 31 juillet, le Gouvernement béninois ferme près de 19 ambassades et consulats à travers le monde.
Des observateurs se disent très « étonnés » et » surpris » par cette décision notamment en ce qui concerne la fermeture de représentations dans des capitales du multilatérisme alors que la contribution du Bénin notamment à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est largement appréciée. Une folle audace ou une rupture salutaire?
La nouvelle carte diplomatique dessinée par le gouvernement de Cotonou, à partir du 31 juillet, se veut « une option de rationalisation du personnel », « un allègement et un renforcement » de la diplomatie béninoise justifie Aurelien Agbénonci le Ministère des Affaires étrangères et de la coopération.
« On ne peut pas utiliser les ressources du XVIIème siècle pour affronter le XXIème siècle » a -t- il expliqué aux médias locaux.
A Genève, le Bénino-Suisse Laurent Jimaja, premier Maire Noir de la commune de Grand Saconnex, explique au « Soleil » de Dakar son » étonnement » même s’il dit respecter la volonté de son pas d’origine. Il nous confiera: « On ne fait pas de la diplomatie à distance.
Parfois, au delà des tables de négociation, se serrer des mains, partager un repas, échanger un regard avec son interlocuteur ont permis de dénouer des crises difficiles ou de faciliter de bons accords ».
La diaspora béninoise, près de 600 en Suisse, avait d’ailleurs essayé de faire infléchir la décision du gouvernement de rupture du président Talon, en vain !
Les cent mille Béninois du Gabon aussi concernés par la fermeture de leur Consulat n’ont pas eu plus de succès malgré leur activisme très respectueux des institutions de leur pays.
Bénin ferme ses Ambassades à Genève, Addis Abeba, Bruxelles…
Beaucoup se demandent qui s’occupera de leur sort, pour leurs documents consulaires, d’éventuels problèmes dans leur pays d’accueil? » Nous aurons des ambassadeurs non-résidents, qui, à partir de Cotonou, avec les moyens, opéreront et seront accrédités auprès de certains pays.
C’est une modernisation de l’outil. On ne peut pas baser notre diplomatie sur des dogmes qui sont dépassés et sur des modes de représentation qui ne sont plus efficaces » répond le ministre.
Ce dernier qui a été représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l’ONU en Centrafrique, surprend aussi à Genève où l’on se demande comment un ancien haut fonctionnaire des Nations Unies peut-il affaiblir ainsi le multilatéralisme?
Dans un autre registre, Dr. Eloi Laourou l’Ambassadeur du Bénin a du renoncer, en fonctionnaire compétent discipliné, à sa candidature pour la direction de l’OMC alors qu’il avait toutes les cartes en mains pour devenir le premier Africain DG de cette importante institution qui réglemente le commerce international.
« À l’heure où le multilatéralisme est en crise, c’est devenu quasiment une nécessité vitale de garantir la représentation diplomatique africaine à Genève. Cette dernière est un creuset de la coopération multilatérale et le centre des affaires internationales.
Peut-on aujourd’hui se permettre en tant que pays africain de ne pas être présent dans les discussions sur la gestion du COVID-19 au sein de l’OMS? Peut-on se passer d’être présent dans les négociations au sein de l’OMC, lorsque l’on sait ce que représente le commerce international pour le développement durable des nations africaines? », s’interroge Makane Moïse Mbengue, professeur de Droit international à l’Université de Genève.
Le très brillant enseignant qui reconnait les difficultés que peuvent avoir certains Etats sur les plans financier et économique conseille judicieusement : est du reste catégorique: » il est encore plus important aujourd’hui qu’hier de maintenir nos représentations diplomatiques à Genève » et de marteler « La voix africaine doit compter dans le multilatéralisme de demain. Et pour cela nous avons besoin que chacun des pays africains continue à inspirer le façonnement des politiques internationales à Genève ».
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Reste à savoir si le Bénin, souverainement, va revoir sa carte étant donné que la présence de missions diplomatiques africaines à Genève, notamment, est essentielle pour la défense et la préservation des intérêts des pays africains sur la scène multilatérale ou si son audace fera des émules dans le continent premier?
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