La star de la gymnastique américaine Simone Biles, quadruple championne olympique, a ajouté lundi son nom à la longue liste des athlètes affirmant avoir été abusées sexuellement par Larry Nassar, l’ancien médecin emblématique de l’équipe américaine.
« La plupart d’entre vous me connaissent comme une jeune femme heureuse, souriante et pleine de vitalité, a écrit Simone Biles, 20 ans, sur son compte Twitter. Mais récemment, je me suis sentie un peu brisée et plus j’essayais de faire taire la voix dans ma tête, plus elle résonnait. Je n’ai plus peur désormais de raconter mon histoire ».
« Moi aussi, je suis l’une des nombreuses personnes à avoir été abusées sexuellement par Larry Nassar », ajoute celle qui a été sacrée aux JO de Rio-2016 au concours général individuel et par équipes, au saut de cheval, et au sol et qui compte également dix titres mondiaux.
Le praticien de 54 ans, condamné début décembre à 60 ans de prison pour détention de matériel pédopornographique, sera jugé en janvier dans le volet principal de l’affaire qui concerne des accusations d’agressions sexuelles pour lesquelles il a plaidé coupable.
Il risque la prison à perpétuité. Au total, plus d’une centaine d’accusations d’agressions sexuelles visant des jeunes filles, dont des athlètes olympiques, ont été portées contre lui.
– ‘Inacceptable, dégoûtant et abusif’ –
Après s’être accordé depuis son triomphe à Rio quinze mois sabbatiques, Simone Biles est revenue à l’entraînement en novembre dernier, dans la perspective de disputer les Mondiaux-2018, fin octobre début novembre à Doha, et celle plus lointaine de défendre son titre au concours général aux jeux Olympiques de Tokyo en 2020.
« Il est incroyablement difficile de revivre ces expériences et cela me brise encore plus le cœur de penser que, dans mon rêve de concourir à Tokyo 2020, je devrai sans cesse retourner dans le même centre de formation où j’ai été maltraitée », explique-t-elle.
« Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles j’ai hésité à partager mon histoire, mais je sais maintenant que ce n’est pas de ma faute », poursuit encore la gymnaste. « Il n’est pas normal de recevoir un tel traitement de la part d’un médecin de confiance ».
« Ce comportement est complètement inacceptable, dégoûtant et abusif, surtout venant de quelqu’un à qui l’on m’a dit de faire confiance », a poursuivi Simone Biles.
« Depuis trop longtemps, je me suis demandé si j’étais trop naïve, si c’était de ma faute. Je connais maintenant la réponse à ces questions. Non, ce n’était pas de ma faute. Non, je ne vais pas et ne devrai pas porter la culpabilité qui appartient à Larry Nassar, à la Fédération américaine et à d’autres ».
– Massages, prétextes aux attouchements –
A la suite de ces révélations, la Fédération américaine de gymnastique (USA Gymnastics) a publié un communiqué dans lequel l’instance se dit « absolument navrée, désolée et en colère que Simone Biles et d’autres de nos athlètes aient été blessées par les actes horribles de Larry Nassar ».
USA Gymnastics assure en outre sa volonté de soutenir ses athlètes et lutter « chaque jour pour leur sécurité ».
L’ostéopathe avait intégré l’encadrement médical d’USA Gymnastics en 1986, avant d’être nommé coordinateur médical national dix ans plus tard, jusqu’en 2015.
En 1997, il avait en parallèle rejoint la clinique sportive de l’Université du Michigan (MSU).
Ses victimes avaient moins de 15 ans lors des agressions qui se sont déroulées de 1998 à 2015. Le médecin se livrait à des attouchements sur les jeunes filles en prétextant des massages pour soigner des blessures au dos ou aux hanches.
Outre Simone Biles, Aly Raisman, McKayla Maroney et Gabby Douglas, toutes trois également médaillées d’or olympiques, ont affirmé avoir été agressées sexuellement par le Dr. Nassar.
Elles avaient décidé de s’exprimer publiquement après la cascade mondiale de révélations d’abus sexuels déclenchée par l’affaire Weinstein.